Après Moi le Déluge : Chapitre 1

A

Il reste 10 jours avant le lancement. Après-moi le Déluge arrive le 25 Septembre en format Kindle. Il s’agit de mon 7e roman, c’est peut-être le texte qui me ressemble le plus et je suis particulièrement heureux de vous dévoiler aujourd’hui le premier chapitre, histoire de vous plonger dans l’ambiance pour patienter 😉

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Résumé  :[br]

Deux trajectoires, une rencontre. Je ne suis pas quelqu’un de bien, je ne suis pas la bonne personne, elle voulait juste une main tendue, juste un peu d’aide… Ce qu’il y a de pire chez moi, cette gamine enfermée dans le coffre de ma voiture l’ignore. Je me déteste et elle ne sait pas encore à quel point. Je devais mourir, elle voulait vivre. Mauvaise personne, au mauvais endroit, au mauvais moment… Certains appellent ça le Destin… Ce qui va se passer par la suite m’appartient. Ça va tout changer, à jamais.[br][br]

On peut courir pendant des années, s’étourdir, s’enivrer, s’enfoncer dans des mauvais choix ou dans l’illusion d’avoir bien fait. On peut se mentir éternellement mais, quoi qu’il arrive, le passé finit toujours par nous rattraper.[br][br][br][br]

Le fameux soir[br]

Le ciel pourpre s’est retiré au-dessus des pavés du quai de Rive-Neuve depuis un moment déjà, drapant les restaurants face au Vieux-Port d’un voile qui pourrait sentir bon les nuits d’été, si je n’avais pas autant picolé. L’air tiède s’engouffre à travers la vitre comme pour me susurrer que je viens de faire une énorme connerie. La radio est en sourdine, je suis toujours en seconde, on roule au pas au milieu de petits groupes de touristes progressant vers les tables dressées en terrasse sous des stores bordeaux, dans une insouciance paradoxale. Paradoxale, parce que la menace est bien réelle, même s’il est vrai que le cadre peut faire rêver. C’est peut-être ce qui fait le charme de Marseille. Trajet saccadé. On est à l’arrêt, avant de progresser mètre par mètre. J’en profite pour palper du bout des doigts cette plaie qui me lance au niveau de la pommette. Elle ne m’a pas raté. Alors que je cherche à dissimuler les dernières traces de sang sur ma joue, je réalise que je n’ai toujours pas dessoûlé, toujours pas compris ce qui vient de m’arriver. Je ne devrais pas être dans cette caisse, je ne devrais pas être ici ce soir. Je ne devrais même pas être en vie à l’heure qu’il est.[br][br]

Si mes mains moites restent agrippées au volant, c’est surtout pour ne pas trembler. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je crois que j’ai perdu le contrôle, j’ai complètement déraillé… Ce qui est certain, c’est que j’ai trop bu et que mes idées sont loin d’être claires. La gorge nouée, le cœur battant à tout rompre, j’ai conscience de ne plus être tout à fait maître de la situation. La véritable question est : Est-ce que je l’ai déjà été ? Un gémissement étouffé, et quelques coups feutrés s’élèvent dans mon dos. Alors j’ajuste le rétroviseur et mon regard fixe la tablette arrière qui tressaute sous des assauts répétés. Je songe à cette môme qui cogne dans le coffre. Perdue, terrifiée, ballottée à l’arrière d’un Scénic fatigué gris métallisé. Je pense à ce qui vient d’arriver et à ce qui nous attend par la suite. J’effleure le cartilage de l’oreille qu’elle vient de m’exploser quelques minutes auparavant. Putain, je me déteste d’avoir fait ça. Elle n’aurait jamais dû me voir. Pas ce soir. Pas comme ça.[br][br]

Ça n’avance toujours pas, et je viens de comprendre pourquoi. L’idée me saute à la gorge, je suffoque. Les flics sont de sortie, ils la cherchent. Les autorités sortent les crocs et ont dressé un barrage le long du Vieux-Port. C’est un foutu contrôle routier, je vais me faire pincer et ils vont la retrouver, c’est sûr. J’ai le souffle court, je commence à paniquer. Je m’arrête et enclenche la marche arrière. Je veux me casser, prendre une autre route et éviter les ennuis. Éclairée par mes feux de recul, la Golf noire aux vitres teintées qui me suit ne bouge pas d’un iota. Ni cette caisse rabaissée ni les dizaines d’autres d’ailleurs. Pare-chocs contre pare-chocs, je ne peux pas faire demi-tour. Je suis contraint et forcé de progresser jusqu’au point de contrôle, comme on se rend à la potence, avec la certitude d’y passer.[br][br]

