Lancement de Persécutée

Excuse-moi si tout est un peu confus. Si j’en oublie en cours de route, ou si tout n’est pas clair. C’est la première fois que je parle de mon histoire. Je ne m’en suis toujours pas remise. Est-ce que je pourrais vraiment m’en relever un jour ?[br][br]

Pauline Malinowski

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[br][br]{Sur les sentiers de la folie, personne n’en sort indemne. Moi, Pauline, je n’échappe pas à la règle}[br][br][br][br]

Ce vaste salon, je le connais bien. Mais ce n’est pas le mien. Tout a débuté dans cette pièce. Tout prend fin entre ces murs. Ici, j’ai été heureuse. Quelques fois, je dois l’avouer. Mais combien de blessures ? De trahisons. D’orages. De coups durs. Des centaines, si je creuse.[br][br]

Une hauteur sous plafond indécente. L’air est tiède. Sur les murs, des œuvres hors de prix. Des teintes flamboyantes dans lesquelles chaque trait est un cri. Les toiles se gorgent de l’éclat du jour à travers le parc. La fenêtre est encore ouverte. On y voit la végétation baignée de soleil. Ça sent l’herbe fraîche, des arômes de printemps. Dans le faisceau de lumière, les particules virevoltent. Une danse de la poussière. Innocente et mesquine. Le temps s’arrête, mais la vie continue, quoi qu’il arrive.[br][br]

Eux, n’ont rien vu. Les imposants miroirs ornés de moulures dorées. Dissimulés derrière des draps. Pourquoi ? Je ne me l’explique toujours pas.[br][br]

J’ai foulé ce parquet en chêne plusieurs fois en quelques jours. À contrecœur, c’est vrai. Ici, il n’y a plus de vie. Ou presque. Seulement de la douleur. Des dommages collatéraux. Un épais chagrin. Les cendres du chaos. Tout est redevenu paisible. Le silence règne en maître. On perçoit seulement une sonnerie étrange. En pointillé. Celle d’un appel émis. Un son fort. Précis. Enveloppant et profond. Clairement audible. Rebondissant sur les murs, sur chaque surface et partout dans la maison. Puis on discerne à nouveau le néant. Ponctuant la mort qui approche à grand pas. Une nouvelle fois.[br][br]

Sur l’immense table à manger, un document traîne. Une histoire de succession. Un acte notarié. Resté-là. Prêt à être paraphé. Mais il ne sera jamais signé. Juste à côté, un réceptacle à encens. Insipide bol en bronze. La fine fumée qui s’en échappe domine une bible usée. Ondulant au ralenti autour d’une coupe en métal sacralisée. Même dieu n’a rien pu faire.[br][br]

Il y a la colossale cheminée, spectatrice muette d’un désastre encore frais. Ces cadres photos entreposés qui prennent la poussière. Preuves d’un bonheur en surface envolé vers la postérité. Des diplômes en polonais. Juste au-dessus, des fixations accueillant un fusil de chasse. Mais l’arme n’est plus là.[br][br]

Sur le sol rigoureusement ciré par la propriétaire, du sel et un chapelet. Au creux d’une main sans force. Endormie pour toujours. Le corps d’un prêtre gisant non loin d’un sac de sport.[br][br]

Quelques mètres plus loin, le chat du voisin tente une infiltration impassible. Par la grande porte. Ses pas délicats sur les dalles lisses. Sa clochette discrète. Le museau au ras du sol. Au-dessus d’une flaque sordide. Flairant la bile répandue à terre. Contenu gastrique froid recouvrant un couple âgé. En l’occurrence, mes beaux-parents. Terrassés sur le carrelage dans l’entrée. Une écume létale au bord des lèvres de Christian. Elle, est morte en position fœtale. Recroquevillée par la douleur de son dernier souffle.[br][br]

La maîtresse de maison les contemple. Elle souffre. Il n’y a plus rien à faire. Assise au milieu de son canapé, un crucifix à ses côtés. Les larmes roulent entre les nombreuses rides de l’octogénaire. Des sanglots sans fin. Des regrets. De l’incompréhension. Tellement de questions. Dans une main, le camé qu’elle triture nerveusement. Dans l’autre, l’arme de chasse. Mais je ne peux pas le savoir. Je ne suis pas encore là.[br][br]

Au loin, les sirènes des secours qui approchent. Ils ne pourront rien sauver. Pas même son âme. Un signe de la croix en guise d’adieu. Pour une tourmentée en bout de course. Une vieille dame fortunée à bout de souffle. Pourtant, subsiste une étincelle de détermination. Dans ses yeux bleus, la recherche du salut. Recalée pour l’absolution, elle envisage la délivrance. Le canon porté à sa bouche sans aucune hésitation. La volonté d’en finir avec la folie. Ici et maintenant. Elle demande Pardon. Le doigt sur la gâchette. Les paupières se referment.[br][br]

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Elle tire.

[br]La suite de Persécutée sur Kindle[br]

Envie de continuer dans la tête de Pauline ? Prêt à plonger lentement et sûrement dans une expérience trouble ? Inspire profondément pour me rejoindre sur Kindle. Bienvenue dans une histoire étrange qui ne va pas te laisser de marbre.[br][br][br][br]

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Ps : Tu ne regarderas plus les miroirs de la même manière…