Un peuple peut aimer sa servitude, pourvu qu’on lui persuade qu’elle est la liberté.
Aldous Huxley
Ravi de voir que tu dénoues ces premiers nœuds la tête froide, le cœur lucide. Je me permets de dérouler davantage notre pelote pour t’exposer un nouveau pan du contrôle.
Avant, ce contrôle passait essentiellement par des lois. Aujourd’hui, il s’invite directement chez toi, dans ton compteur, dans ta bagnole, dans ta poubelle. Avec des gadgets « verts », « modernes » et « pratiques » qu’on t’impose de force.
Officiellement, c’est pour simplifier ta vie, sauver la planète, protéger ta santé. En vrai, il s’agit de mesurer, tracer, fliquer, normaliser.
Si on décortique les faits, la mécanique est toujours la même… D’abord on t’annonce un truc « vertueux », un progrès fabuleux. Ensuite, on le rend obligatoire pour le généraliser. Dans la foulée, on récolte tes données. Et toi, tu finis par lâcher l’affaire, épuisé.
Enroule ce fil de laine délicatement autour de ton index et aide-moi à détricoter la suite. On peut commencer avec le fameux compteur Linky. Ce compteur mériterait à lui seul une pelote entièrement dédiée. Mais je vais tenter de t’en faire une synthèse lumineuse. Sous prétexte de simplification et d’économies d’énergie, ce dispositif n’est pas une option, c’est une obligation.
L’État l’a inséré dans la loi de 2015 : tu ne peux pas vraiment refuser. Depuis, en force, il s’est frayé un chemin jusque dans tous les foyers, ou presque.
Le truc qui entrave vraiment ta liberté, c’est le contacteur intelligent caché dans le boitier. Oui, il y a un petit mécanisme interne qui peut te couper le courant ou brider ta puissance, à distance, sans que tu ne t’en aperçoives. Il suffit d’un clic dans un bureau quelque part.
D’ailleurs, souviens-toi… en 2022, en pleine crise énergétique après nos sanctions contre la Russie, Enedis a carrément coupé à distance le déclenchement des chauffe-eaux de 4 millions de foyers. Entre mi-octobre et mi-avril, ton ballon ne chauffait plus à midi, par simple signal Linky.
Officiellement, c’était pour éviter la panne générale. En réalité, ça prouve surtout qu’un clic depuis un bureau peut couper ton petit confort. Hier, c’était exceptionnel. Demain, ça deviendra la routine.
Et ce n’est pas le seul danger caché derrière ce compteur « intelligent ». Plusieurs choses doivent objectivement nous alerter.
Au-delà des coupures et bridages à distance, il y la collecte fine et centralisée de tes données de consommation.
C’est-à-dire que tes factures sont désormais basées sur des relevés réels — enregistrés automatiquement par Enedis, dans la tranquillité de ton salon. Pas de technicien qui se pointe. Le Linky fait le boulot, par la magie du CPL[1] et de ton compte client. Je développerai plus en détails cet aspect inquiétant par la suite.
Ce truc enregistre des infos sur ta conso à la demi-heure près (et bientôt toutes les 10 minutes avec le CPL G3). Avec ça, on peut déduire les usages : quand tu es chez toi, quand tu dors, si tu utilises ton four, ton chauffage, voire certains appareils. Comme l’indique la CNIL[2], si ces données tombent dans de mauvaises mains, elles révèlent des informations sensibles sur ta vie privée.
Ces mêmes données peuvent donner naissance à une individualisation des prix et une tarification comportementale. En clair, les données Linky sont déjà utilisées pour proposer des offres heures creuses personnalisées, mais elles pourraient ouvrir la voie à un forfait dynamique : ton prix du kWh pourrait varier selon l’heure, ta consommation, voire ton profil d’usage. Ce qui serait, à mon sens, un outil redoutable pour un prototype de crédit social à la chinoise. Tu sens la douille se profiler ?
Ce n’est pas pour rien que des juristes et associations (CLCV[3], UFC[4]) alertent sur un risque de discrimination énergétique : les plus précaires seraient les premiers sanctionnés.
Mais ça va plus loin. Cette collecte donnée présente aussi une brèche « théorique » en matière de piratage et de cybersécurité. Des experts en sécurité ont montré que des signaux CPL pourraient être interceptés ou manipulés.
