Mes derniers mots

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“Mes derniers mots”, mon nouveau livre sort demain, le 11.11. Les fichiers sont prêts, le livre papier est en cours de traitement, et je suis à mi-chemin entre l’excitation de le partager et mon inquiétude  naturelle 😉 Il est temps de faire un petit récap’ avant la sortie.

Pour la couverture et plus globalement pour mes derniers mots, je me suis engagé bien au-delà de ce que je fais habituellement. J’ai suivi un régime et une hygiène de vie spécifique de manière à pouvoir servir un visuel qui colle vraiment à l’histoire. Car… c’est étrange… mais je suis le personnage principal.

Depuis la photo originale, jusqu’à la couverture définitive

“Ma vie est mon message”, l’histoire débute par cette phrase. Une phrase que je me porte réellement aujourd’hui sur la peau. J’ai pris l’habitude de fêter chaque lancement en me faisant un tatouage en rapport avec le livre (j’ai bien entendu mon petit coquelicot :)).

le tatouage tout frais, réalisé par ma moitié 😉

 

J’ai également réalisé une petite vidéo de présentation. La dernière fois que j’ai pris la peine de publier un teaser, c’était pour “Un jour d’avance”, il y a une éternité maintenant. Voici la vidéo en question :

Je pourrais vous dire que ce texte a la profondeur du Supplément d’âme, le rythme d’Ewa, une fin à la hauteur du 11 juin mais je vais vous laisser le plaisir de découvrir cet univers. En attendant, voici la 4e de couverture, la couverture papier, et le premier chapitre 😉

Résumé :

J’ai tout oublié. Tout. De ce que j’ai vécu, jusqu’à la personne que j’étais. S’il ne reste rien, je ne le dois pas à un accident. Ce n’est pas non plus une maladie. Ma perte de mémoire est brutale, sans doute à la hauteur de ce que j’ai fait.

Mes heures sont comptées, les règles du jeu ont changé et elles sont contre moi. Il va me falloir composer avec une existence qui ne m’appartient plus si je veux sauver ma peau.

Dans cette course contre la montre, sur les traces de mon ancienne vie, je tente d’échapper à une situation qui me dépasse et qui nous dépasse tous. Tout au bout de cet enfer, la vérité me tend les bras. Je vais découvrir le rôle que je dois jouer, le vôtre aussi. Il y aura un avant, un après, c’est certain. La fin n’est jamais une fin, ce n’est qu’un commencement laissant entrevoir quelque chose de bien plus grand. Vous le comprendrez avec mes derniers mots.

 

Couverture papier

La couverture papier – les exemplaires dédicacés seront bientôt disponibles sur ma boutique

 

Chapitre 1

« Ma vie est mon message », cinq mots qui sonnent comme une énigme, à moins que ce ne soit un avertissement. Cette mise en garde est la toute première chose que je parviens à déchiffrer lorsque la lumière revient enfin. La toute première chose que me renvoie ce miroir sale, fendu et piqué. Une vieille ampoule à filament suspendue au-dessus de ma tête grésille une dernière fois avant de se mettre à briller en continu. Où suis-je ? Qu’est-ce que ça veut dire ? « Ma vie est mon message », je le vois en gros, placardé sur ma cage thoracique. Pourquoi, comment ? Je l’ignore. Qu’est-ce qui vient de m’arriver ?

Aussi inquiet que stupéfait, je baisse la tête, outrepassant une douleur vive qui embrase ma nuque, une violente décharge me fait serrer les dents. Mon œil voyage de droite à gauche, afin d’examiner cette phrase qui recouvre le haut de mon buste entaché de traces étranges qu’on aurait essuyées dans la précipitation. Mes doigts glissent sur mes pectoraux encore sensibles et ma clavicule, passant en revue chaque lettre fraîchement gravée sous la peau. C’est tatoué, ça ne partira jamais. Pourquoi sous cette inscription bizarre, je porte également une clé au niveau du cœur ? Une clé ridicule, pas loin du téton. Les picotements reviennent, répondant à une inflammation localisée dans le haut de mon cou. Les sensations se réveillent, j’ai la poitrine en feu et des questions qui brûlent mes lèvres. Qui m’a fait ça ? Pourquoi ? Qu’est-ce que je fabrique ici ?