Les coups de pieds et les cris de la petite reprennent, elle panique. J’explose en une phrase et le calme revient à l’arrière. Ce n’est pas le moment de me les briser. Elle me craint, c’est déjà ça. Avec le stress et les artères dilatées par le rhum, j’ai du mal à penser. Je n’ose imaginer ce qui pourrait se passer si j’étais amené à souffler dans un ballon… Pire, si la gamine décidait de se manifester alors que je suis à l’arrêt et entouré de flics. Les faits ne jouent pas en ma faveur, je traverse la cité phocéenne bien éméché – pour ne pas dire carrément bourré –, avec une enfant dans le coffre. Une gosse qu’ils recherchent. Je ne pourrai pas l’expliquer. Je ne connais même pas son nom. Comment le justifier ? Et quand bien même… qu’est-ce que ça changerait ? [br][br]

Les pulsations s’écrasent contre mon torse alors que je me rapproche inévitablement de la sanction. À vingt mètres devant moi, les agents s’excitent dans des gilets fluo. Des fusils à pompe exhibés et des tronches graves puis sérieuses composent un dispositif musclé. Ils stoppent chaque véhicule d’un mouvement autoritaire à l’aide de lampes torches. Au niveau de l’intersection, mon œil glisse sur la droite et je comprends que je n’ai aucune chance de me faire la belle. Le seul espoir que j’avais pour m’enfuir est entravé par une herse tirée au sol. Je voulais me faufiler par le cours Jean Ballard en me disant que je pourrais leur faire à l’envers, mais ils ont pensé à tout.[br][br]

Il reste deux véhicules devant moi et je n’en mène pas large. En serrant les dents, je rappelle à la petite de ne pas broncher, avant de m’enfoncer dans mon siège. Là, tout de suite, j’aimerais disparaître. Le policier laisse passer le coupé BMW qui me précède et tend sa main d’un mouvement sec pour me stopper. On y est, ils vont me défoncer. L’agent approche de mon côté. Je déglutis difficilement. Ma respiration s’emballe, mon cœur se serre. Je suis sur le point de me liquéfier.[br][br]

Ma vitre se baisse, comme me l’ordonne le policier. Le mec s’apprête à m’aboyer dessus lorsqu’il s’arrête net et fixe du regard la bagnole qui me suit. J’aperçois dans mon rétroviseur les portières de la Golf noire qui s’ouvrent en catastrophe. Quatre jeunes prennent la tangente en courant, sous les yeux médusés des flics. Les mecs des quartiers nord détalent le long du port en se séparant. L’agent posté à mon niveau se met à hurler sur ses collègues afin qu’on intercepte les fuyards. À cette seconde précise, je n’existe plus, je ne l’intéresse plus. D’un nouveau geste de la main, sans même prendre la peine de me regarder, le flic m’indique de poursuivre mon chemin. Il insiste, agacé. Je dois dégager, je ne suis plus une priorité. Toute l’attention est maintenant portée sur les délinquants présumés. Je m’exécute en redémarrant et je me dis qu’il y a une justice, finalement.[br][br]

Le fourgon des poulets est derrière moi, je me sens vide et fragile, même si le pire vient d’être évité. Après avoir longé le quai des Belges, je ne réalise toujours pas. Je fais profil bas, je m’évapore par la Canebière et quitte la ville quelques minutes plus tard pour gagner une zone reculée avec des arbres à perte de vue. Après avoir repéré un coin sombre et tranquille à l’abri des regards, je coupe le moteur et descends de la voiture. Je pose mes mains sur le hayon en réprimant un tremblement qui me rend gauche. Au fond du coffre ouvert, deux grandes billes noires animées par la terreur me dévisagent. La gamine est paumée, sale et épuisée. Et moi, je suis perturbé. On reste là, à se faire face en silence. Puis, dans un soupir, j’avoue à la gosse :

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— Tu dois le savoir… Je devais juste mourir ce soir. Tu comprends ça ?
— Je vous en supplie… Aidez-moi…
— Je devais me foutre en l’air. Juste en finir… Et maintenant… qu’est-ce qu’on fait ?

 

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Ce fameux soir, tout a basculé. Ce fameux soir, j’ai déconné. Gravement. À moins que ce ne soit précisément le contraire…  Je me suis laissé entraîner, sans le savoir, dans un merdier qui va tout changer, à jamais. Comment j’ai pu en arriver là ? À bien y réfléchir, je crois que tout a commencé il y a quelques jours. Pour cette gamine, comme pour moi…

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Lire le chapitre 2

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A propos de l'auteur

Matthieu Biasotto

Auteur indépendant toulousain, rêveur compulsif et accro au café. J'écris du thriller, du suspense avec une touche existentielle.

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2 Commentaires
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Membre
Rebecca G
8 années il y a

Excellent! Absolument génial! C’est un sans faute. J’adore.

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[…] Pour rappel le chapitre 1 se trouve ici. […]

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