Faida – Chapitre 64

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L’éveil des âmes

gianni

Le monde est figé, baigné par la lueur de la lune. Mon corps vibre encore de l’extase, mais une sensation plus profonde s’installe, quelque chose de plus fort, plus vrai. Tout semble s’aligner. Le vent léger me frôle, mais ce n’est pas le froid qui m’envahit, c’est une certitude, celle d’un moment qu’on ne pourra jamais effacer. Giulia est là, blottie contre moi, sa respiration calme rythme la mienne. Je suis prisonnier de cette plénitude.

Les cicatrices du passé n’ont plus d’importance. Elles se sont évanouies dans ce que je ressens pour elle. Jamais je n’ai été aussi vulnérable, et pourtant, jamais je ne me suis senti aussi puissant. Ses doigts effleurent ma peau, tracent des chemins invisibles. Mes pensées se dissipent, il n’y a que nous.

Les vagues murmurent au loin, mais le vrai ressac, c’est à l’intérieur. Avec Giulia, tout devient simple. Les étoiles au-dessus brillent plus fort, témoins silencieux de ce moment. Je baisse les yeux vers elle et, d’un coup, je comprends. Ce que je cherchais, ce que je fuyais, je l’ai trouvé dans ses bras. Je dépose un baiser sur son front. Elle lève les yeux, une étincelle dans le regard, quelque chose qui va au-delà du désir. Ce soir, on a franchi un cap.

Je plonge dans ses yeux, je vois tout ce que je ressens. Cette nuit, c’est le début de quelque chose que je n’avais jamais osé imaginer. Mes doigts dessinent des cercles paresseux sur sa peau. Elle murmure, un souffle à peine audible dans le silence :

— Je n’aurais jamais cru me sentir aussi complète.

Ses mots résonnent profondément en moi. Je la serre plus fort, mon souffle caressant sa tempe. Un sourire doux se dessine sur mes lèvres tandis que je réponds, la voix tremblante d’émotion :

— Et moi, je n’aurais jamais cru être aussi heureux.

Ces mots, simples mais lourds de sens, encapsulent tout ce que je sens. On reste là, enlacés dans le silence de la nuit. Les étoiles brillent avec une intensité nouvelle, comme si elles reconnaissaient la force de ce moment. Le ciel est notre témoin, et je sais que cette nuit restera gravée dans nos cœurs.

Je la sens se détendre un peu plus dans mes bras. Je ferme les yeux, portés par le rythme régulier de sa respiration et la chaleur réconfortante de son corps. C’est comme si, pour la première fois, tout a trouvé son équilibre parfait. Rien d’autre n’existe, si ce n’est elle et moi. Le calme après la tempête. Ce moment ressemble à notre havre de paix. Je murmure, la voix encore rauque d’émotion :

— Quoi qu’il arrive demain, souviens-toi de cette nuit, de ce qu’on a partagé.

Elle hoche doucement la tête, un sourire serein illuminant son visage. Ce sourire, cette certitude dans ses yeux, me rassurent. On vient de bâtir quelque chose d’inébranlable, une fondation que ni les tempêtes ni les doutes ne pourront faire vaciller.

— Je m’en souviendrai, Gianni. Tu peux en être sûr.

Giulia reste blottie contre moi, sa respiration en harmonie avec celle des vagues. Je continue de caresser sa peau, gravant chaque sensation dans ma mémoire. Le monde semble suspendu, figé dans l’éternité. Ce moment est plus qu’une simple étreinte, c’est une véritable rencontre d’âmes. Elle rompt doucement le silence :

— C’était… magique.

Ses mots flottent dans l’air, portés par la brise, et je ris doucement.

— Je suis d’accord. Mais… je me demande si la statue cassée est du même avis.

Elle rit contre ma poitrine, un son doux et réconfortant. Ses cheveux en bataille capturent la lumière de la lune, accentuant son aura presque irréelle. Ses yeux brillent de malice, mais derrière cette légèreté, je perçois une tendresse infinie.

— Tu crois qu’elle va s’en remettre ?

— Je vais voir ce que je peux faire. Mais une statue avec des cicatrices, c’est peut-être plus intéressant à regarder.

Giulia réfléchit un instant, puis murmure :

— Parfois, les cicatrices rendent les choses plus précieuses. Elles racontent une histoire.

Je la serre un peu plus fort, savourant cette complicité.

— Ouais… mais certaines cicatrices racontent des histoires qu’on voudrait oublier. Sauf qu’on ne peut pas les cacher. Elles ressortent toujours, d’une manière ou d’une autre.