Je suis tombé sur des études académiques qui détaillent comment des smart meters (équivalents du Linky) peuvent être manipulés ou utilisés pour déstabiliser un réseau électrique.
Une analyse par Techniques de l’Ingénieur pointe les failles possibles des SCADA[5] — la catégorie technique dont dépendent les compteurs intelligents, comme le Linky — et met en garde contre des scénarios de cyberattaque ciblant le réseau électrique.
Enedis a beau se défendre en disant que les données de consommation sont chiffrées, on sait bien que tout réseau connecté crée de facto une surface d’attaque supplémentaire, une faille exploitable.
Au fond, le vrai sujet n’est pas de « pirater ton compteur » mais de pouvoir analyser tes données CPL. À partir de la courbe de charge (la puissance toutes les 10 ou 30 min), on peut reconnaître l’utilisation d’appareils électroménagers spécifiques comme ton four, la TV, etc… Et donc, on peut déduire tes heures de lever et de coucher, tes absences du domicile et même tes habitudes de vie.
Même si c’est un peu technique, tu vois ce qu’on pourrait faire de tout ça ? Je suis sûr que oui…
Tu sais ce qui me gêne le plus, au fond ? Avec ce compteur Linky, on habitue les gens à l’idée que leur vie quotidienne peut être mesurée en continu et que l’accès à un service vital comme l’électricité peut être modulé par télécommande. Désactivé. Comme ça. En un clic. Je trouve ça dangereux, et je suis certain que toi aussi.
Tocqueville appelait ça le « despotisme doux » : il n’y a pas de répression brutale, mais une infinité de petites contraintes qui finissent par modeler tes comportements.
Je t’ai gardé le plus beau pour la fin concernant le Lynky : les polémiques autour du Courants Porteurs en Ligne. Accroche-toi à ce nouveau fil, parce que ça vaut le détour.
Le principe du CPL, c’est qu’il envoie des signaux électriques superposés au courant 50 Hz pour transporter des données (conso, infos). Tu as donc le droit de redouter une exposition supplémentaire aux ondes électromagnétiques dans ta piaule.
Le Linky, dangereux ? Tu as l’esprit mal tourné ! Espèce de complotiste, que tu es !
L’ANSES a évalué en 2017 l’exposition au CPL et elle a conclu que cette exposition est très faible par rapport au Wi-Fi ou aux téléphones portables, et que ça ne présente pas de risque sanitaire avéré.
Ça, c’est la pilule officielle que tu dois avaler…
Mais attention, tu sais très bien depuis ma première pelote, que la zone grise et les angles morts sont légion dans les études officielles. Il y a des biais et des limites qui méritent d’être soulignés.
C’est le moment où j’analyse le sujet au scalpel. Accroche-toi bien…
Dans un premier temps, regardons du côté du financement et de la dépendance institutionnelle. L’ANSES[6] est un organisme public, financé par l’État. 64,6 % des recettes de l’ANSES proviennent de subventions pour charges de service public. Niveau neutralité, on repassera.
Parce que l’ANSES dépend directement des ministères de Macron : Santé, Environnement, Agriculture. Ses financements dépendent directement de la loi de finances votée par sa majorité. Qui peut croire sincèrement qu’elle va saborder un projet validé par son propre gouvernement ?
Elle s’appuie sur les données fournies par… Enedis et les industriels du secteur (EDF, fabricants de compteurs) pour ses mesures techniques. Pour être plus précis et factuel : dans son avis de 2017 sur les compteurs communicants, l’ANSES précise que ces évaluations, notamment de l’exposition aux ondes, intégrèrent les données obtenues par le CSTB[7], garantissant une représentation des conditions réalistes dans les logements.
Or, le Centre scientifique et technique du Bâtiment n’est pas une fondation indépendante : c’est un EPIC (établissement public industriel et commercial), mélangeant subventions publiques et contrats de recherche avec des entreprises industrielles — 39 millions € sur 125 viennent ainsi de projets… industriels.
Le CSTB est sous la tutelle du ministère de la Transition écologique. En clair, quand il « évalue » le Linky, il bosse pour le même ministère qui a poussé le déploiement du compteur. Juge et partie…
Tirons encore un peu sur le fil et voyons les liens entre l’ANSES, CSTB et Enedis.
