Faida – Chapitre 47

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Le Poids de l’Amnésie

gianni

ici et maintenant…

La lumière glaciale de la pièce me transperce, des éclats blancs qui s’infiltrent derrière mes paupières à chaque clignement. Je veux bouger, mais mes membres sont lourds, enchaînés par un poids invisible. Mes os semblent faits de plomb, chaque tentative de mouvement s’écrase contre une force implacable, me clouant à cette réalité distordue.

Ma poitrine est oppressée, chaque respiration devient une lutte pour l’air, comme si une main invisible cherchait à m’étouffer. Tout autour de moi est flou, les contours des objets se fondent dans une brume épaisse. Mes pensées sont piégées, emmêlées dans un brouillard dense, menaçant de m’engloutir.

Des silhouettes floues défilent devant moi, des médecins, des ombres dont la présence se dissout dans un murmure lointain. Leurs mots se perdent, noyés dans une mer de confusion. Un sentiment de panique monte doucement en moi, comme une marée noire, prête à dévorer tout sur son passage. Instinctivement, mon regard se pose sur la table de chevet. Là, un bracelet à breloques.

Je le fixe, et pourtant, plus je le regarde, plus mon angoisse grandit. Ces petites bouées dorées semblent promettre une vérité insupportable, une vérité que je crains de découvrir. Chaque tentative de rassembler les fragments de souvenirs qui remontent à la surface échoue. Je les frôle, mais ils s’échappent aussitôt, comme des grains de sable entre mes doigts. Elles ont un sens, je le sais. Mais dès que je m’en approche, elles disparaissent.

Le visage flou d’une femme s’impose dans mon esprit, vacillant, insaisissable. Ses traits me sont familiers, pourtant impossibles à saisir. Ses cheveux flottent comme des vagues dans ma mémoire, et son sourire, doux et amer, m’apporte à la fois réconfort et douleur. Pourquoi persiste-t-elle ainsi ? Pourquoi refuse-t-elle de me laisser en paix ? Une peur profonde me saisit chaque fois que j’essaie de la reconnaître. Giulia. Ce nom résonne en moi, lourd de sens, mais insaisissable. Elle est la clé, j’en suis sûr. Mais la clé de quoi ? Est-ce elle qui détient ma rédemption ou ma perte ?

— Gianni, vous souvenez-vous de quelque chose ? L’accident, ou ce qui s’est passé récemment ?

La voix du médecin déchire le silence. Il semble détaché, mais une impatience transparaît dans son regard, une curiosité mal dissimulée. Entendre mon nom me fait sursauter, comme s’il appartenait à quelqu’un d’autre. Rien ne fait sens. Chaque question devient un piège, me poussant vers des souvenirs fragmentés que je préfère fuir.

Je ferme les yeux, m’efforçant de fouiller dans le chaos de mon esprit. Des images surgissent : une crique, des vagues qui se brisent contre les rochers, une tempête intérieure qui gronde. Le visage de Giulia apparaît à nouveau, baigné de lumière, mais voilé de tristesse. Un frisson glacé me parcourt. Une cabane de pêcheur, refuge contre la violence des éléments. Des papiers éparpillés, chaque mot lourd comme du plomb. Une cassette mystérieuse, rapide et inquiétante, disparaît avant que je puisse la saisir. L’eau noire m’enveloppe, m’étouffe, tirant chaque lumière vers le fond.

Ces souvenirs sont cruciaux, je le sais, mais ils s’effritent, s’éloignent comme des ombres. Impossible de les saisir. Des larmes de ma mère me reviennent en mémoire, suivies du crissement des pneus, du fracas du métal. Giulia, encore elle, douce mais pleine de douleur. Pourquoi cette peur entremêlée de chaleur lorsque je pense à elle ?

J’ouvre brusquement les yeux. Giulia me hante, comme un phare dans cette mer de confusion. Je la revois, se tenant sur le seuil, désolée, si proche et pourtant si loin. Chaque battement de mon cœur résonne comme une alarme, ou peut-être comme une prémonition d’une vérité insupportable.

— Je… je ne me souviens pas bien. Tout est flou, docteur.

Ma voix tremble, chaque mot est fragile, un effort immense pour ne pas sombrer dans la panique. Mon esprit lutte, tiraillé entre le désir de comprendre et la terreur de découvrir ce qui se cache dans les brumes de ma mémoire. Et si cette vérité m’anéantissait ? Le visage de Giulia, inconnu mais étrangement familier, éveille en moi une chaleur troublante, mais aussi une peur imminente. Qui est-elle vraiment ?

Le médecin note quelque chose dans son carnet, ses traits affichent une compréhension résignée. Il parle, mais ses mots semblent creux, vides de sens, se dissolvant dans le néant qui m’entoure.

— C’est normal, Gianni. Votre mémoire peut revenir avec le temps. Ne vous inquiétez pas.

Ce temps qu’il évoque semble m’échapper. Chaque seconde me fait glisser davantage hors de moi-même, m’abandonnant dans cette amnésie insupportable. Je tends la main vers la table de chevet et attrape le bracelet. Le métal est froid, presque mordant sous mes doigts.

Ces petites breloques… elles devraient me maintenir à flot, mais je sens que je suis déjà en train de sombrer. Giulia revient encore à mon esprit, ses yeux noisette emplis de questions auxquelles je ne peux pas répondre. Est-elle ma rédemption, ou bien le piège qui scellera ma chute ? Je n’ai aucune réponse, pas même à la plus simple de toutes : qui suis-je, bordel ?

Si cette histoire te plaît, partage-la avec ceux que tu aimes ! Ensemble, faisons voyager ce roman.

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A propos de l'auteur

Matthieu Biasotto

Auteur indépendant toulousain, rêveur compulsif et accro au café. J'écris du thriller, du suspense avec une touche existentielle.

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