Faida – Chapitre 82

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Sous le Joug des Puissants

giulia

Lorsqu’on arrive au port, l’atmosphère devient pesante. Mon cœur s’emballe à la vue de La Speranza, encerclée par des rubans de sécurité, sous la surveillance de policiers. Chaque pas vers ce bateau me rapproche d’une réalité insoutenable. Ce navire, autrefois symbole de fierté et d’héritage familial, semble désormais figé, comme un monument condamné à disparaître.

Des hommes en uniforme discutent avec des ingénieurs, leurs voix basses mais graves. Je capte des bribes de conversation : inspection, vétusté, décret applicable sous 48 heures. Chaque mot me boxe, accentuant ma panique.

Soudain, Marisa apparaît à mes côtés, haletante, son visage marqué par l’inquiétude.

— Giulia ! Ils ont déjà fait une inspection préliminaire. L’ingénieur en chef recommande une évaluation complète.

— Quoi ? Ils sont montés à bord ?

— Ils parlent de bloquer La Speranza au quai jusqu’à ce qu’elle soit jugée conforme. Sinon… elle restera ici, immobilisée. Et ensuite…

— Qu’est-ce qu’il y a ensuite ?

Ma question est aussi faible qu’une fusée de détresse dans la brume.

— Ce sera la mise aux enchères, Giulia. Comme dans le testament de ton grand-père…  

Je suis pétrifiée. La Speranza, l’héritage de toute notre famille, pourrait être condamnée. Mes jambes sont lourdes, incapables de me porter plus loin. Tout ce que je veux, c’est protéger ce bateau, mais il m’échappe.

— C’est un cauchemar…

Ma voix se brise sous l’émotion. Derrière moi, je sens Ezio bouillonner. Depuis des jours, il retient sa colère, mais aujourd’hui, elle explose. Il s’avance, le visage tordu par la rage, et hurle :

— C’est quoi ce bordel ? Qui est responsable de cette merde ?!

Les policiers et ingénieurs se retournent d’un bloc, surpris par cette agression soudaine. Ezio, toujours prêt à défendre ce qu’il aime, est au bord de l’explosion. Un homme, probablement l’ingénieur en chef, s’avance, l’air fatigué mais résolu.

— Monsieur, je suis responsable de cette inspection. Nous appliquons un décret de vétusté. Ce bateau présente un danger pour le public.

Ezio devient rouge de colère. Il fait un pas menaçant vers l’ingénieur, mais je me glisse rapidement entre eux, posant mes mains sur son torse pour le retenir.

— Ezio, calme-toi, s’il te plaît…

Il me fixe un instant, hésitant. J’ai beau le supplier des yeux de ne pas tout compliquer, la fureur en lui est trop forte. Il m’ignore et continue de hurler :

— Un danger pour le public ? Ce bateau est un putain d’héritage ! Vous voulez le condamner juste parce qu’il est vieux ? Vous n’avez aucune idée de ce qu’il représente !

L’ingénieur reste impassible, son professionnalisme intact face à la tempête d’Ezio.

— Monsieur, cette décision n’a pas été prise à la légère. La sécurité publique est notre priorité. Si les mises en conformité ne sont pas faites rapidement, nous maintiendrons La Speranza ici, à quai.

Ses mots résonnent comme une sentence. À côté de moi, je sens Ezio se tendre davantage, prêt à en découdre. Je pousse plus fort contre lui, suppliant.

— Ezio, ne fais pas ça, s’il te plaît… Tu sais ce qui arrivera si tu perds le contrôle…

Il le sait. Ezio a déjà eu des démêlés avec la justice. Un seul faux pas, et tout pourrait basculer de nouveau. Il me fixe un moment, puis finalement, il recule d’un pas, un soupir de frustration s’échappant de ses lèvres.

— Putain de merde…

Toujours en ébullition, il gronde, peste, en veut à la Terre entière. L’ingénieur, voyant que la situation se calme un peu, reprend, mais avec un ton plus mesuré.

— Vous avez encore un peu de temps pour effectuer les réparations nécessaires, mais si elles ne sont pas faites dans le délai imparti, La Speranza restera ici.

