L’écho des absents
gianni
Je marche dans ce couloir glacial de la clinique privée, où tout est impeccable, du marbre brillant sous mes pieds aux éclairages tamisés. Les murs, d’un blanc éclatant, semblent se refermer sur moi, étouffant l’air. Le luxe ne masque pas la froideur du lieu, cette indifférence clinique qui n’offre aucun refuge à la souffrance. Chaque pas résonne doucement, amplifiant le vide oppressant que je ressens. Chaque écho rebondit contre les murs, mêlé à celui de mes pensées, lourdes et chaotiques. L’odeur discrète mais tenace imprègne chaque souffle, rappelant que malgré le confort apparent, la douleur persiste ici, invisible mais implacable.
C’est ici que les Rossi viennent se soigner, loin des hôpitaux impersonnels. Cette clinique, refuge et forteresse, a toujours été le lieu où mes parents, principaux actionnaires, veillaient à ce que la famille bénéficie des meilleurs soins. Mais aujourd’hui, ce lieu me semble plus oppressant que jamais. Aucun privilège ne peut alléger le poids qui pèse sur mes épaules. Les murs, autrefois rassurants, sont aujourd’hui des barreaux, m’enserrant peu à peu.
Je baisse les yeux, cherchant des réponses dans les veines du marbre, comme si leur tracé complexe pouvait m’éclairer sur ce que je ressens. Mes pensées s’égarent, perdues dans ces motifs indéchiffrables, tout comme moi dans cette situation. Mon père, cet homme indestructible, que j’ai toujours vu comme un roc, est à présent allongé, vulnérable. L’image de cet homme fort, désormais brisé par la maladie, m’est insupportable. Son visage, marqué par les années, n’est plus qu’une pâle imitation de ce qu’il a été. Je réalise que le temps finit toujours par vaincre, même les plus puissants. Comment l’homme qui m’a forgé, celui qui m’a inculqué la dureté et l’ambition, peut-il être réduit à ça ?
Je repense à mon enfance, quand sa simple présence me rassurait. Aujourd’hui, cette même main semble fragile, presque translucide. Cet homme est mon père, mais aussi l’opposé de ce que je veux devenir. Tout ce qu’il m’a appris semble aujourd’hui en contradiction avec ce que je recherche réellement : la liberté, l’authenticité, l’amour. Sa force, autrefois rassurante, est devenue un miroir cruel des attentes implacables qu’il a toujours imposées.
Je suis coincé entre l’amour que je lui porte et le rejet de ce qu’il incarne. Je ne peux m’empêcher de l’aimer, de le respecter pour la puissance qu’il représentait. Mais cette force, ces valeurs inflexibles, ont forgé en moi quelqu’un que je ne veux plus être. L’homme qui m’a appris à ne jamais fléchir est aujourd’hui aussi vulnérable que ceux qu’il méprisait. Cette ironie me déchire.
Je suis là, dans ce couloir, ma mère à mes côtés. Son visage est marqué par la fatigue, mais elle garde ce masque de calme et de dignité. Depuis toujours, elle a été le pilier silencieux de notre famille, supportant les tensions sans jamais fléchir. Pourtant, je sens son inquiétude. Elle brise enfin le silence, sa voix douce teintée d’angoisse.
— Comment ça s’est passé, avec lui ? Vous vous êtes encore disputés ?
Je serre les poings. Chaque conversation avec lui est une guerre de positions, un champ de mines où chaque mot peut exploser. Elle connaît déjà la réponse, mais je ne trouve pas les mots. Je repense à ce dernier échange, à son regard dur, aux mots tranchants qu’il a lâchés sans hésitation. Mon père et moi, c’est une lutte constante, un champ de bataille où aucun de nous ne cède. Je suis fatigué de ce combat, épuisé de ne jamais trouver de terrain d’entente.
— Ce n’est pas ta faute, Gianni. Est-ce que… c’est à cause d’Isabella ? Tu l’as revue, n’est-ce pas ?