L’ANSES, elle, réévalue les compteurs Linky en 2022 à partir de données sollicitées directement auprès d’Enedis, mais aussi du constructeur des compteurs, et d’une étude commandée au CSTB en 2019. Tu sens l’imbroglio ?
Et ce n’est pas tout… Enedis est la filiale à 100 % d’EDF, acteur historique du secteur de l’énergie. C’est littéralement le bras technique de la politique énergétique du gouvernement.
Tu as un carré parfait composé du gouvernement Macron, de l’ANSES, du CSTB et d’Enedis — tous liés structurellement. Autrement dit, ce sont les mêmes cercles institutionnels qui produisent, régulent et évaluent ce système.
Tu vois, l’ANSES te dit que Linky, c’est globalement safe. Mais si tu grattes un peu, tu découvres que tout repose sur des mesures isolées et ponctuelles, pas sur une vraie étude épidémiologique.
L’Agence l’admet elle-même : il n’y a pas de suivi sur le long terme, pas d’étude sur des millions de foyers exposés 24h/24. Ce qu’on a, ce sont des relevés techniques en labo ou à domicile. Et si l’exposition peut être plus longue que prévu, on ne sait pas ce que ça fait sur des années.
Ça fait beaucoup, mais je n’ai pas encore terminé avec le Linky, parce qu’on a aussi un cadre règlementaire contestable (et contesté).
Pourquoi ? Comment ?
Les « valeurs limites » utilisées pour dire que les ondes du Linky sont sûres… proviennent directement de l’ICNIRP[8], qui sert de baromètre à l’OMS et à l’Union Européenne.
Sauf qu’on reproche à l’ICNIRP une proximité malsaine avec l’industrie : selon le Pr Leszczynski, ses lignes directrices sont « vitales pour l’industrie des télécoms ». Autrement dit, elle pousse des normes favorables au business.
Et ce n’est pas qu’une vue de l’esprit, un rapport officiel européen révèle que des boîtes comme Motorola jouaient directement dans l’élaboration de ces règles. Conflits d’intérêts ? On appelle ça s’abriter derrière sa propre règle.
Cerise sur le gâteau, un article scientifique montre que l’ICNIRP est pratiquement hors contrôle — remplaçant anonymement ses membres et s’affichant comme totalement indépendante. Ils sont juges, acteurs, et gardiens du temple.
Neutralité, transparence et amour de l’humanité… quand tu nous tiens !
Aussi, je peux t’affirmer sans détour que les normes présentées comme « scientifiques » prennent leur racine dans un organisme qui soigne peu sa neutralité. Entre industrie, normes auto-construites et manque de transparence… ce n’est pas une expertise indépendante, mais un club privé régulant ses propres règles.
Voilà un gros nœud que tu viens de défaire. Je te laisse reprendre ton souffle pour te présenter succinctement d’autres dispositifs de contrôle.
Dans la famille modernisation en façade, collecte sous contrôle, je te présente Gazpar. Le frère du Linky mais pour le gaz.
Il bénéficie du même passage en force, avec un déploiement obligatoire. En effet, son installation ne se négocie pas : c’est une décision politique nationale adoptée en 2014, permettant à GRDF, filiale d’Engie, de généraliser ce nouveau compteur auprès de 11 millions de foyers.
La CNIL détaille que Gazpar relève automatiquement la consommation journalière — et parfois plus fréquente —, sans option de refus par défaut. C’est un suivi opaque rendu obligatoire. Tout va bien dans le meilleur des mondes.
Comme pour le Linky, les critiques s’amoncellent : bruit, ondes radio (émissions toujours jugées faibles par l’ANSES), collecte massive de données personnelles. Certains pointent aussi un coût répercuté sur ta facture.
Le jackpot ? Il est bien réel, GRDF te scanne, Engie gagne, les fabricants comme Itron ou Sagemcom empochent un marché captif créé par décision politique… Et toi ? Tu es le produit dans un écosystème où les intérêts de l’État, d’Engie et des industriels se confondent.
Le cousin de Gazpar et Linky se prénomme ON’connect, c’est le compteur pour l’eau. Chez Suez, on te le présente comme un cadeau : adieu le technicien qui frappe à la porte et les factures blindées, place aux alertes fuites par SMS, au suivi au jour le jour. On te vend l’image d’un service innovant, moderne, écolo.
