Faida – Chapitre 62

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La mer pour témoin

giulia

Gianni et moi on se trouve une place en terrasse, juste au bord de l’eau, comme l’avait recommandé l’artisan. Petite perle cachée entre les ruelles d’Atrani, le restaurant A’Paranza est baigné dans la lumière dorée du crépuscule. Les tables à l’extérieur, soigneusement disposées, sont éclairées par des lanternes en verre soufflé, qui dansent doucement sous la brise marine. Les nappes blanches, ornées de brins de lavande séchée, ajoutent une touche simple mais élégante. De là où l’on est assis, la mer Tyrrhénienne s’étend à perte de vue, ses vagues doucement agitées renvoyant les reflets roses et or du coucher de soleil. L’ambiance est apaisante, intime, comme si le temps ralentissait juste pour nous. Le spectacle est presque irréel. Les vagues effleurent la plage avec un rythme apaisant, et la brise marine joue dans mes cheveux, apportant avec elle l’odeur salée de la mer et celle des plats qui mijotent à quelques mètres.

Le murmure des vagues, mélangé aux rires discrets des autres convives, crée une atmosphère de sérénité. Les effluves des plats fraîchement préparés se mêlent à l’odeur salée de la mer, évoquant des saveurs authentiques et réconfortantes. Autour de nous, les guirlandes lumineuses s’enroulent autour des pergolas de bois flotté, ajoutant une touche de magie à cette soirée déjà douce. Ici, on se sent transporté, loin du monde, dans une bulle où seul compte l’instant présent, comme si ce petit coin d’Atrani avait été fait pour les moments partagés à deux.

Je m’installe, encore sous le charme de notre passage à l’atelier. L’idée que La Speranza, ait bientôt un nouveau mât emplit mon cœur de joie, avec une pensée toute particulière pour mon grand-père. C’est comme si, en réparant ce navire, on reconstruisait aussi quelque chose de solide entre Gianni et moi. À ses côtés, tout semble plus naturel, plus évident. Le calme de la mer me rappelle que certaines choses sont plus grandes que nous, mais que nous avons aussi le pouvoir de créer notre propre chemin.

Je tourne mon regard vers lui. Son profil est baigné dans la lumière dorée, ses traits adoucis par le crépuscule. Chaque détail de son visage m’apaise et m’attire en même temps. C’est étrange, cette sensation d’être à la fois en paix et troublée en sa présence. Une sorte de tension douce, mais si familière désormais.

Je feuillette distraitement le menu, mais mon esprit est ailleurs. Je lève les yeux vers lui, et nos regards se croisent. Il y a ce quelque chose de silencieux entre nous, une promesse, un secret qu’on partage sans même avoir besoin de mots.

La serveuse, une jeune femme aux traits fins, affiche un sourire sincère et accueillant. Ses cheveux bruns, attachés en un chignon lâche, laissent échapper quelques mèches qui encadrent délicatement son visage. Elle porte une robe en lin blanc, simple mais élégante, qui bouge légèrement avec la brise lorsqu’elle arrive avec une bouteille de vin à la main, son sourire chaleureux éclairant son visage.

— Mon père m’a dit de vous offrir ce vin du pays, un Falanghina. Il espère que vous l’apprécierez.

Elle pose la bouteille sur la table avec un clin d’œil complice. Gianni, toujours aussi élégant dans sa façon d’être, se tourne vers moi et attend que je me prononce pour passer commande.

— Vous avez fait votre choix ?

Tandis qu’elle sort son carnet, je décide de suivre le conseil de l’artisan.

— Pour moi, les linguine aux fruits de mer.

La serveuse se tourne vers Gianni, mais avant qu’il ne parle, il me surprend.

— Je te laisse choisir pour moi.

Je fronce les sourcils, amusée. Choisir pour lui ? C’est bien la première fois. Son sourire en coin trahit un défi sous-jacent.

— Tu veux vraiment que je décide ?

Il acquiesce sans hésiter, ses yeux pétillants de malice.

— Oui. Quelqu’un m’a dit récemment que je devrais apprendre à lâcher prise…

Je comprends immédiatement à quoi il fait référence. Ce silence qui s’installe entre nous amplifie l’intensité de ce moment. J’accepte le défi en inclinant légèrement la tête vers la serveuse, murmurant mon choix pour lui. Quand elle s’éloigne, Gianni plonge son regard dans le mien.

