Sous le Poids de la Culpabilité
Giulia
ici et maintenant…
Chaque pas que je fais dans le couloir de l’hôpital résonne comme une sentence. Le bruit feutré de mes semelles sur le sol froid amplifie la tension dans l’air, martelant mes pensées, chacune est un rappel de mes erreurs. Les murs gris, humides, semblent absorber le poids de ma culpabilité, tandis que les souvenirs de cette nuit dévastatrice continuent de me hanter. L’ambulance, les portières qui claquent, les sirènes hurlantes… et Gianni, son visage fermé, ses yeux clos, sa bouche décolorée. Cette image s’accroche à moi, refuse de s’effacer. Et si tout ça était de ma faute ? Ses derniers mots résonnent encore : « Ce que j’ai découvert est une bombe. » Mais je ne sais toujours pas ce qu’il a découvert. Cette ignorance me ronge.
Les Rossi sont là aussi. Leur présence est lourde, oppressante, presque tangible. Leurs regards me traversent, pèsent sur moi comme un jugement silencieux. Je me sens étrangère dans leur monde, coupable de ce qui est arrivé à Gianni. Est-ce ma présence qui l’a conduit ici, entre la vie et la mort ?
Je m’arrête, essoufflée, les pensées en désordre. Le couloir semble interminable, éclairé par des néons aveuglants, rappel cruel des gyrophares de l’accident. Les images de cette nuit me submergent : la voiture noire, les témoins choqués, le crissement métallique. Tout se mélange, une spirale de panique qui m’emprisonne.
Soudain, une infirmière s’approche, son visage grave. Je sais que, d’une manière ou d’une autre, ce moment va tout changer.
— Gianni vient de se réveiller. Mais seuls les membres proches de la famille peuvent le voir pour le moment.
Je reste figée, partagée entre l’espoir de le revoir et l’évidence brutale de mon exclusion. Je ne fais pas partie de leur famille. Je n’ai jamais vraiment fait partie de leur monde. La mère de Gianni me fixe, se tenant à quelques mètres. Elle n’a pas besoin de parler pour que je comprenne que, pour elle, je n’ai aucune place ici. Je ne suis qu’un fardeau.
Ma gorge se noue, et je lutte pour garder une façade calme, mais je sens mon monde s’effondrer à l’intérieur. Tout tremble.
Elle s’avance lentement vers moi, ses yeux gonflés de larmes et de colère. Chaque pas qu’elle fait est une accusation silencieuse. Son aura m’écrase avant même qu’elle ne prononce un mot.
— Seulement “la famille”. Vous n’avez rien à faire ici. Laissez-nous tranquilles.
Sa voix est aussi tranchante que froide. Les mots me frappent de plein fouet, mais je reste là, essayant de me tenir droite malgré le poids qui pèse sur mes épaules. Je suis ici par amour, mais pour elle, je ne suis qu’une étrangère, une erreur. Ses yeux me transpercent de haine, chaque regard un coup supplémentaire.
Je baisse les yeux un instant, pourtant la tension dans l’air me ramène à la réalité. Je ne suis pas la bienvenue ici. Les murs du couloir se referment sur moi, et je sens que je suis de trop.
Elle s’avance encore, et sa voix, chargée de colère et de douleur, s’intensifie.
— Depuis que vous êtes entrée dans sa vie, tout s’est effondré. Gianni n’était pas parfait, mais c’était mon fils, et vous avez tout détruit.
Je veux lui répondre, lui dire que ce n’est pas vrai, lui expliquer que je l’ai aimé du mieux que je pouvais. Mais les mots restent coincés dans ma gorge. Je n’arrive pas à parler. Je la regarde, impuissante, tandis qu’elle continue, implacable.
— Gianni a tout sacrifié pour vous protéger, et regardez où ça l’a mené ! Il s’est éloigné de nous, de sa famille, pour vous ! Pour une vie qui n’a fait que lui apporter des ennuis et des problèmes !
Je recule, chaque mot me percute, laissant des fissures invisibles qui s’étendent en moi. La culpabilité monte en moi, me submergeant. Gianni a tout risqué pour moi, et maintenant il est ici, brisé, et je suis là, impuissante. Mon cœur se serre, les larmes montent, brûlantes, menaçant de couler à tout moment.
— Vous n’avez pensé qu’à vous. À ce que vous vouliez, sans jamais réfléchir à ce que ça lui coûtait. Et maintenant, il est entre la vie et la mort, et vous osez rester ici, comme si de rien n’était ?
Sa voix est une gifle, me laissant vide, incapable de trouver une réponse. Chaque accusation résonne avec une brutalité implacable. Le silence qui s’installe ensuite est écrasant, et je sens tout mon être trembler sous le poids de cette réalité que je n’ai pas su voir.
Puis sa voix baisse encore, devenant presque cruelle.
— Cet accident… vous ne m’ôterez pas de l’idée qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence. Gianni n’a jamais été le même depuis que vous vous êtes séparés. Il était perdu, désespéré… Peut-être que c’était un appel au secours, un SOS que personne n’a su entendre. Peut-être même… une tentative pour en finir.
Ces mots me frappent comme un coup de poing dans la poitrine. Gianni, dans un état de désespoir tel qu’il aurait voulu en finir ? Mon cœur se brise à cette pensée. Et si elle avait raison ? Et si j’avais contribué à sa chute ? Les larmes coulent librement maintenant, et je secoue la tête, refusant de croire à cette réalité. Non. Non.
— Non ! Il m’a dit qu’il avait découvert quelque chose d’important, quelque chose qui pouvait… Gianni voulait que je sois en sécurité !
Son regard vacille un instant, trahissant un léger doute. Elle ne veut pas entendre la vérité. Je prends une grande respiration, tentant de reprendre le contrôle de mes émotions.
— Peut-être que vous devriez vous demander si le problème ne vient pas d’ailleurs. De quelqu’un comme son oncle, Massimo… ou son ex, cette Isabella, qui le manipulait.
Ses yeux s’écarquillent. Pour la première fois, je la vois vaciller. Mais ça ne dure qu’un instant. Sa main s’abat violemment sur ma joue, me faisant tituber. Le choc est brutal, mais je tiens bon. Je refuse de reculer.
— Ne mêlez pas Massimo à ça ! Vous ne savez rien de ce qu’il a fait pour Gianni.
Sa voix tranche l’air tandis que je me redresse. Ma joue brûle, mais mes pensées sont claires.
— Gianni m’a dit qu’il avait découvert une bombe, quelque chose qui pouvait tout changer. Si vous croyez que je vais rester là, sans rien faire, vous vous trompez lourdement.
Elle recule légèrement, ses traits déformés par la colère et l’inquiétude. Mais elle retrouve rapidement son assurance, sa voix glaciale.
— Vous jouez avec le feu. Vous ne comprenez pas dans quoi vous vous engagez. Le clan Rossi ne vous laissera pas tranquille. Ils vous détruiront, vous, et tout ce que vous connaissez.
Un frisson glacé me parcourt. La menace est réelle, terrifiante. Mais je refuse de céder à la peur.
— Je n’ai pas peur. Je suis prête à affronter tout ce qu’il faudra, même eux. Je ne laisserai pas Gianni se battre seul.
Elle vacille de nouveau, puis se retourne et s’éloigne, laissant une tension insupportable derrière elle. Je reste là, la joue brûlante, les larmes toujours présentes, mais mes yeux fixés sur la porte de la chambre de Gianni.
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