En réalité, c’est une puce que l’on te fiche dans ton compteur de flotte. Elle te balance ta consommation minute par minute, la renvoie sur un réseau radio qui peut tout tracer. Si un jour, la machine se plante, tu te retrouves avec une facture salée, comme certains en Pyrénées-Orientales l’ont vécu pendant plus de deux ans. Il paraît que c’est le progrès, que veux-tu…
Tu tiens encore le fil ? Parfait. Plongeons ensemble dans le monde feutré des compteurs de chaleur en copropriété. Toujours imposés en force, présentés comme un outil de justice thermique — chacun paie ce qu’il consomme, ils seraient la promesse officielle d’un monde plus équitable. Tu parles…
En pratique ? On t’installe encore un boîtier qui traque cette fois ta chaleur pièce par pièce, à distance, comme un bon petit espion. Pas besoin de rentrer dans ton salon, la technologie fait le job.
Ça se traduit concrètement par des factures qui s’envolent (du simple au triple) sans explication, des logements froids pénalisés, des consommations gonflées… Ton intimité devient un relevé de kWh — et ton syndic, ton nouveau flic.
Sans transition, on quitte la sphère de l’habitat pour démêler le fil des dispositifs de contrôle lié à ton véhicule.
Bienvenue dans le monde merveilleux des Event Data Recorders (EDR) ou la « boîte noire » de ta voiture, pour les intimes. Quèsaco ?
Si tu écoutes la version officielle, c’est une caméra de bord silencieuse, prête à t’aider après un accident. Ce système est censé n’enregistrer que les données techniques juste 30 secondes avant et 10 secondes après un choc : vitesse, freinage, ceinture, force du choc, etc. — évidemment sans capturer des conversations ou du son.
Mais en réalité…
Ces boîtes noires stockent en continu tes comportements de conduite révélateurs, que ce soit la vitesse, le freinage, l’airbag, la ceinture, etc.
Si tu observes son déploiement, c’est toujours un passage en force via la loi. Ici c’est une pépite offerte par l’Europe. Depuis le 6 juillet 2022, tout véhicule neuf homologué dans l’Union européenne[9] doit être équipé d’une boîte noire, comme ça, tout le monde est content.
Pour être certains que tout le monde y passe, nos chers politiques ont opté pour intégrer progressivement tous les véhicules immatriculés d’ici juillet 2024. Et comme si ça ne suffisait pas, ils ont prévu de l’étendre aux poids-lourds d’ici 2026–2029.Là, tout le monde est vraiment content.
Alors tu as un effet dissuasif sur la route, c’est certain. Les conducteurs équipés d’une boîte noire ont connu une baisse de 20 à 30 % des accidents.
Ce qui me chiffonne dans un premier temps, c’est que j’y vois un redoutable outil de traçage des comportements personnels. Si tu conduis, freines, accélères, tout est archivé. Et c’est potentiellement utilisable contre toi (contrôle judiciaire, contrôle social…).
Dans un second temps, je suis légèrement inquiet de l’usage qu’on pourrait en faire demain ou de la manière dont on pourrait conditionner ton droit à te déplacer… Mais je me refuse à verser dans le complotisme, pas dès le deuxième chapitre !
Comme si la boîte noire ne suffisait pas à t’avoir à l’œil depuis l’intérieur de ta propre bagnole, il faut également que la surveillance continue à l’extérieur.
Nos chers gouvernants ne se préoccupent pas seulement de scruter ta vitesse, ton freinage ou ta ceinture… ils se penchent aussi sur le son que tu produis. Oui, oui. Le son que tu produis.
Désormais, même ton rugissement de moteur ou ton accélération un peu trop appuyée devient un motif à sanction. Je te présente les radars de bruit.
Expérimentés dans plusieurs villes (Paris, Toulouse, Bron) depuis 2022 dans le cadre de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), les radars sonores visent à lutter contre les nuisances causées par des véhicules trafiqués ou à moteurs poussés à fond. La technologie au service de ta tranquillité, à ce qu’il paraît…
Capables de détecter les véhicules dépassant environ 83 dB, ces sentinelles anti-bruit mesurent ton niveau sonore, elles prennent ta plaque et délivrent une prune sans même qu’un humain ne regarde ton dossier.
