La liberté confisquée : Chapitre 10

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Nous vivons dans le capitalisme. Son pouvoir paraît inévitable. Il en allait de même du droit divin des rois.

Ursula K. Le Guin

Avant que tu ne tires sur ce fil d’or, je dois te faire une confidence… Lors de mon premier jet, précisément, à ce chapitre, j’ai failli ne pas poursuivre l’écriture de ce livre. Quand j’ai réalisé l’immensité du pouvoir, la profondeur de la structure et la portée du système qui nous asservit, je suis passé par tous les états.

Face à cette cage, j’ai soudainement trouvé dans ma boule de laine un nœud impossible à défaire. Je me suis senti minuscule, cerné de tous les côtés, comme si la partie était déjà jouée. Comme si je n’avais aucun cheminement intellectuel valable pour trouver la sortie, un peu de lumière. Et je n’aurais pas souhaité publier un livre qui n’apporte aucune solution.

J’estime que se contenter d’un diagnostic, c’est se satisfaire d’une demi-réponse. Pire, c’est entrenir une forme de désespérance. Après tout, on n’a pas déroulé des mètres et des mètres de laine dans ta cuisine pour soupirer que « tout est foutu… ».

Il est vital que je t’explique comment j’ai trouvé le fil lumineux que tu tiens à présent entre tes doigts. Car je veux t’offrir la même bouffée d’oxygène que celle que j’ai connue en découvrant ce tissage doré pour la première fois.

Il m’a fallu, dans un premier temps, sécher mes larmes et regarder autour de moi, observer le sujet d’une manière lucide et à 360°. Pourquoi ? Pour tenter de déceler les derniers compartiments encore libres de notre existence conditionnée… Et pour l’explorer, j’avais besoin de retrouver ma plume, l’espace de quelques pages. Pour me replonger dans cette poésie au vitriol que j’affectione, parce qu’elle parle vrai.

Au niveau économique, quand on te dit « liberté », on te montre une carte bleue. On t’explique que le choix, c’est l’étalage : plus il y a de rayons, plus tu es libre. Sauf que derrière l’étiquette promo il y a la laisse du crédit, et derrière la laisse, la petite angoisse en fin de mois. Tu crois ouvrir tes ailes, tu signes juste pour une mensualité. Dans un monde où « avoir » c’est « réussir », on n’est pas libres d’être qui on veut, on est juste autorisés à acheter. La nuance est mortelle.

Même piège avec le temps. On a troqué le soleil et la lune pour un chrono et des  indicateurs clé de performance. La semaine avale ton printemps intérieur et te rend un dimanche soir anxieux.  Il faut optimiser, densifier, surpasser, toujours. Celui qui s’arrête pour regarder pousser un arbre a l’air suspect. Celui qui médite n’est « pas sérieux ». On te vante la liberté d’organiser ton agenda, mais ton agenda appartient à la machine depuis bien longtemps. La vraie insoumission, aujourd’hui, c’est le luxe de t’offrir parfois une sieste.

Puis on a rapetissé l’humain à sa chimie. Ton droit de bouger, de travailler, de respirer est tamponné par un statut biologique, un QR code, un voyant vert. Tu deviens un état de santé qui s’actualise. Un corps-machine à piloter. On te mesure, on te scanne, on te valide. Où est passée ta dignité nue, celle qui n’a besoin de se justifier devant aucune borne ? C’est simple… on l’a remplacée par un protocole. Moins risqué, plus rentable.

Et comme si ça ne suffisait pas, on a médicalisé les vagues de la vie. La chimie a fait son entrée en scène, massive, polie, remboursée. Des pilules pour dormir, des pilules pour tenir, des pilules pour oublier que tu es vivant. La France carbure aux psychotropes comme on carbure au café : par réflexe.