Son regard se fait plus perçant, cherchant à comprendre ce que je lui cache. Mon cœur rate un battement. Isabella. Son nom, un simple mot, suffit à réveiller en moi un flot de souvenirs que j’aimerais enterrer. Rien de concret ne s’est passé, mais son retour a ravivé des regrets, des erreurs que je ne peux effacer. Sa présence plane encore sur moi, menaçant de tout détruire à nouveau.
— Ton père… il l’aimait tellement, Bella. Elle lui rappelait Chiara.
Chiara. Le nom tombe comme une massue, ravivant une douleur que je croyais lointaine. Ce nom résonne comme un coup de poing dans ma poitrine. Chiara, la brillante, la parfaite, celle que mon père adorait, celle que je n’ai jamais pu égaler. Même morte, elle continue d’occuper cet espace que je ne peux combler. Les absents, plus que les vivants, dictent parfois la vie de ceux qui restent. Isabella, avec ses sourires calculés, avait su captiver mon père de la même manière. Peut-être parce qu’elle lui rappelait une version de ce que j’aurais dû être. Peut-être parce qu’elle représentait la fille idéale que je ne serai jamais.
Je baisse les yeux, incapable de soutenir le regard de ma mère. Les souvenirs de ma sœur me submergent. Isabella menace de rouvrir des cicatrices que je pensais refermées. Ces deux femmes, si différentes et pourtant si semblables dans leur pouvoir de m’ébranler. Mon père l’a toujours vue comme un reflet de ce qu’il avait perdu, une promesse de perfection que je n’ai jamais pu incarner. Et cette comparaison continue de me hanter.
Soudain, mon téléphone vibre dans ma poche. Un rappel brutal du présent, me tirant des ténèbres du passé. Je le sors mécaniquement, espérant une distraction. Le prénom Giulia s’affiche en haut d’un message non lu. Mon cœur se serre. Je n’ai même pas la force d’ouvrir le message. Giulia, avec ses doutes, ses reproches silencieux, sait déjà que quelque chose ne va pas. Elle sait que j’ai revu Isabella. Son intuition, sa sensibilité me font peur, car elle voit à travers mes mensonges, mes hésitations. Ses yeux, pleins de souffrance et de questions, me hantent.
Je reste un instant figé, incapable de lire ce qu’elle m’a envoyé. Les mots non lus pèsent lourd, comme une vérité que je redoute. Giulia représente tout ce que j’essaie de construire, une échappatoire à ce passé qui me ronge. Elle est mon ancre, mon espoir. Mais je sens que je la perds, qu’elle m’échappe peu à peu, comme du sable glissant entre mes doigts. Mon incapacité à m’engager pleinement avec elle est en train de tout détruire.
Je m’apprête enfin à ouvrir son message quand une présence me tire de mes pensées. Le couloir, ce lieu de réflexion, est à nouveau envahi par la réalité. Un médecin s’approche, ses pas discrets sur le marbre froid, interrompant l’instant.
— Votre père est stable, mais il est encore très faible. Il a besoin de repos.
Je ferme mon téléphone et lève les yeux vers lui, sentant un soulagement timide monter. Un instant de répit, une parenthèse dans la tempête. Je jette un coup d’œil à ma mère, et nos regards se croisent, chargés d’une lueur d’espoir, minime mais suffisante pour nous garder à flot.
Je prends une inspiration avant de poser la question qui me brûle les lèvres.
— Est-ce que je peux le voir ?
Ma voix est basse, presque suppliante, comme si j’attendais désespérément que ce moment brise enfin la distance entre nous. Peut-être que, face à la maladie, nous pourrions enfin trouver un terrain d’entente. Mais le médecin secoue doucement la tête, son visage empreint d’une fausse compassion.
— Il a demandé à voir seulement votre mère pour le moment. Mais vous pouvez rester à proximité, au cas où il aurait besoin de vous.
Le choc est brutal, comme un coup porté en plein cœur. Mon père, même dans sa faiblesse, maintient cette barrière entre nous. Un rejet silencieux, mais plus destructeur que tous les mots que nous avons échangés dans la colère. Un rejet qui, cette fois, me semble définitif. Je détourne les yeux, tentant de dissimuler la douleur qui me broie. Un fils toujours tenu à distance, même lorsque la fin semble proche.