Aujourd’hui, c’est pour les pots d’échappement trafiqués. Mais demain ? Ce sera ton camion trop chargé, ton vieux break, tout comportement jugé dérangeant. Pendant ce temps, les boîtes technos engrangent un max avec leurs radars, vendus comme des solutions vertueuses. Et l’état te fait toujours les poches. Au bout du compte, ta liberté de conduire est en train de s’effilocher.
Après l’oreille électronique qui mesure tes décibels, place à l’œil numérique qui lit ta plaque. Désormais, chaque trajet est capté, décortiqué, enregistré. Bienvenue dans l’ère des caméras ANPR[10].
Installées sur routes, parkings, péages ou en entrée de ZFE, ces merveilles de technologie permettent de lire automatiquement ta plaque d’immatriculation — sans contact humain — pour contrôler le stationnement, détecter les excès de vitesse ou vérifier l’accès aux zones restreintes.
Une fois que ta plaque est sur la route, l’œil électronique scanne en continu ton trajet, enregistrant mètres par mètres où tu passes, à quelle heure, combien de temps, ton véhicule visible sur une grande base de données, le tout, automatiquement.
Tout est capté, horodaté, archivé, prêt à te coller une prune sans qu’un humain ne touche ton cas. Ce n’est plus le flic à un croisement dont il faut te méfier, c’est d’un réseau sans visage, toujours éveillé. Et pas sûr que ce soit pour ta tranquillité qu’il garde l’œil grand ouvert. D’ailleurs Amnesty International France, comme beaucoup d’acteurs de la société civile, dénonce le risque d’une surveillance d’État à grande échelle, menaçant droits de manifester, liberté d’expression et anonymat.
Plus inquiétant encore… La France pousse au niveau européen pour assouplir les régulations liées à l’IA, notamment concernant la surveillance publique — ce qui pourrait ouvrir la porte à des usages prédictifs ou abusifs des données collectées par Automatic Number Plate Recognition.
Avec tout ça, les villes passent pour les bonnes élèves, affirment réduire la pollution et imposer la paix urbaine… Mais toi, tu deviens fiché à perpétuité. Et pendant que tu te faufiles dans le passage piéton sans cris, quelque part, les entreprises vendent des caméras, des services d’installation et maintenance, des plateformes. Ta mobilité, c’est leur business.
Après avoir scanné ta plaque à chaque carrefour, il ne restait plus qu’à scotcher ton visage et ton identité à ce gigantesque dispositif de surveillance. Car la prochaine étape, ce n’est plus ton véhicule qu’on suit, c’est toi. Bienvenue dans le délire de la carte d’identité biométrique. Avec cette carte et son appli France Identité, c’est carrément ta personne qui devient traçable.
On te présente cette pépite comme une avancée de simplification et de sécurité. Adieu les formulaires papiers, bonjour l’identité numérique.
Mais en réalité, tu donnes ta photo, tes empreintes, ta carte grise et ton permis à une puce centrale — obligatoirement contrôlée par l’appli du gouvernement.
Depuis 2012, certains déjà qualifiaient la nouvelle carte biométrique de bombe à retardement pour nos libertés. Aujourd’hui, cette technologie converge avec les systèmes européens (EES, eID, portefeuille numérique), dessinant un monde où ton identité sera partout traçable, contrôlée, centralisée.
En clair, ta nouvelle carte française et son appli ne sont qu’une étape. Comme je te l’avais documenté dans la première Pelote de laine, le projet est bien plus global.
En effet, depuis 2019, Bruxelles impose à tous les États des cartes biométriques standardisées avec puce. Et avec le règlement eIDAS[11] 2.0, on lance le EUDI Wallet : un portefeuille d’identité numérique interopérable, utilisable dans toute l’UE. Le discours officiel, c’est « simplifier ta vie ». La réalité, c’est qu’il s’agit d’une clé unique pour tout contrôler, du paiement aux déplacements, dans tout l’espace Schengen. C’est FranceConnect… sous stéroïdes européens.
Un grand moment de lucidité va se profiler dans ton esprit avec l’information suivante. Accroche-toi bien… La Commission Européenne explique noir sur blanc que le EUDI Wallet pourra héberger des attestations médicales, y compris celles de vaccination, en tant qu’ « attributs qualifiés » utilisables dans toute l’Union Européenne.