La tristesse ne doit plus te traverser, elle se traite. L’agitation d’un enfant devient un trouble à corriger, il est forcémement « dys » quelque chose. Vieillir est devenue une défaillance, plus un art. Tout ce que la sagesse appelait « passages » se transforme en « marchés ». Tu ne peux plus être humain sans ordonnance, ni mûrir sans ton pilulier. Et si tu refuses ? Tu « manques de responsabilité ». Le nouveau blasphème…

Regarde la Terre, elle est réduite à une sorte de réserve à extraire, à optimiser et à rentabiliser. On a des forêts en colonnes de chiffres, des océans en gisements, des sols en supports. Si tu rappelles tout haut que tout ça est vivant, on te range du côté des « anti-progrès ». Comme si renier la Nature, c’était bénir l’intelligence sur le sacrosaint               autel de la science. Pourtant la maison brûle et on t’invite à choisir la couleur des rideaux. Le progrès sans âme est juste une roue qui accélère dans la boue.

Et notre imaginaire ? Parlons-en… Quand ce n’est pas la dystopie vendue en boucle par Hollywood à base de fin du monde, de robots tyrans ou de villes dévastées, c’est la pub qui te murmure « tu seras heureux en 48h, la livraison est gratuite ». Deux directions, aucun horizon.

On te prive du tiers-lieu mental. Ce royaume des possibles où se trouve en toi la graine des utopies sobres, des alternatives qui respirent autrement. Coloniser l’imaginaire à coup de séries Netflix, c’est plus efficace que de censurer un livre. Comme ça, tu n’as même plus l’idée qu’un autre récit puisse exister. Le mécanisme est bête et puissant, parce que notre cerveau marche à l’image. On tend vers ce qu’on visualise. Si on ne te donne que du chaos et des paniers d’achats, tu iras vers le chaos en portant tes sacs de shopping. C’est aussi simple que ça.

Au fond, tout se tient. Tout est cohérent. Une vision du monde plate comme une table d’opération. Tu es ton corps. Ton but, c’est de produire et de consommer. Tes émotions sont des bugs. La nature est un stock. Ça coche des cases dans des putains de formulaires, ça fait tourner les courbes et alimente des graphiques, ça étouffe l’âme.

C’est à ce moment précis qu’une première tentation, terriblement humaine, m’a traversé l’esprit. Je voulais trouver à tout prix un pays pour vivre loin de cette folie. Tire sur ce fil avec moi, histoire de faire le tour des refuges vers lesquels se carapater avant que tout ça devienne ingérable…

Il nous faut en premier lieu identifier les (rares) candidats qui ne permettent pas, pour l’instant, la fameuse interopérabilité que l’Europe appelle de ses vœux.

Je vais être très clair, à moins de changer de planète, aucune contrée n’est vraiment hors de portée du système, surtout à long terme. Il y a juste, ici et là, des contre-pouvoirs utiles et une ligne de temps qui empêche la matrice de tout engloutir à vitesse grand V pour l’instant.

Il faut donc cibler des pays où, à date, il n’existe aucun portefeuille national « fourre-tout ». Des région du monde où la fusion identité numérique, moyens de paiement et attestations santé (et ou carbone) n’est pas en place. Des territoires où aucune monnaie numérique de banque centrale n’est véritablement lancée.

Pas facile de trouver la « Terre promise », parce que 91 % des banques centrales explorent au moins un volet de monnaie numérique de banque centrale (CBDC).

Pour couronner le tout, beaucoup de pays sans CBDC avancée ont déjà des identités numériques fortes (e-ID) et/ou un enregistrement obligatoire pour les détenteurs de cartes SIM. Ce qui est, de fait, une fusion entre le volet « réseaux » et « identité ».

L’idée est donc de viser des juridictions qui réunissent plusieurs conditions. Primo, là où il n’y a pas d’ID nationale centralisée. Secondo, là ou la CBDC de détail est refusée ou gelée. Tercio, là où la biométrie et l’IA sont fortement encadrées. Et, cerise sur le gâteau, là où  la fragmentation institutionnelle (référendums, fédéralisme, municipalités) offre de vrais contre-pouvoirs pour freiner le rouleau compresseur.

