Faida – Chapitre 66

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De la terre aux vagues, un mystère en partage

giulia

Le sentier grimpe devant nous, étroit et sinueux, enveloppé par une végétation luxuriante aux parfums de terre humide et de fleurs sauvages. Chaque brise transporte des effluves enivrantes, un mélange brut de sous-bois et de pétales éclatants. La forêt respire, et on respire avec elle.

Le soleil, haut dans le ciel, filtre à travers le feuillage, projetant une mosaïque mouvante de lumière et d’ombre sur le sol. Les éclats dorés dansent sous nos pas, et la chaleur douce sur ma peau se fait rassurante, malgré la moiteur qui commence à imprégner mes vêtements.

Malgré l’effort, je me sens légère, portée par l’euphorie de cette nature éclatante. Le panorama qui s’ouvre sous mes yeux, dévoilant la côte amalfitaine, est un véritable tableau vivant. L’azur de la mer scintille sous la lumière, et les maisons blanches, suspendues entre ciel et mer, semblent défier la gravité, éclatant de blancheur face au bleu profond de la Méditerranée.

Je m’arrête, incapable de résister à l’envie de m’imprégner de ce spectacle. Ces pauses sont pour moi des moments de réflexion, des instants où des questions surgissent, discrètes mais persistantes, sur ce que je désire vraiment. Gianni marche en silence à mes côtés, sa présence se manifeste dans chacun de ses pas. Parfois, son souffle se synchronise au mien, une résonance apaisante. De temps en temps, sa main frôle mon épaule ou mon dos, des contacts brefs mais chargés de sens, comme une promesse silencieuse. Ces gestes éveillent en moi une chaleur inattendue, une sensation de sécurité que je n’avais pas anticipée.

Le silence entre nous n’est pas un vide. Il est plein de cette connexion tacite, faite de non-dits, seulement ponctuée par le bruissement des feuilles et nos respirations. Mais une tension subsiste, un fil invisible qui attend d’être tiré. Qu’est-ce que Gianni retient ? Que n’ose-t-il pas dire ? Et moi, qu’est-ce que je crains de dévoiler ?

Gianni ralentit son rythme. Ses yeux se perdent un instant sur l’immensité de la mer, et une légère brise balaie quelques mèches de ses cheveux. Il laisse échapper un soupir presque imperceptible.

— Il y a des moments comme celui-ci où tout semble si vaste… où j’aimerais pouvoir disparaître, juste un instant. Me fondre dans ce décor, devenir invisible.

Il tourne alors la tête vers moi, un sourire malicieux naissant sur ses lèvres, transformant cette pensée grave en quelque chose de plus léger.

— Si tu pouvais être invisible pour une journée, tu ferais quoi ?

Sa question, portée par un ton oscillant entre la mélancolie et la curiosité, fait vibrer l’air autour de nous. Je prends un instant pour savourer la profondeur de ses mots. La question résonne en moi, plus intensément que je ne l’aurais imaginé. Je détourne légèrement le regard, feignant une insouciance que je ne ressens pas vraiment.

— J’observerais les gens. Voir qui ils sont vraiment quand ils pensent être seuls. C’est là qu’on découvre leur vérité, loin des masques.

Mes paroles me surprennent par leur honnêteté, une franchise que je n’avais pas prévue. Gianni me fixe, une nouvelle curiosité brillant dans son regard, éveillant en moi une douce chaleur, une émotion que je n’étais pas prête à affronter.

— Ah, l’âme d’une espionne, hein ? Et moi qui te croyais simplement curieuse.

Je ris doucement, secouant la tête, amusée. Derrière ce rire, je sens pourtant que quelque chose de plus profond se tisse entre nous, un fil fragile qui semble vouloir se renforcer.

— Curieuse, oui, mais pas intrusive. Toi, par contre, je parie que tu te glisserais partout, à la recherche de secrets bien gardés.

— Évidemment. Je me faufilerais sous ta peau pour commencer. Puis derrière toutes les portes closes que je trouverais.

Son clin d’œil espiègle me fait frissonner. Sa proximité laisse une trace brûlante, une envie qui commence à prendre forme.