Ma mère me regarde, ses yeux pleins de compassion, mais je ne peux soutenir son regard. Je me sens plus seul que jamais, abandonné par l’homme que j’ai tenté de comprendre toute ma vie. Incapable d’échapper à cette spirale de culpabilité, de regrets et de doutes qui m’engloutit, je me laisse envahir par ce vide qui ne cesse de grandir.
Giulia
Le hall de l’hôpital me paraît immense et oppressant, comme si les murs s’étiraient tout en se resserrant autour de moi. Chaque lumière m’aveugle, creusant un peu plus mes doutes et mes angoisses. Les néons projettent des ombres rigides sur le mobilier anguleux, accentuant la fatigue des infirmières qui passent rapidement, silhouettes floues sous l’éclairage artificiel. Tout semble figé dans une attente insupportable, sauf mon esprit, qui tourbillonne entre souvenirs déchirants, peurs grandissantes, et maintenant, cette trahison qui m’assaille de plein fouet.
L’odeur du désinfectant m’agresse, âcre, presque métallique, rappel constant de la douleur accumulée dans cet endroit glacial. Sous mes doigts, le tissu rêche de ma veste irrite ma peau sensible. Je voudrais effacer cette réalité brisée où tout se délite, sans que je puisse y faire quoi que ce soit.
Marco est là, juste devant moi, tenant deux gobelets de café. Son visage assombri trahit une gravité inhabituelle. L’expresso fume légèrement, mais l’arôme amer ne parvient pas à masquer l’odeur stérile omniprésente. Son regard, fatigué, dissimule une douleur. Tout en lui trahit un fardeau qu’il n’a pas la force de partager, mais le silence devient si lourd qu’il va finir par parler.
Je sens qu’une vérité terrible est sur le point d’éclater, une vérité à laquelle je ne suis pas prête. Pas après tout ce qui s’est déjà écroulé autour de moi.
— Giulia…
Sa voix est si douce qu’elle me fait frissonner. C’est pire que s’il avait crié, cette précaution me glace, prélude à l’inévitable.
— Je viens de parler à mon colocataire, celui qui fait la plonge à La Sponda…
Mon cœur se fige. Le nom du restaurant m’est trop familier, et avant qu’il ne termine, une boule d’angoisse monte dans ma gorge. Mon esprit devine déjà ses mots, repoussant ce qu’il va dire, mais la trahison approche, implacable.
— Il a vu Gianni avec Isabella, sur la terrasse de La Sponda… quand ton frère était en danger.
Les mots de Marco me frappent comme une décharge. Gianni. Isabella. Leurs noms se mêlent comme un poison qui envahit chaque fibre de mon être. Une trahison, ici, maintenant, alors que tout s’effondre ? Comment a-t-il pu ?
Le bourdonnement des machines s’amplifie dans ma tête, écho moqueur de l’hôpital. Le café que Marco tient toujours fume, mais son odeur amère me dégoûte désormais, imprégnant ma bouche d’une amertume insupportable.
— Quoi ?
Ma voix tremble, froide, dénuée d’émotion. Je voudrais hurler, mais les mots ne sont qu’un murmure.
— Pourquoi il ne m’en a pas parlé ?
La question reste suspendue entre nous. Le silence de Marco ne peut y répondre. Seulement ce vide, ce gouffre qui s’élargit sous mes pieds, m’entraînant dans une chute sans fin.
Les yeux de Marco reflètent ma tristesse, mais j’y vois aussi une colère sourde, un feu qu’il réprime. Il pose doucement une main sur mon épaule. Son geste, chaleureux, apaisant, me paraît étranger, lointain, alors que je suis perdue dans cette douleur dévorante.
— Je ne sais pas, Giulia. Mais ça n’a pas l’air bon.