On commence avec la Suisse qui joue sur tout un autre tempo que l’Europe. Ici, le peuple a déjà dégommé une première loi e-ID en 2021 pour des raisons de confidentialité, et il vote de nouveau le 28 septembre 2025 sur une version étatique, plus protectrice. Traduction, tout progrès numérique passe par le couperet référendaire. Ce qui ralentit mécaniquement les emballements technocratiques des européistes hystériques.

Edit : A l’heure de mes relectures, le peuple suisse a accepté de justesse la nouvelle loi sur l’identité électronique (e-ID), avec 50,4 % de oui.

Le résultat a été très serré, avec un écart d’environ 21 000 voix, et seulement huit cantons ont approuvé le texte : Zurich, Genève, Vaud, Fribourg, Lucerne, Zoug, Bâle-Ville et le Tessin

Ce vote marque un retournement par rapport au rejet de 2021. C’est dire à quel point la liste des refuges que je tente d’établir est « fragile »…

Côté monnaie, la Banque nationale Suisse ne propose pas de version numérique à destination du grand public. Elle préfère pour l’instant tester ce type de monnaie seulement entre banques, ce qui signifie qu’on a le temps avant d’avoir des portefeuilles numériques programmables pour les particuliers.

Si tu regardes vers l’Ouest, et même si ça paraît contre-intuitif, les États-Unis présentent une configuration qui, aujourd’hui, protège encore un peu. Il n’y a pas véritablement de carte d’identité nationale (le « REAL ID » sert surtout pour le moment aux vols et aux accès fédéraux).

Le Département de la Sécurité intérieure le dit noir sur blanc : « REAL ID est un ensemble national de normes, pas une carte d’identité nationale. REAL ID ne crée pas de base de données fédérale ; chaque État garde ses propres fichiers et contrôle les accès. »

Chez l’oncle Sam, il est donc impossible pour l’instant de coller à tout le monde un super-portefeuille numérique fédéral, parce que le système là-bas rendrait politiquement coûteux une usine à gaz de ce genre.

La banque centrale américaine, la fameuse Fed, répète en boucle qu’elle n’a rien décidé sur un dollar numérique et qu’elle ne lancera rien sans feu vert du Congrès et de la Maison-Blanche. Bref, pour le moment, ça n’a rien à voir avec les passages en force à la sauce technocrate européenne.

Encore mieux… dans certaines grandes villes comme San Francisco ou Boston, on a carrément interdit aux flics d’utiliser la reconnaissance faciale. À Portland, c’est même interdit pour les particuliers dans les lieux publics. Le message est simple… ici, la société civile peut encore couper des tentacules au monstre numérique.

Au Nord, le Canada a « levé le pied » sur le programme CBDC. La Banque du Canada a mis en pause l’idée d’un dollar numérique de détail en 2024 après consultation, en rappelant qu’une décision, si elle devait venir, appartiendrait au gouvernement et au Parlement. Là aussi, le verrou politique freine pour l’instant la bascule vers un porte-monnaie programmable universel.

Tout au bout du Pacifique, la Nouvelle-Zélande n’a pas de carte d’identité nationale. Son « RealMe » est un service d’authentification-identité vérifiée pour accéder à des démarches. Ce n’est, pour l’instant, pas à proprement parler un identifiant civique unique fusionné à la santé ou à la finance. Même si ce service ressemble dangereusement à notre « France Connect »… Il reste encore quelques étapes avant que la cage ne se referme là-bas.

Ensuite on a le Danemark. Bien que ce soit un des pays les plus numérisés au monde, là-bas, la banque centrale estime qu’une CBDC de détail n’apporterait pas d’avantage clair dans l’écosystème actuel. Au niveau de la carte SIM, il n’y a pas d’enregistrement obligatoire, ce qui est très rare.