Vaccination… Identité, flicage… Tu vois où je veux en venir ?
Voilà un fil de laine explosif : la carte biométrique France Identité, le portefeuille européen EUDI Wallet et le Carnet vaccinal numérique (EU Digital Covid Certificate) s’emboîtent parfaitement.
Officiellement, ce sont trois projets distincts. En réalité, c’est une même architecture d’identité numérique centralisée et interopérable, posée pièce par pièce.
Le pass sanitaire, tu croyais qu’il avait disparu ? Faux. Sous le nom d’EU Digital Covid Certificate, il a été prolongé et reste interopérable dans toute l’UE.
Techniquement, la réponse à la pandémie était une répétition générale : un QR code standardisé, reconnu dans chaque pays, consultable instantanément.
Bruxelles l’a tellement bien vendu qu’il sert aujourd’hui de preuve de concept pour le futur portefeuille européen d’identité numérique (EUDI Wallet). Demain, ta carte biométrique française se connectera au Wallet européen, et ce même Wallet pourra contenir ton état vaccinal, tes certificats médicaux, ton permis, tes diplômes… Bref, tout ce qui fait ton identité.
On t’avait promis une mesure « temporaire » pour le Covid, elle est devenue permanente. L’outil est prêt, il est centralisé, interopérable, obligatoire à terme. Et surtout, il est testé grandeur nature sur 450 millions d’Européens.
Appelons un chat, un chat : le Covid a été une aubaine. Un formidable accélérateur technopolitique, une sorte de répétition générale. En moins d’un an, l’Europe a imposé un système de QR codes uniformisés, reconnu dans 27 pays.
Grâce au méchant virus, Bruxelles a testé grandeur nature une technologie de contrôle et d’interopérabilité sur 450 millions de personnes. Et maintenant, elle l’intègre dans le portefeuille d’identité européenne. Le virus, c’était l’urgence, le prétexte idéal. L’identité numérique, c’est le projet. La nouvelle réalité.
Tu vois bien que ce qui se joue n’a rien du hasard ni de la maladresse bureaucratique. C’est du pointillisme politique. Par petites touches, presque invisibles, nos artistes du contrôle tracent une fresque qui, une fois le recul pris, glace le sang : un tableau de technocontrôle total.
Tu as d’abord un arsenal de lois, de décrets et de normes. Tu as ensuite le Linky, le Gazpar, les caméras ANPR. Tu as enfin la carte biométrique, le pass vaccinal… chaque outil pris indépendamment peut sembler anodin, presque utile. Mais ensemble, ils forment une toile où chaque geste, chaque déplacement, chaque choix intime est scanné, mesuré, conditionné.
Et c’est précisément cette logique diffuse, incrémentale, qui explique l’arrogance tranquille de nos gouvernants. Ils avancent sûrs d’eux, non pas parce qu’ils sont compétents ou visionnaires, mais parce qu’ils savent que le plan se déroule à merveille, comme le souhaitent ceux qui les ont placés au pouvoir.
La cage se dresse, les verrous s’enclenchent un à un, sans bruit, sans résistance. De leur point de vue, tout est absolument parfait.
Voilà pourquoi ils paradent avec cette assurance désarmante. Parce qu’ils savent que chaque capteur, chaque compteur, chaque loi votée, chaque caméra ne sont que des pinceaux. Et que la vraie main qui peint, c’est l’algorithme.
L’IA, c’est le chef d’orchestre qui rend l’œuvre cohérente, totale, inattaquable. Si tu tires sur le prochain fil, tu vas comprendre qu’à leurs yeux, la toile est presque achevée, et que l’intelligence artificielle joue un rôle clé dans leur chef-d’œuvre de servitude moderne.
[1] Courants Porteurs en Ligne
[2] La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés
[3] Consommation, Logement et Cadre de Vie
[4] Union Française des Consommateurs
[5] Supervisory Control and Data Acquisition
[6] Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
[7] Centre scientifique et technique du Bâtiment
[8] Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants
[9] Pour les catégories M1 et N1 : voitures particulières, camionnettes
[10] Automatic Number Plate Recognition
[11] Electronic IDentification, Authentication and trust Services