Ezio explose à nouveau, incapable de contenir sa colère.

— C’est du vol ! Vous balancez vos conneries de vétusté juste pour nous foutre dans la merde !

L’ingénieur, imperturbable, répond calmement.

— Monsieur, nous ne faisons qu’appliquer les ordres.

Le mot « ordres » me glace. Il n’a pas dit « lois », mais « ordres ». Quelque chose cloche. Je fronce les sourcils, réalisant qu’il y a peut-être plus derrière cette décision que la simple sécurité publique. Ezio semble l’avoir compris aussi, ses yeux brûlants de rage.

— Des ordres ? Et ces ordres, ils viennent de qui ?

L’ingénieur hésite une fraction de seconde, mais c’est suffisant pour qu’un doute s’installe. Son visage reste neutre, mais ses yeux trahissent une vérité qu’il ne peut dire.

— Ces décisions… viennent parfois de plus haut…

L’homme l’admet enfin, presque à contrecœur. Mon estomac se noue. Ce n’est pas qu’une question de sécurité. C’est une manœuvre, orchestrée par des gens puissants. Des gens comme les Rossi.

— Plus haut… Ces fils de pute qui tirent les ficelles, hein ?

Les poings d’Ezio tremblent de rage. L’ingénieur reste silencieux, mais nous savons tous les deux. Gianni… Est-il mêlé à tout ça ? Était-il au courant ?

Ezio s’approche de l’ingénieur, menaçant, sa voix réduite à un murmure chargé de violence.

— Qui ? Dis-le-moi, bordel ! Si ça comment par « Ro » et que ça se termine par un putain de « Si », je vais péter un câble !

L’ingénieur baisse les yeux, sans répondre.

— Monsieur, je ne peux rien dire de plus… Mais sachez que des gens très influents s’intéressent à ce dossier. Si j’étais vous, j’éviterais de m’attirer des ennuis.

Mon cœur se serre. Je savais que les Rossi avaient du pouvoir, mais à ce point ? Ce piège est bien plus grand que je ne l’imaginais. Et Gianni… A-t-il été manipulé, ou est-il un acteur dans ces manigances ?

Les hommes en uniforme poursuivent leur inspection, indifférents à notre désespoir. Je fixe La Speranza, prisonnière de ces barrières, et le désespoir m’envahit. Tout s’effondre. Je suis comme ce bateau : figée, impuissante, incapable de bouger alors que tout ce que j’aime m’échappe.

Ezio, quant à lui, est à la limite de l’explosion. Il murmure, à peine audible :

— Ces enculés vont le payer, Giulia. Je te le promets. Ils le paieront, qu’ils soient Rossi ou pas.

 

 Gianni

Au cœur de cet entrepôt douteux, le poids de mes décisions m’écrase. Chaque inspiration devient une épreuve, chaque battement de cœur résonne comme une trahison. Les papiers que je tiens, légers en apparence, pèsent comme des chaînes autour de mon cou. Des contrats signés sous la contrainte, scellant un destin que je déteste. Refuser n’était pas une option. Éveiller des soupçons aurait été pire.

Massimo… Bien qu’absent, il est partout, une ombre omniprésente. Aujourd’hui, cette ombre m’enveloppe entièrement. Le pouvoir qu’il m’a confié n’est qu’une illusion, une prison dorée. Ces contrats, ces accords, ces chaînes invisibles sont autant d’instruments de ma chute que des clés pour collaborer avec Elena Verdi.

Isabella, elle, symbolise tout ce que j’ai perdu et tout ce dont je ne veux plus. Au milieu des barils, sa voix douce mais tranchante au téléphone m’agace. Il fut un temps où son sourire dissipait mes doutes. Aujourd’hui, il ne reste que froideur et cruauté. Ses gestes, jadis réconfortants, sont devenus ceux d’une alliée de Massimo, prête à m’entraîner plus profondément dans cette toile de mensonges. Elle est passée d’amante à bourreau silencieux.