L’Uruguay avait un projet « e-Peso » entre 2017 et 2018, mais le pilote est clos. Les e-pesos ont été détruits à la fin du test, il n’y a pas de mise en production depuis. Au niveau de la presse et des droits, on a une tradition de libertés solides. Ce pays est classé « Libre » avec un score de 96/100 par Freedom House.

Sur un autre registre, le Mexique a offert un contre-exemple parlant : la Cour suprême a tué en 2021 le fichier national des utilisateurs de mobiles (PANAUT) — équipement biométrique obligatoire à l’appui — pour atteinte aux droits fondamentaux. Quand la justice retient la bride, l’écosystème tout-intégré patine. Mais attention toutefois, on est ici sur des sables mouvants, parce que le pays avancent sur les autres briques de la fusion que je redoute tant.

Au Chili, la banque centrale a publié en 2024 un 2e rapport et mène des preuves de concept depuis 2025, tout en disant qu’il n’y a pas d’urgence à émettre une CBDC et aucun engagement d’émission. Ce n’est pas une pause, juste un répis.

Et puis il y a le Panama, un cas « tordu » mais intéressant. L’économie est dollarisée, il n’y a donc pas de banque centrale. Et donc, pas d’outil CBDC national à déployer demain matin. Ça n’en fait pas un paradis des libertés, mais ça retire temporairement une brique clé à la fusion monnaie-identité-réseaux telle qu’on la redoute ailleurs.

Moralité… à moins de s’exiler sur la Lune, le choix est mince, et provisoire. Il ne reste que des pays où les contre-pouvoirs mènent encore la danse, et où la fusion totale n’a pas l’infrastructure juridique ni politique pour claquer demain matin.

Mais avant de faire tes cartons et boucler tes valises, il faut garder en tête que le système nous rattrapera tôt où tard, peu importe où on se trouve. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’une crise, qu’un scandale ou qu’un remaniement local ne fasse basculer les choses en faveur de l’agenda global.

Et puis… d’une manière plus gobale, à quoi bon déméler toute cette laine si c’est pour en être réduit à fuir loin d’ici ? J’ai trois enfants, j’aimerais leur offrir un exemple qui ne ressemble pas à un exil.

Alors on fait quoi, si on reste dans l’hexagone ? Est-il possible de s’adapter malgré l’horizon bouché ? Dans quelle mesure on peut reconfigurer sa vie sans traverser les frontières ?

Tout plaquer et recommencer à zéro, c’est une question légitime – pour peu qu’on ait la chance d’avoir de quoi rebondir. Ce qui n’est pas mon cas à l’heure où je t’écris, mais ça ne m’empêche pas de réfléchir à la question pour les autres – ou pour le moment où je connaîtrai des jours meilleurs.

En tout cas, c’est une question concrète qui se pose de plus en plus à mesure qu’on voit se dessiner cette fusion morbide entre l’identité numérique, les moyens de paiement, les dossiers santé et le quotas carbone. Alors, où on pourrait bien atterrir en France, toi et moi, puisqu’on refuse de jouer cette partition mondialiste, européiste et hors-sol ?

Tu pourrais être tenté par la grange perdue au fond de la montagne. L’image est belle, tu as la solitude, les torrents clairs, les feux de bois. Sauf que l’hiver, sans une autonomie énergétique bétonnée, ça peu vite devenir une prison glaçée. À l’inverse, si tu te poses près des grandes villes, tu te prends de plein fouet les « smart city ». Tu sais, ces fameux laboratoires de contrôle dont je t’ai parlé et qui se déploient partout où l’Europe arrose à coups de fonds verts et de subventions numériques.

Les métropoles qui se sont engagées dans la mission européenne « 100 villes intelligentes et neutres sur le plan climatique d’ici 2030 » (comme Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Angers Loire, Grenoble, Paris) seront les premières à empiler les capteurs, les applications et les « expérimentations ». C’est écrit noir sur blanc dans la logique de la mission.