— Tu ne seras pas déçu…

— Je n’en doute pas. Et dans le cas contraire… je ne te le dirai pas.

Surprise, je lève un sourcil.

— Pourquoi ?

— Pour éviter que le pauvre artisan ne se retrouve à porter un mât sur son dos jusqu’à Positano.

Je ris doucement, imaginant l’artisan courbé sous le poids du mât, mais surtout amusée par la légèreté de notre échange.

— C’est sûr, on va lui éviter ça. Mais ça me fait penser… tu te souviens qu’il a parlé de ce fameux Signor Bianco ?

Le visage de Gianni se ferme légèrement, devenant plus sérieux.

— Oui, ça m’a tout de suite rappelé ce qu’on a découvert sur lui. Le lien avec la mafia cabarlaise. Je me demande s’il aurait pu utiliser des ferries pour dissimuler ses activités.

L’idée m’effleure doucement, et un puzzle commence à se former dans mon esprit.

— Le ferry… c’est tellement banal comme moyen de transport. Facile à utiliser pour faire passer des marchandises en toute discrétion.

— Exactement. Surtout quand il suffit de graisser la patte aux bonnes personnes. Tout passe sans être remarqué.

Je hoche la tête, impressionnée par la simplicité et l’efficacité de l’idée.

— Plus c’est gros, plus ça passe… Un coup de maître, finalement.

Gianni sert le vin et lève son verre, un éclat de malice dans ses yeux.

— À notre petite enquête qui prend forme, mine de rien.

Je lève mon verre en souriant, touchée par son trait d’humour.

— Et à La Speranza qui renaît doucement.

Nos verres s’entrechoquent doucement. Je sens nos jambes se frôler sous la table, et ce simple contact réveille en moi un mélange de désir et de complicité. Gianni esquisse un sourire taquin, et je sais que cette proximité nous plaît à tous les deux.

—  À la plus talentueuse mangeuse de glace que je connaisse.

Je lui donne un petit coup de pied sous la table. Riant doucement, je feins l’indignation.

— Oh, c’est bas !

Le vin glisse agréablement sur ma langue, frais, légèrement fruité. Nos rires s’entremêlent avec la brise, et je lève à nouveau mon verre.

— À ce week-end. Et à cette parenthèse sans faida.

Gianni laisse son regard courir sur la mer, les maisons accrochées à la falaise, les terrasses en hauteur.

— L’artisan avait raison. Il y a quelque chose de spécial à Atrani. Je pourrais vraiment m’imaginer vivre ici… enfin, si y’avait pas autant de marches.

Je ris doucement, appréciant l’idée. La serveuse revient avec nos plats. Les parfums qui s’élèvent des assiettes sont enivrants, et l’eau me vient à la bouche avant même d’avoir goûté. Je suis la première à piquer un morceau de fruits de mer.

— Tu vas adorer…

Alors que nous continuons notre repas et qu’il me dévore des yeux, je sens l’envie de légèreté prendre le dessus. Glissant mes pieds hors de mes chaussures, je les effleure doucement contre les siens sous la table. Gianni relève les yeux, surpris, mais son sourire devient malicieux.

— Tous ces escaliers commencent à se faire sentir…

En réponse à mon soupir espiègle, Gianni rit doucement, captant le jeu.

— Je pense qu’un massage des pieds serait bien mérité après tout ça. C’est un deal honnête, non ?

L’idée de ses mains sur mes pieds déclenche un frisson agréable, et je me penche légèrement en avant, le regard pétillant.

— Tellement honnête que je ne suis pas sûre de vouloir de dessert…

Si cette histoire te plaît, partage-la avec ceux que tu aimes ! Ensemble, faisons voyager ce roman.

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A propos de l'auteur

Matthieu Biasotto

Auteur indépendant toulousain, rêveur compulsif et accro au café. J'écris du thriller, du suspense avec une touche existentielle.

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[…] novembre 2024 F par Matthieu Biasotto 8 novembre 2024 Commenter Faida – Chapitre 62 Retour en haut Faida – Chapitre […]

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