Mon téléphone vibre. Un message de ma mère : « Ton père est stabilisé. » Un soulagement bref, suivi d’une nouvelle vague d’inquiétude. Ce n’est pas juste concernant sa maladie. C’est ce fardeau familial, ces attentes jamais satisfaites mais toujours là, pesant sur moi comme une montagne. Le nom Rossi nous lie tous, même dans la douleur. Même dans la noirceur.

De retour à l’hôtel, je suis seul avec mes démons. Les murs de la chambre se referment sur moi. Chaque pensée est une torture. La lumière tamisée projette des ombres dansantes, reflets du chaos en moi.

Je laisse tomber la mallette sur le lit, plus lourde que ses papiers. Ce bruit sourd résonne comme un écho de mon propre épuisement. Je m’effondre dans le fauteuil, les yeux rivés sur elle. L’idée de l’ouvrir me glace. Dans cette mallette se trouvent des preuves. À l’intérieur, des photos prises à l’entrepôt, quand Isabella m’a brièvement laissé seul pour passer son coup de fil. Des fragments du plan monté en secret pour honorer la mémoire de Chiara, pour donner à Elena les armes contre Massimo. Cette mallette, c’est mon salut ou ma perte.

Le zip de la mallette crisse dans le silence. J’en sors les documents. Des barils, des étiquettes, des preuves du trafic que je suis censé protéger. Chaque image est une pièce du puzzle qui pourrait détruire Massimo… et m’emporter avec lui. J’y joins les clichés, les enregistrements audios de mon téléphone. Isabella, convaincue de ma loyauté, parlait sans se méfier : « L’argent ? Ça n’a rien à voir. C’est une question de pouvoir. Ton oncle est la loi ici. Suis les règles… » Ses mots capturés résonnent, lourds de menaces.

Mes mains tremblent alors que je transfère les fichiers sur mon compte de stockage sécurisé. Ce n’est pas seulement la peur d’être pris. C’est la terreur de ce que je suis devenu. Je ne suis plus Gianni Rossi, l’héritier d’une famille puissante. Je suis un traître infiltré, jouant un jeu mortel. Chaque preuve accumulée me coupe un peu plus de moi-même, et de Giulia.

Giulia… Son nom me transperce. Que penserait-elle si elle savait ? Si elle comprenait que je trahis non seulement ma famille, mais elle aussi, en jouant ce double jeu ? Je fais tout ça pour nous protéger. Mais à quel prix ? Dans les jeux de pouvoir, la loyauté est souvent la première victime. Chaque jour me rapproche de l’instant où tout s’effondrera. Et alors, il n’y aura plus de retour en arrière.

Je ferme les yeux, tentant de calmer mon cœur affolé. La voix d’Elena résonne dans mon esprit, m’invitant à la plus grande prudence. Mais comment ne pas prendre de risque quand chaque mouvement peut être le dernier ? Les preuves que je lui ai déjà envoyées sont suffisantes pour commencer, mais il en faudra plus. Toujours plus. Et à chaque pas, je m’éloigne de l’homme que j’étais.

L’écran de mon ordinateur brille faiblement, projetant mon reflet marqué par la fatigue. Ce visage… ce n’est plus moi. Qui suis-je devenu ? Où est cet homme qui croyait pouvoir tout changer sans se perdre ? Chaque fichier téléchargé pèse un peu plus sur ma conscience, un peu plus sur les secrets que je cache à Giulia.

La solitude de cette chambre m’oppresse. Je me lève et m’approche de la fenêtre. Naples s’étend devant moi, un océan de lumières. Mais ces lumières ne parviennent pas à éclairer les ténèbres en moi. Il n’y a plus de retour possible. Massimo, Isabella, Elena, Giulia… Tous attendent quelque chose de moi. Et moi, seul, j’essaie de ne pas sombrer.

Je referme l’ordinateur, puis m’effondre sur le lit, mes mains enfouies dans mes cheveux. Le poids de mes décisions m’écrase. Chaque respiration devient un combat, chaque pensée une trahison. J’ai terminé le transfert des fichiers, des preuves que j’ai minutieusement accumulées contre Massimo, quand mon téléphone vibre sur la table de chevet. Un message de Giulia. Mon cœur se serre instantanément.