À l’inverse, la liberté, en France, commence peut-être là où la densité s’arrête. La clef, ce n’est pas d’être invisible, c’est de passer inaperçu. C’est tout l’art de s’installer dans une campagne profonde où l’État central n’a ni les moyens, ni vraiment l’envie d’aller fouiller chaque potager.

Je te propose de dérouler tranquillement le fil des spots où nous pourrions avoir la chance d’écrire la suite de l’Histoire avant qu’il ne soit trop tard.

Je commence par le piémont pyrénéen, quand la montagne devient des collines et des rivières. Ces terres respirent pour moi ce que le monde retient. C’est un endroit que je connais bien, je vis dans le secteur depuis des années.

L’Ariège te donne le tempo avec 31,8 habitants au km², c’est l’un des départements les plus vides de France métropolitaine, avec des fonds de vallées encore gorgés d’eau et des plateaux où on n’est pas collé aux voisins.

Si tu glisses vers l’est, tu touches le superbe Roussillon, mais tu retombes dans la spirale de la sécheresse chronique. Ce territoire est magnétique mais fragile en ce qui concerne l’eau.

L’Occitanie reste un patchwork intéressant. Tu as la Lozère avec 15,3 hab/km², c’est la respiration à l’état pur, mais l’hiver peut se montrer rude et tu es loin des grands axes. L’Aveyron et le Lot sont un compromis plus tempéré (33–35 hab/km²) avec un tissu de bourgs vivants. A se noter dans un coin de la tête…

En remontant vers le Massif central, tu changes de monde. Dans le Cantal et la Haute-Loire, c’est de la densité façon « campagne profonde » (≈46 hab/km² pour la Haute-Loire, moins encore dans le Cantal). On y trouve de l’herbe, de l’eau et des nuits noires. L’Auvergne coûte un peu en distance mais te le rend en autonomie… tu as des sources, des captages, des micro-hydro possibles, et des terres prairiales encore accessibles quand on sort des spots touristiques.

Tout en tirant sur notre fil d’or, tu prends quand même 5 minutes pour vérifier les risques « bêtes et méchants » comme les inondations dans les vallées. Ça peut être utile avant de craquer sur ta nouvelle adresse. C’est LE premier risque en France, avec plus de 17 millions d’habitants exposés. Tout ça est cartographié proprement sur GéoRisques. Ça peut toujours servir, on ne sait jamais…

Je continue sur ma lancée exploratoire avec la dorsale limousino-périgourdine. On a là un refuge classique, c’est la Creuse, la Corrèze, le nord-est de la Dordogne. La Creuse, c’est ~21 hab/km². Autrement dit, c’est quasi-vide, avec des réseaux de haies, de bois, d’étangs. Bref, tu as de l’eau et du bois de chauffage à portée de main. La Corrèze reste légère (≈41–42 hab/km²) et la Dordogne plafonne à ~46 hab/km², mais plus tu t’approches du « Périgord carte postale », plus les prix se tendent.

Plus au nord-est, j’irais sans hésiter sentir le Morvan et la Nièvre. La Nièvre tourne à 29,7 hab/km², avec un pays d’eau (des lacs et des sources) et des communes qui ont encore des PLU lisibles. Le Morvan arrose, mais attention aux zones humides et aux fonds de vallées soumises aux crues.

À l’est, l’arc vosgien est clairement sous-coté. On a de l’eau froide, des forêts, des villages modestes. L’hiver pince, c’est vrai, mais le bois chauffe, et côté incendie en forêt on est plutôt tranquille.

Enfin, il faut que je te parle de la Bretagne intérieure, (Trégor/Argoat). Ce n’est pas « désert » comme la Lozère, mais c’est l’anti-sécheresse chronique par excellence. Et niveau canicule, tu es tranquille la plupart des années.