Sa voix se brise légèrement. Je détourne le regard, refusant cette vérité cruelle. Gianni… avec elle, alors que mon frère lutte pour sa vie. L’image s’impose à moi, implacable, détruisant les rares certitudes qu’il me restait. Isabella… appartenait au passé, un passé que je croyais enterré.
Un raclement de gorge attire mon attention. Un médecin s’avance, son visage grave, et avant même qu’il ne parle, je sais que ses mots n’apporteront aucun soulagement. Mon cœur se serre si fort que j’ai l’impression qu’il va éclater.
— Il montre des signes d’infection. Nous faisons tout notre possible, mais les prochaines 24 heures seront cruciales.
Ses mots s’enroulent autour de moi, tranchant doucement, comme des épines qui s’enfoncent sous la peau. Je sens mon souffle se bloquer, chaque seconde s’étirant en une éternité. J’ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort. Puis, dans un murmure brisé, je parviens à parler :
— Faites tout ce qui est nécessaire, je vous en supplie…
Mon cœur bat douloureusement, chaque pulsation résonnant comme un glas, mes mains tremblent sous ce poids insupportable. Mon frère, mon pilier, la seule personne qui m’a toujours soutenue, et maintenant, même lui est en danger, son sort suspendu à une fragilité terrifiante.
Je me tourne vers Marco, cherchant désespérément un repère. Mais tout ce que je trouve, c’est cette trahison qu’il vient de dévoiler, ces mots, et Gianni, si loin de moi, si loin de tout ce qui compte. Comment a-t-il pu me trahir ainsi ? Le doute me ronge, me dévore de l’intérieur. Comment peut-on aimer et trahir à ce point ?
Marco m’observe toujours, ses yeux emplis de compassion, mais aussi d’une gravité pesante, un fardeau qu’il semble porter avec moi.
— Tu mérites mieux, Giulia.
Ses mots, doux, sincères, frappent comme un coup de plus à mon cœur. Je suffoque sous cette douleur, cette révélation que Gianni, en qui j’avais tant confiance, m’a trahie d’une manière que je n’ose encore comprendre. Ai-je été aveugle tout ce temps ?
Les murs de l’hôpital semblent se refermer sur moi, écrasant le peu d’espoir qui me restait. Tout ce que je croyais connaître de Gianni s’effondre, emporté par une vague de doutes et de trahisons.
Gianni
Le couloir s’étire devant moi comme un abîme sans fin. L’air glacial y est saturé d’un désespoir stagnant. Les murs, d’un blanc clinique, et les ombres longues des lumières tamisées m’écrasent. Chaque surface suinte une mélancolie inextinguible. Les reflets déformés sur le marbre me renvoient l’image de ce que je refuse de devenir. Ma respiration se fait difficile, les murs se resserrent, m’étouffent. Giulia hante mes pensées, ses yeux remplis de reproches muets, écho de tout ce que j’ai détruit, un poids qui m’écrase de l’intérieur. La honte me submerge. Dernier des salauds, irrécupérable. Est-il encore possible de racheter quoi que ce soit ? Autour de moi, le monde s’effrite comme un tissu trop usé.
Puis, un son me parvient. Un sanglot étouffé, un cri silencieux. Je m’arrête net. C’est ma mère. Elle, si digne, ce pilier inébranlable face aux tempêtes. Mon cœur se serre, comprimé par une main invisible. Une partie de moi hurle de fuir, de m’éloigner de cette douleur qui n’est pas la mienne. Mais mes pieds refusent de bouger, comme enchaînés au sol.
Je la vois sortir de la chambre de mon père, le visage ravagé par des larmes qu’elle essuie maladroitement, ses mains tremblantes. Elle semble plus petite, courbée sous le poids des années. Ce n’est pas l’image que je veux garder d’elle. Je fais un pas, puis un autre, mes chaussures résonnant sur le sol comme une étrange mélodie funèbre, jusqu’à me retrouver face à elle. Instinctivement, ma main se lève pour essuyer une larme, mais je m’arrête, suspendue, tremblante, hésitant. C’est absurde. Les Rossi ne montrent pas leur faiblesse, même entre eux. Raide, cloué sur place, je lui tends un mouchoir, maladroit, comme un enfant face à la douleur de sa mère. Elle prend le mouchoir sans me regarder et murmure :
— Il a refusé que je l’embrasse. Il a dit… ton père a dit qu’il était déjà marié.