« Bravo à ton oncle et sa mafia… Ils ont réussi. »

Je fronce les sourcils. De quoi elle parle ? Avant même que j’aie le temps de répondre, un autre message arrive :

« Massimo a fait pression. Il a gagné. Il va m’enlever La Speranza et tout ce qui reste de notre avenir. »

Les plus cruelles des tempêtes naissent souvent dans les silences de ceux qu’on aime. Mon cœur rate un battement. La Speranza… ce bateau, cette icône de tout ce qu’on a construit ensemble. Sans réfléchir, j’appelle Giulia. J’ai besoin de comprendre, de l’entendre, de saisir ce qui se cache derrière ses mots pleins de rage. La dernière fois que j’ai entendu sa voix, elle était empreinte de doutes, d’incertitudes. Mais cette fois, c’est une amertume brutale qui m’accueille lorsqu’elle décroche.

— Alors, les Rossi sont contents ? C’était ça le plan depuis le début ? Corrompre les autorités, forcer une inspection de La Speranza, la dévaluer, et me coincer, hein ?

Ses mots claquent comme des gifles. Mon souffle se bloque un instant, un nœud se forme dans ma gorge.

— Giulia… Qu’est-ce que tu veux dire ? Qu’est-ce qui se passe ? Quelle inspection ?

Sa voix éclate de colère, mais sous cette fureur, je décèle autre chose, une douleur plus profonde que je n’avais osé imaginer.

La Speranza, Gianni ! Ton oncle a fait pression, ils vont tout faire pour me ruiner, me couper toute échappatoire, me forcer à capituler. Massimo a obtenu ce qu’il voulait… et toi, tu n’as rien fait pour l’arrêter !

Chaque mot me transperce. La Speranza, ce bateau qui symbolise tout ce que nous avons partagé, tout ce que j’ai essayé de préserver. Et moi, aveugle, je n’ai rien vu venir.

— Giulia, je te jure que je n’étais au courant de rien…

— Pourtant, j’ai reçu la mise en demeure… L’inspection préliminaire est déjà faite… C’est un cauchemar, Gianni…

— Une inspection ? Dis-moi que ce n’est pas vrai…

Un silence s’installe, lourd, pesant. Puis sa voix se brise. La colère cède place à une souffrance profonde, une douleur que je ne peux ignorer.

— Je ne sais pas quoi faire… Ils prétendent que c’est pour la sécurité, mais tu sais ce que ça signifie. Ils vont tout détruire… nos projets, notre avenir…

Son désespoir me frappe de plein fouet. Je sens son épuisement, sa vulnérabilité, et je me souviens de cette nuit de la San Pietro, quand elle avait été impuissante, humiliée avec la même force qu’aujourd’hui. La colère monte en moi, mais aussi une détermination nouvelle face à la crise, l’urgence pulse dans mes veines. Une force que je n’avais plus ressentie depuis longtemps. Je ne peux pas la laisser affronter ça toute seule.

— Giulia, écoute-moi… Je vais prendre le premier vol pour Naples. Je te le promets, on va trouver une solution. Tiens bon. Je suis là.

Ma voix se veut ferme, mais au fond de moi, je sais que cette promesse est fragile, incertaine, flottant dans un océan de ténèbres. Je raccroche, submergé par la pression. Je jette quelques affaires dans ma mallette, verrouille l’ordinateur et quitte la chambre d’hôtel en trombe.

Les couloirs défilent autour de moi, flous, indistincts. Pas le temps de mentir à Isabella. Chaque pas résonne comme un compte à rebours. Un taxi m’attend dehors, les lumières de Calabre défilent à travers la vitre, floues, irréelles.

L’aéroport se dresse bientôt devant moi, baigné dans l’obscurité de la nuit. Tout est précipité : billet acheté en urgence, contrôle de sécurité où le personnel me scrute avec suspicion. La moindre seconde me paraît une éternité, chaque geste pèse une tonne. Mon cœur bat à toute allure, mes pensées tourbillonnent dans un engrenage d’incertitude. L’embarquement est enfin annoncé. Je me lève d’un bond, le corps en alerte, l’esprit embrumé.