On a des pluies bien réparties, on des sols souvent porteurs, et, petit bonus, des communes qui expérimentent sur l’habitat réversible. Trémargat est devenue un symbole en la matière : un projet de hameau léger est soutenu par la commune. Là-bas, l’habitat réversible est assumé. Ce n’est pas pour tout le monde, mais c’est la preuve qu’un maire peut ouvrir des brèches.

Peu importe le bled, finalement. Ce qui compte, c’est que dans ces zones-là, les maires sont souvent des artisans ou des paysans, des gens de la vraie vie. Ils ferment les yeux sur la serre bricolée ou les panneaux solaires tant que tu participes au quotidien du village.

L’État y est présent, mais l’intendance est moins intrusive, la maille administrative plus lâche, et tu as le temps de respirer avant que quelqu’un ne « digitalise » ton poulailler.

Une fois que tu as trouvé ton secteur, vient le choix du terrain en lui-même. Concrètement, il n’y a pas de salut sans eau : une source, un puits, une rivière, c’est ton assurance-vie.  

L’idéal étant une source ou un puits déjà déclaré en mairie (obligation depuis 2009, arrêté du 17 décembre 2008). Et, si possible choisis une vallée ou un piémont qui ne soit pas propice à la sècheresse.

Ensuite, il nous faut une terre mixte, pas juste de la prairie mais un peu de potager, un coin de forêt pour le bois, et une pente douce au sud qui te donne du soleil pour les cultures et le solaire. Trop enclavé, tu es mort si tu dois aller à l’hôpital ou écouler trois cagettes de pommes. Trop proche d’un grand axe, tu te fais griller par les radars ou les projets d’infrastructures du Nouvel Ordre Mondial. L’équilibre est délicat, mais vital.

Côté bâti, une grange ou une ferme existante t’ouvre plus de portes qu’un terrain nu. Rénover, agrandir, poser une serre ou un atelier, ça se traite à la mairie, sur du connu (permis, déclaration préalable).

Reste la question du « avec qui tout recommencer ? ». Je ne parle pas de faire un reset de ton noyau familial, je te demande avec quelles autres âmes tu veux co-écrire l’avenir ?

Avec ton seul foyer, tu as la liberté totale, mais tu finis fragile : ton dos flingué ou une galère d’approvisionnement, et ton château d’autonomie s’écroule. À plusieurs, c’est plus solide mais vite ingérable si tu pars dans un délire communautaire façon secte ou éco-village improvisé.

Les oasis qui tiennent sont celles qui démarrent avec deux ou trois familles soudées, sur la même longueur d’ondes et prêtes à se retrousser les manches.

En clair, l’eldorado ressemble probablement à une ferme retapée dans l’Ariège ou une grange dans le Cantal, une source qui coule, des hectares où tu peux planter et couper ton bois, un maire qui ferme les yeux, deux familles alliées.

Ça ne vend pas du rêve à tout le monde, mais c’est une base solide pour ralentir la cage numérique et tenir debout quand tout le reste va devenir invivable.

Maintenant que je t’ai presque convaincu que la liberté est dans le pré (au moins pendant quelques années), rappelle-toi de mon histoire avec le badge de la déchèterie : la matrice s’invitera tôt ou tard jusque dans le trou du cul du monde.

De ce point de vue, peut-être que la liberté ne consiste pas à fuir, mais à attérir. A baisser la voilure, à changer d’échelle et de rythme. Face à un OS du monde, on ne « gagne » pas en jouant sa partie, on doit recoder localement ce qui compte, hors des sentiers battus.

A ce stade, on ne peut plus nier la tempête qui s’annonce, mais on peut commencer à fonder quelque chose. Je t’invite à découvrir la suite de mon cheminement intellectuel, sans jamais lâcher notre fil d’or…


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A propos de l'auteur

Matthieu Biasotto

Auteur indépendant toulousain, rêveur compulsif et accro au café. J'écris du thriller, du suspense avec une touche existentielle.

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