Ces mots me percutent comme un coup de poing. Mon père. Son esprit autrefois imprenable qui sombre dans la confusion. Ce n’est pas la première fois, mais l’entendre de ma mère, le voir dans ses larmes, c’est différent. Sa douleur devient palpable, écrasante. Elle lève les yeux vers moi, cherchant des réponses, du réconfort, tout ce que je ne suis pas prêt à offrir. Elle inspire profondément, sa voix tremble mais gagne en force.
— Les médecins disent qu’il a des caillots dans les poumons, et certains dans le cerveau. Ça fait un moment qu’il oublie des choses, qu’il ne reconnaît plus certains visages. Ils pensent que ton père… commence à perdre pied.
Je reste figé, les mots tournant en boucle dans ma tête. Mon père, l’homme indestructible, réduit à l’état d’un esprit brisé. Une part de moi se sent presque soulagée, comme si le fardeau des attentes pouvait enfin se dissiper. Mais une autre part sait que ce ne sera jamais aussi simple. Les souvenirs demeurent, gravés en moi, indélébiles. Comment savoir ce qui relevait vraiment de lui, ou de la maladie ? Soudain, ma mère se redresse, ses épaules se raffermissant, son regard se durcissant en deux lames glacées.
— Les Rossi ont toujours un plan. Alessandro et moi avions prévu cela. Ces absences, ces oublis, je les ai vus venir.
Elle agrippe doucement mon bras, un geste léger qui me transperce, réveillant quelque chose de profondément enfoui en moi. Ça me trouble plus que je ne l’admets. Elle baisse la voix, son regard parcourant le couloir, comme si elle craignait d’être entendue.
— Dans le bureau de ton père, derrière le compartiment secret du tiroir principal, il y a une chemise en cuir avec le logo de la famille. Tout est dedans, Gianni. Le plan pour la suite, les affaires à régler, les assurances, les partenaires. Tout.
Sa voix flanche une seconde, mais elle reprend, chaque mot tendu comme une passerelle au-dessus du vide.
— C’est toi qui dois reprendre le flambeau. Il est fort probable que ton père ne soit plus apte à gérer quoi que ce soit. Et tu dois agir vite. Beaucoup de gens attendent une faiblesse de notre part.
Je sens le poids de ses paroles s’abattre sur moi, une ancre qui m’attache à un destin dont j’ai toujours voulu m’éloigner. L’empire des Rossi. Mon père. Ce monde de pouvoir, cette toile dans laquelle j’ai toujours refusé de me laisser prendre. Mais je vois la peur dans ses yeux, cette lueur vacillante, la confiance désespérée qu’elle place en moi. Elle espère que je peux tenir. Reprendre. Assumer.
— Je vais m’en occuper.
Les mots sortent, rauques, incertains, presque un mensonge à moi-même. Mais je n’ai pas le choix.
Elle hoche la tête, relâchant lentement mon bras, comme si elle s’arrachait une part d’elle-même. Une part de moi voudrait la prendre dans mes bras, la rassurer, lui dire que tout ira bien. Mais ce n’est pas ce que nous sommes, ce n’est pas ce que nous avons appris à être. Alors je reste là, immobile, contemplant le vide, sentant le grondement lointain de la tempête à venir. Je n’ai pas d’autre option que de l’affronter. Pour elle. Pour moi. Pour tout ce que je ne suis pas certain de pouvoir encore sauver.
Les paroles de ma mère résonnent en moi. Ce n’est pas une simple demande. C’est une transmission, un passage de relais. Rien ne sera facile. Mais dans ce couloir froid, avec l’ombre de mon père planant derrière nous, je comprends que c’est à moi de tenir. Un Rossi, même brisé, doit rester debout.
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