J’étais dans le noir, mais pas dans la pénombre de la salle de bain, non, je veux dire que j’étais au cœur des ténèbres, au fond de mon esprit. Je me suis égaré dans un trou sombre et nébuleux dans lequel j’avais la sensation de chuter encore et encore. J’étais dans un épais brouillard, mais depuis combien de temps ? Je n’en sais rien. Impossible de me souvenir, j’ai complètement perdu le fil. J’ai l’impression d’avoir dormi pendant un siècle, d’avoir été débranché. Oui, comme si un mec avait coupé le courant pour faire de moi une coquille vide. Dans la glace, apparaissent ici et là les boursouflures et les motifs sombres qui ornent mon torse, mes bras ainsi que d’autres parties de mon corps, entre sang séché et bavures ébène. J’ai des tatouages un peu partout, bonté divine, combien j’en ai ? Dans le reflet, mon derme rougi appelle à l’aide, l’encre encore luisante révèle des traits plus laids les uns que les autres, des sigles dont le sens m’échappe. Et puis je croise mon visage terrifié, ou plus exactement, le regard bleu et affolé d’un type que je reconnais à peine.

Cet étranger, presque nu, tremblant sans savoir pourquoi au milieu d’une salle de bains lugubre, c’est moi. Je me découvre ahuri, et j’ai la sensation de m’observer pour la première fois, l’impression qu’on a tout effacé de mon crâne, absolument tout ce que j’ai vécu. Je scrute mon visage creusé et abîmé, en détaillant la mine fatiguée d’un forain venu de l’espace. Je fais face à un type bizarre, hébété, pris d’une amnésie brutale, sans queue ni tête.

C’est donc à ça que je ressemble ? Des pupilles translucides où se disputent le gris et le turquoise. J’ai les paupières tombantes, des bleus et des plaies sur la figure, puis un bouc prolongeant une barbe presque rousse et une épaisse crinière assortie, qui chute jusque sur mes épaules. Depuis le miroir, mon œil parcourt l’espace qui m’entoure et quitte le carrelage aussi crasseux que bousillé, se moquant des murs fissurés sur lesquels des insectes rampent entre les traces suspectes. Je m’attarde à présent sur les égratignures puis les ecchymoses qui barrent ma face émaciée. Nom de Dieu, comment je me suis fait ça ?

C’est difficile à accepter, pourtant je n’ai plus aucun souvenir. Plus rien. Et ça me terrifie. J’ai beau chercher, remonter le plus loin possible, c’est le vide complet. Je ne suis même pas fichu de savoir quel jour on est. Ma respiration s’accélère, parce que j’ai conscience d’avoir l’esprit totalement grillé. Mon cerveau ne répond plus comme je le voudrais, je crois que je vais pleurer, c’est un cauchemar. Dans mon crâne comme dans mon cœur, il n’y a que le néant, de la bouillie, pas le moindre fragment du passé auquel m’accrocher, à tel point que je ne sais plus qui je suis ni comment je m’appelle.

Masser mes tempes dans l’espoir de me ressaisir tout en me persuadant que ma mémoire va revenir n’y change rien. Alors, je m’incline vers le miroir, je m’approche davantage en espérant sonder cet inconnu, pour me rappeler d’une image, d’une voix, d’une odeur, en vain. Doucement, je tâte ma pommette encore à vif et mes doigts effleurent le coquard qui enfle lentement mais sûrement. Tout en passant la langue sur mes lèvres écorchées, je réalise que j’ai pris cher. Ça pique. On dirait que je me suis battu et que j’ai bien ramassé. Il faut que je réfléchisse, que je me reprenne et que je rassemble mes idées : je me suis battu, OK… Mais avec qui et surtout, pourquoi ? Dites-moi que je vais me rappeler, que tout va s’expliquer, je veux sortir de cette brume confuse, je ne peux pas rester sans savoir.

Dehors, il me semble entendre les bruits venant de la rue, la ville qui gronde au loin même s’il fait nuit, puis je crois reconnaître des gens qui courent sous l’averse. C’est comme si la pluie répondait à chaque goutte du robinet fuyant de ce maudit lavabo auquel je me cramponne. Je m’y accroche de toutes mes forces parce que je chancelle d’effroi en abandonnant mon regard sur la faïence sale.

