L’Alliée Inattendue
giulia
ici et maintenant…
Au pied de l’hôpital, je fixe cette femme rousse qui prétend connaître l’identité de ceux qui ont voulu tuer Gianni. Mon cœur bat si violemment que mes tempes semblent prêtes à exploser. Chaque pulsation résonne comme un coup de marteau. L’air s’alourdit, la nuit semble nous engloutir. Les ténèbres, épaisses, forment une bulle oppressante, presque vivante. Ses paroles s’insinuent en moi, tranchantes, me lacérant de l’intérieur. Comment accorder ma confiance à cette silhouette surgie de nulle part alors que tout s’effondre autour de moi ? Ses vêtements sombres se fondent dans l’obscurité, et ses yeux sont des abîmes glacés. Qui est-elle ? Si elle dit vrai, pourquoi me rencontrer ici, en plein chaos ?
L’atmosphère devient irrespirable. Une voix intérieure me hurle de fuir. Chaque mot qu’elle prononce fait resurgir les ombres que j’ai toujours tenté d’ignorer, celles qui hantent la villa Rossi. Et si elle n’était qu’un autre pion dans ce jeu de pouvoir ? Je sens le piège se refermer, lentement mais sûrement, une pression invisible m’écrase.
— Qui êtes-vous ? Pourquoi devrais-je vous croire ?
Ma voix tremble, fêlée par une peur que je ne peux plus dissimuler. Elle me paralyse, m’enchaîne dans cette toile de mensonges que je ne parviens pas à déchiffrer. La femme inspire profondément, ses yeux s’ancrent aux miens avec une intensité troublante. Elle semble se fondre dans la nuit, son visage à peine illuminé par la lueur de son téléphone.
— Elena. Je suis Elena Verdi. Journaliste.
— Gianni ne m’a jamais parlé de vous.
— C’était sûrement pour vous protéger.
Ses yeux sombres, perçants, recèlent une tempête que je ne peux plus ignorer. Le silence entre nous s’étire, pesant, saturé de menaces tacites. Chaque seconde semble capable de faire basculer l’équilibre précaire.
— Je comprends votre méfiance, Giulia. Mais je ne suis pas votre ennemie. Gianni m’a contactée plusieurs fois avant son accident. Il avait peur de ce qu’il avait découvert.
Elle tend son téléphone, l’écran éclairant nos visages, et le nom de Gianni apparaît. Mon regard se pose sur les messages, puis sur cet appel, juste avant le drame. Chaque lettre me frappe comme une lame. Le doute s’immisce, rongeant mes certitudes. Les murs que j’avais érigés commencent à se fissurer.
— Ça ne prouve rien…
Les mots sortent difficilement, fragiles. Pourtant, ces appels… Pourquoi ? Pourquoi Gianni, si secret, si méfiant, aurait-il contacté une journaliste ? Les souvenirs de ses silences me reviennent, et un frisson glacé me traverse : quelque chose m’a échappé.
— Je sais que c’est difficile à croire, mais Gianni m’a confié qu’il avait découvert des activités illégales impliquant sa famille, surtout son oncle. Il avait rassemblé des preuves. Des informations si sensibles que certains seraient prêts à tout pour les dissimuler.
Chaque mot est un coup de massue. Tout se recompose sous un jour sinistre. Je revois Gianni, ses silences, ses regards fuyants. La peur, d’abord subtile, se mue en terreur. Cet homme, que j’ai toujours considéré comme une menace, devient bien plus redoutable.
— Son oncle…
Massimo est l’ombre derrière le voile, le marionnettiste aux commandes. La journaliste confirme mes soupçons, des choses que j’ai entendues mais que je ne suis pas prête à partager tout de suite.
Ma voix tremble. Les souvenirs de Gianni et de ses silences lourds reviennent me hanter. L’air se fait dense, chaque respiration devient un effort. La vérité s’impose, démolissant mes dernières défenses. Elena Verdi hoche la tête, exténuée.
— Gianni m’avait dit qu’il craignait pour sa vie. Il pensait que sa famille finirait par découvrir ce qu’il savait. Peut-être que son amnésie est ce qui le protège aujourd’hui…
Ses mots me frappent avec une violence dévastatrice. Le danger est réel. Mon Gianni, celui que j’aime, est au cœur d’un cyclone bien plus sombre que je ne l’avais imaginé. Chaque moment passé ensemble se distord sous le poids de cette nouvelle réalité.
Je lève les yeux vers la journaliste, cherchant une réponse dans ses traits marqués par la fatigue. Son regard reflète la même peur qui m’envahit. Une terreur mutuelle nous unit, rendant la situation encore plus suffocante.
— Pourquoi me dire tout ça maintenant ?
Ma voix est à peine un murmure, encore sur la défensive, mais la peur transperce mon scepticisme. Tout en moi hurle de mettre fin à cette conversation avant qu’elle ne me détruise, mais quelque chose m’en empêche. Elena me regarde, une sincérité désarmante dans les yeux.
— Parce que je m’inquiète pour lui. Et pour vous. Vous êtes la seule à pouvoir l’aider maintenant. Mais soyez prudente. Dans cette famille, tout le monde ne montre pas son vrai visage…
Ses paroles résonnent en moi. Une part de moi veut encore se réfugier dans le déni, mais je sais qu’elle dit la vérité. Les murs de ma résistance cèdent sous la pression. Chaque mot est un coup de marteau contre mon armure déjà fissurée.
— Giulia, les documents que Gianni a découverts… Ils révèlent des activités illégales. Il a risqué sa vie pour obtenir ces preuves. Si on ne fait rien, ceux qui lui ont fait ça continueront de nuire. Nous avons besoin de vous.
Ses mots achèvent de briser mes dernières illusions. La faida, que j’avais toujours vue comme la cause de tous nos problèmes, semble presque insignifiante face à cette nouvelle menace. La honte de mon aveuglement se mêle à une colère sourde.
Je réalise que je ne peux plus rester passive. Mon cœur, déchiré entre la peur et l’amour, me pousse vers une décision que je n’aurais jamais envisagée. La peur se transforme en une détermination que je n’avais jamais ressentie.
— Au début, je… je croyais que tout ça venait de nous, de la faida…
Ma voix se brise. Comment ai-je pu être aussi aveugle ? La honte m’envahit. Elena perçoit mon hésitation et insiste, son urgence résonnant avec la mienne.
— Giulia, Gianni a tout sacrifié pour que la vérité éclate. Aidez-nous à faire payer ceux qui lui ont fait ça.
Ses paroles démolissent mes résistances. Je revois le visage de Gianni, son sourire, sa force. Il a porté ce fardeau seul. Et moi, je me suis laissée aveugler. La honte s’efface, remplacée par une rage brûlante.
Je prends une profonde inspiration, consciente du poids de la décision qui se dessine. C’est un chemin sans retour, mais il n’y a plus d’autre option.
— D’accord, je vais vous aider, Elena. Dites-moi ce que je dois faire.
Ma voix est ferme, résolue. Une larme glisse sur ma joue, marquant la fin de l’ancienne Giulia. Gianni a besoin de moi, et je ne le laisserai pas tomber.
Elena hoche la tête, soulagée. Une nouvelle alliance est scellée. Nous sommes prêtes à affronter ce qui nous attend, ensemble.
— Merci, Giulia. Ensemble, nous pouvons faire la différence. Mais il est urgent de quitter cet endroit. Je vais vous expliquer par quoi commencer…
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