Le vol lui-même se déroule comme dans un rêve brumeux. Le décollage me sort momentanément de ma réalité. Calabre disparaît sous les nuages, et je me retrouve suspendu entre deux mondes, sans plus aucune maîtrise sur rien.

Lorsque on se pose sur le tarmac de Naples, la ville est déjà engloutie par la nuit. La fatigue pèse sur mes épaules, mais l’urgence me pousse en avant. Je récupère mon Alfa Romeo Stelvio rouge, garée à l’aéroport. Les warnings éclaboussent les piliers de béton du parking à l’ouverture des portières. Le rouge vif semble terne sous les néons de l’aéroport, mais c’est un repère solide dans ce courant qui m’emporte.

Après un point d’étape envoyé par texto à Giulia. Je quitte l’aéroport à toute allure, mes pensées fixées sur elle et La Speranza. Chaque kilomètre qui me rapproche d’elle est un rappel douloureux de tout ce que je pourrais perdre. Mes doigts se crispent sur le volant, mes nerfs tendus à l’extrême.

La route serpente sous les phares, la nuit est lourde, la circulation presque inexistante. Je m’approche d’une intersection, un feu rouge clignote à l’orée d’un virage. Je ralentis, et c’est là que tout bascule.

Dans le rétroviseur, je remarque une moto s’approcher. Deux hommes casqués, et une sensation de malaise me gagne. Sans attendre, je verrouille les portes de l’Alfa Romeo, mon instinct en alerte. Mon cœur bat plus fort, l’adrénaline se répand dans mes veines. Le feu est toujours rouge. La moto accélère, se positionnant devant mon capot, me bloquant toute échappatoire.

Le passager descend, un pied-de-biche à la main. Je n’ai pas le temps de réagir. Le premier coup explose ma vitre, les éclats de verre volent dans l’habitacle. Je lève un bras, instinctivement, pour me protéger, mais trop tard. Le pied-de-biche s’abat sur ma tempe. Une douleur fulgurante me traverse le crâne, mon souffle devient chaotique, mes pensées vacillent.

L’agresseur ouvre la portière avec une brutalité sans nom, me tire de force hors de la voiture. Mon corps s’écrase lourdement contre le bitume, chaque impact résonne dans mes os. La mallette… elle est encore sur le siège avant, entourée des débris de verre. L’homme la saisit sans hésitation.

— Non… Je suis avec le Signor Bianco !

Persuadé que la ‘Ndrangheta veut me rappeler à l’ordre, je crache le nom de mon oncle comme un bouclier désespéré, espérant que ça puisse me sauver. L’homme se fige une seconde sous son casque, mais son acolyte ne retient pas ses coups et lance la mallette au pilote de la bécane. Tout ce que j’ai accumulé contre Massimo disparaît sous mes yeux.

L’un des motards me frappe à nouveau. Une botte s’écrase sur mon flanc, me coupant le souffle. Un rire froid s’élève, et dans le chaos, j’entends :

— Tu crois que ça va t’aider, Rossi ? Signor Bianco ou pas, t’as plus rien à foutre à Positano. Le prochain coup, on te fera la peau.

Un dernier coup de semelle me plonge dans un silence assourdissant. Le motard simule un pistolet avec ses doigts, mime mon exécution avant de remonter sur la moto. Ils s’éloignent dans un rugissement.

Je reste là, étendu sur l’asphalte, la vitre de l’Alfa Romeo brisée, tout comme mes espoirs. Chaque décision que j’ai prise m’a poussé un peu plus près du bord, et je me demande combien de temps encore je pourrai tenir. Mais Giulia m’attend. La Speranza est en danger, et même si tout semble perdu, je ne peux pas abandonner.

Pas encore.

 

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A propos de l'auteur

Matthieu Biasotto

Auteur indépendant toulousain, rêveur compulsif et accro au café. J'écris du thriller, du suspense avec une touche existentielle.

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