Ses yeux s’assombrissent légèrement. Un silence s’installe, plus lourd, écho à des blessures passées. Elle baisse les yeux, réveillant en moi un besoin puissant de la protéger. Après un instant, elle murmure :

— Tu sais, Gianni… Ma vraie cicatrice, c’est la peur de m’ouvrir à quelqu’un. Depuis la mort de mon père en mer, j’ai toujours eu cette hantise de l’abandon.

Ses mots me touchent profondément. Je glisse une main dans ses cheveux, cherchant à la rassurer. Un silence s’installe, lourd de tout ce que nous n’osons pas encore dire. Pourtant, en la regardant, je sens ce besoin de l’aider à surmonter ses peurs.

— Je ne peux qu’imaginer ce que ça fait… J’ai été manipulé et trahi par quelqu’un que j’ai aimé. Depuis, l’idée de me replonger dans quelque chose qui me rendrait aussi… vulnérable m’a toujours paru risquée.

Giulia hoche doucement la tête, une complicité silencieuse s’installe entre nous. Nos cicatrices s’entremêlent désormais, comme si nous avions perdu les mêmes batailles. Elle me regarde avec une lueur de compréhension.

— Alors, tu penses que c’est plus facile de ne rien ressentir, de ne rien risquer ?

— Disons que depuis cette histoire, j’ai préféré ne pas m’investir dans quelque chose de solide. Si ça ne compte pas pour moi, on ne peut pas me blesser…

Je dépose un baiser sur son épaule, cherchant à lui montrer qu’elle est la seule à pouvoir m’anéantir. Giulia n’est pas dupe. Un sourire empathique éclaire son visage.

— Et pourtant, te voilà, à m’écouter parler de mes peurs.

— Peut-être que c’est plus facile d’écouter les autres. Mes propres douleurs sont bien cachées, enfouies dans un coin de mon cœur où je n’ai plus la clé.

Elle me fixe avec une lueur de défi.

— Alors, retrouvons cette clé ensemble.

Ses mots résonnent en moi, comme une promesse de guérison. Elle m’offre un espace pour me reconstruire, et ça me touche plus que je ne l’aurais imaginé.

— D’accord.

Je trace des cercles dans ses cheveux, sentant cette connexion s’intensifier.

— Sache une chose : je ne fais rien à moitié. Une fois que cette boîte sera ouverte, il n’y aura pas de retour en arrière.

Giulia esquisse un sourire en coin.

— Ça tombe bien. Je n’aime pas les demi-mesures.

Un silence complice s’installe entre nous. Nos plaies sont plus légères, nos craintes plus lointaines. Je comprends que ces blessures partagées seront le ciment de quelque chose de plus grand que cette nuit sur cette terrasse.

Je la serre un peu plus fort et murmure un aveu venant du plus profond de mon âme.

— Avec toi, tout semble plus simple. Et Dieu sait que j’ai besoin de simplicité.

Giulia sourit, malicieuse.

— T’as qu’à dire que je suis basique, hein ?

— Loin de là !

— Tant mieux, parce que je ne te rendrai pas la vie facile.

Je ris doucement, resserrant notre étreinte.

— C’est tout ce que je demande. Et si ça veut dire me perdre encore une ou deux fois en cours de route, ça en vaudra la peine.

Elle me regarde avec malice :

— Tant que tu ne me laisses pas me perdre seule.

Je rapproche mon visage du sien et murmure :

— Jamais.

Nos lèvres se rejoignent dans un baiser tendre, rempli de promesses. Elle rit doucement et déclare :

— Continuons à détruire quelques statues en chemin, si c’est le prix à payer pour des moments comme celui-ci.

Je lui tends la main pour sceller notre pacte.

— Marché conclu. À la simplicité, aux statues cassées, et à tout ce qui nous attend.

 

Giulia

Le soleil émerge doucement sur Atrani, enveloppant la villa dans une lumière dorée qui chasse les derniers éclats de nuit. Les rayons filtrent à travers les volets, dessinant des motifs mouvants sur les murs, comme des caresses légères. Le jardin, en contrebas, s’éveille aussi, baigné dans l’air frais, imprégné de sel et de fleurs, promesse d’une journée pleine.

Je me blottis un peu plus contre Gianni, son corps chaud contre le mien. Ses cheveux noirs, en bataille, tombent négligemment sur son front. Il a ce côté brut, indompté, qui contraste avec la tendresse de ses gestes. Sa mâchoire, ombrée d’une barbe de quelques jours, ajoute à ce charme presque désinvolte. Son souffle, léger sur ma peau, et le battement régulier de son cœur sous ma joue, sont tout ce dont j’ai besoin.