Il y a du sang frais et poisseux qui stagne sous le mitigeur, une lame de rasoir souillée traînant sur le rebord et au fond, tout au fond… Bon Dieu… Une sorte de puce électronique, pas plus grande qu’une pièce de monnaie, qui baigne dans le rouge. Qu’est-ce-que-c’est-que-ce-truc ? Mon cœur s’emballe, même si j’ignore à quoi ça rime exactement. Je suis en plein délire, je vais me réveiller, ce n’est pas possible.

Un frisson sordide me parcourt la nuque, déclenché par un fluide qui glisse le long de la jugulaire et sur mes omoplates. Je sens ce liquide tiède couler à côté de ma colonne vertébrale. C’est un filet de sang qui rampe jusque sur mes mollets avant de rejoindre les serviettes pourpres imbibées à mes pieds. Mes pieds, justement, viennent de heurter une arme de poing abandonnée à terre. Un pistolet que j’écarte du bout de l’orteil. Je n’ai pas le temps de m’y intéresser, car dans mon dos, couvrant mon souffle terrifié, un bruit sec de gants en latex me fait tressaillir. Ce claquement précède des sanglots lancinants à quelques mètres derrière moi. Il s’agit de pleurs, les pleurs d’une jeune femme accroupie dans l’obscurité, au beau milieu d’une pièce salement ravagée. Je ne rêve pas, il y a quelqu’un ici avec moi dans ce taudis.

Frêle et craintive, à peine éclairée par la lueur timide d’un écran qui grésille au fond de la salle, elle verse des larmes au cœur d’un chaos composé d’aiguilles, de machines à tatouer, de flacons et de serviettes en papier usagées. Elle est là, tremblant comme une feuille, entre quatre murs d’un squat glauque à faire peur, hoquetant comme une bête fragile. Elle est blonde, je crois. Blonde ou avec des mèches. Blonde et toute menue, recouverte de tatouages, elle aussi. Pourquoi portait-elle des gants ? C’est cette gamine qui m’a tatoué ? C’est elle qui m’a fait ça ? Est-ce qu’elle sait où on est ? Est-ce qu’elle sait pourquoi ? Est-ce qu’elle sait qui je suis ?

— Excuse-moi ? Hey ! Petite ? Psss… Qu’est-ce que je fais ici ?

Silence amer et pleurs poignants de cette ombre fragile, tout en noir et blanc.

— Oh ? Tu m’entends ? Tu parles ma langue ?

Elle ne me répond pas, non, elle semble sous le choc et totalement dépassée. Luttant contre mes premiers vertiges, je titube vers elle, je la scrute dans la pénombre, en cherchant à croiser les billes embuées qu’elle cache derrière de grosses lunettes reflétant par moment la lueur ténue de la salle d’eau. J’attends des réponses qui ne viennent pas, et à en croire son attitude, je devrais m’inquiéter. Vraiment m’inquiéter.

Du revers de la main, elle s’essuie le bout du nez après avoir reniflé, elle réprime ses derniers spasmes nerveux et ne daigne toujours pas m’adresser la moindre attention. Non, ce qu’elle fixe, d’un œil hagard, c’est cette flaque brune, celle qui reflète l’image de la télé freezant par moment, cette flaque qui s’étend sous une paire de jambes inertes. L’horreur percute mon cœur, le faisant cesser de battre une seconde, car ce que je vois me coupe le souffle. Un homme en uniforme est à terre. La vache, la moitié de sa tête est arrachée ! Il a le crâne pulvérisé par une cartouche, si je me fie au flingue qui traîne juste à côté. Une sueur froide s’empare de tout mon être, poussée par le vent glacé de nouvelles questions qui me font basculer dans le sordide. Pourquoi ce cadavre entre elle et moi ? Qui est ce type ? Bonté divine, qu’est-ce que j’ai fait ?

 

En conclusion

J’espère que cette nouvelle expérience de lecture va vous plaire et que vous serez au rendez-vous dès demain. Pour fêter tout ça, “Mes derniers mots” sera au prix de 0.99€ pour le lancement, histoire de vous remercier. On se retrouve ce soir pour un live sur mon mur, le fameux live qui précède la sortie. @ très vite, prenez soin de vous.

A propos de l'auteur

Matthieu Biasotto

Auteur indépendant toulousain, rêveur compulsif et accro au café. J'écris du thriller, du suspense avec une touche existentielle.

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