Je l’observe, sculpté par les ombres du matin, ses traits à la fois doux et puissants. Même les yeux fermés, il semble capable de tout comprendre, comme s’il lisait en moi sans un mot. Quand il ouvre les paupières, son regard bleu me frappe encore, profond, perçant. Ces yeux-là, c’est la mer elle-même, vaste et mystérieuse.

Son corps imposant sous les draps raconte l’histoire d’un homme habitué à la discipline. Chaque muscle est un rappel de cette rigueur, de ce besoin de contrôle sur un monde qui l’attend dehors. Mais là, maintenant, il n’est que Gianni, celui qui partage mes moments les plus intimes, qui me protège sans dire un mot.

Un sourire naît sur mes lèvres. Ses mains, si habituées à décider, caressent ma peau avec une douceur surprenante. Cette dualité entre force et délicatesse continue de me fasciner. Même dans ce silence, il émane de lui une assurance tranquille, celle d’un homme toujours prêt.

Je murmure, mes doigts glissant doucement sur son bras, cherchant à prolonger ce contact.

— Il y a quelque chose de presque troublant dans la façon dont cet endroit nous transforme.

La texture de sa peau, douce mais ferme, contraste avec la fraîcheur de la brise qui traverse la pièce. Chaque seconde à ses côtés est une promesse de force et de sérénité mêlées.

— On dirait que tout s’aligne pour nous offrir cette pause, comme un instant volé hors du temps. Je n’ai jamais ressenti une paix pareille, et pourtant, parfois, j’ai l’impression que c’est irréel.

Gianni ouvre lentement les yeux, ses prunelles bleues brillant d’une lueur malicieuse. Son regard, empli de tendresse, chasse mes doutes. Avec un sourire léger, il me répond d’une voix douce, teintée de conviction :

— Si c’est un rêve, je veux pas me réveiller. Mais peut-être que ce n’est pas l’endroit qui nous change, Giulia. Peut-être qu’on a juste décidé de laisser le passé derrière nous et de vivre enfin ce que la vie nous propose.

Je souris, touchée par ses paroles. Cet homme, avec ses yeux perçants et son corps puissant, trouve toujours les mots justes pour me réconforter. Ses propos résonnent en moi comme une vérité simple mais profonde. Je laisse échapper un léger rire, allégeant l’atmosphère.

— Peut-être que t’as raison. Mais cet endroit, la lumière, la mer… On dirait que tout s’accorde pour qu’on trouve enfin la paix. Comme un miroir de ce qu’on n’osait pas affronter avant.

Gianni acquiesce, son regard ancré dans le mien, rempli de compréhension. Ses doigts s’entrelacent doucement avec les miens, formant un lien solide, apaisant. Même dans cet instant de douceur, je ressens sa force, cette présence inébranlable à laquelle je m’accroche.

— Le plus important, c’est ce qu’on vit ici, maintenant. Même si on sait que dehors, tout sera différent. Toi avec tes combats, moi avec la famille. Mais du moment qu’on est ensemble, on peut tout affronter.

Je me rapproche de lui, posant ma tête contre son torse, écoutant le battement régulier de son cœur. Ce rythme constant me rassure. Il me rappelle que tant que nous sommes ensemble, rien ne pourra réellement nous briser. Ses bras autour de moi créent une bulle protectrice contre toutes les incertitudes du monde.

— Gianni, promets-moi de ne jamais oublier ce qu’on a construit ici, quoi qu’il arrive.

Il resserre ses doigts autour des miens, son regard profond ancré dans le mien. Ce n’est plus simplement une promesse, c’est un engagement silencieux, puissant.

— Je te le jure. Quoi qu’il arrive, Giulia. Ce qu’il y a entre nous est bien réel…

Je souris en retour, et le baiser que je dépose sur ses lèvres scelle notre promesse. Un pacte silencieux entre deux âmes prêtes à affronter le monde, ensemble.

Gianni laisse échapper un rire, dissipant l’atmosphère sérieuse alors qu’il s’apprête à quitter le lit.

— Et je te promets de toujours te faire sourire… même si ça implique de te faire des œufs brouillés sans les cramer, ni laisser des bouts de coquille dedans.

Je ris à mon tour, touchée par son humour.

— Parfait, mais tu ferais bien d’être aussi bon en cuisine que dans tout le reste.

Il sourit, une lueur espiègle dans les yeux.

— Je te laisse juger, tu me donneras une note… mais avant… il va falloir prendre des forces. J’ai encore prévu plein de choses plus ou moins honnêtes pour aujourd’hui.

Si cette histoire te plaît, partage-la avec ceux que tu aimes ! Ensemble, faisons voyager ce roman.

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A propos de l'auteur

Matthieu Biasotto

Auteur indépendant toulousain, rêveur compulsif et accro au café. J'écris du thriller, du suspense avec une touche existentielle.

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