— Il y a quelque chose d’irrésistible dans l’interdit, tu ne trouves pas ? Une porte fermée, c’est une invitation déguisée pour les esprits aventureux comme moi.

Nos regards se croisent, et l’intensité monte, une complicité qui transcende les mots. C’est comme si on était au bord de quelque chose de plus grand, un abîme prêt à nous happer. Chaque pas me rapproche un peu plus de lui, chaque instant devient une exploration silencieuse.

On avance, mais quelque chose a changé. La tension entre nous est palpable, prête à embraser l’air qui nous entoure. Le paysage magnifique s’efface peu à peu. Je ne vois plus que lui. Nos cœurs battent plus vite à chaque regard échangé, à chaque sourire complice. Cette danse silencieuse, cette attente, devient terriblement séduisante.

— Gianni…

Je commence doucement, consciente que mes mots pourraient briser cet équilibre délicat, mais incapable de les retenir.

— Tu penses parfois à ce que tu veux vraiment ?

Ma question reste en suspens entre nous. Ses yeux s’illuminent de surprise, comme s’il ne s’y attendait pas. Il se fige légèrement, pris de court. Pourtant, cette question est là, elle mérite d’être posée. On est ici, ensemble, et je veux savoir.

Le silence s’étire, et une vague d’inquiétude me submerge. Ai-je été trop loin ? Mais il finit par se tourner vers moi, son regard si intense qu’il me coupe le souffle.

— J’y pense, oui… Plus que je ne devrais, peut-être.

Il s’arrête, réfléchissant un instant.

— Ce que je veux vraiment… c’est être ici, avec toi. Juste ça, pour ce genre de moment.

Ses mots me touchent bien plus profondément que je ne l’aurais cru possible. Un sourire naît sur mes lèvres, impossible à contenir.

— Moi aussi.

Ces deux mots contiennent tout ce que je ressens, tout ce que je n’ose pas encore dire. Nos regards s’accrochent, et je sais que quelque chose a changé. On est les mêmes, mais tout semble plus authentique, plus intense.

Gianni finit par rompre le silence avec un sourire léger, empreint de promesses.

— Continuons. Le sommet nous attend.

J’acquiesce, et on reprend notre ascension, nos pas plus légers, nos cœurs plus confiants. On suit le sentier fléché, mais la montée devient plus raide, chaque pas demandant un peu plus d’effort. Une douleur commence à poindre dans mon pied gauche, et je grimace légèrement.

Gianni me regarde avec un soupçon d’inquiétude.

— Ça va ?

— Oui, ça va, mais je commence à avoir un peu mal aux pieds… Peut-être que tu pourrais renouveler tes talents de masseur après cette randonnée ?

Il éclate de rire, ses yeux pétillants de malice.

— Tu es sûre de vouloir risquer de flinguer une autre statue ?

Je rougis en repensant à ce moment où la chaleur de la nuit avait dérapé, jusqu’à ce que le buste romain de la terrasse en fasse les frais… Un souvenir qui nous fait sourire malgré la fatigue.

— Tant qu’on est encore loin de la terrasse, on devrait être en sécurité.

Gianni me jette un regard espiègle, son sourire s’étirant.

— Très bien, mais je réclame ma note pour cette nuit d’amour. Je mérite au moins la moyenne, non ?

Je fais mine de réfléchir longuement, jouant le jeu.

— Hmm… disons que l’évaluation est encore en cours. Je n’ai pas encore terminé l’interrogatoire.

Il secoue la tête en riant.

— Encore ? Tu es sans pitié, Giulia. Quelle est la prochaine question ?

Je regarde un instant devant moi, admirant la vue qui s’étend à l’horizon. Puis, je tourne la tête vers lui, les yeux pétillants.

— Si tu gagnais au loto, tu ferais quoi ?

Gianni laisse échapper un rire, surpris par la tournure de la conversation.

— Si je gagnais au loto ? Eh bien, je m’achèterais probablement un grand voilier. Un bateau capable de traverser les océans. Et je t’emmènerais avec moi. On partirait loin, sans se soucier du monde. Et le reste de l’argent, je le donnerais à ma famille et à ceux qui en ont besoin.

Il se tourne vers moi, soudain sérieux.

— Mais surtout, je ferais en sorte qu’on puisse vivre libres, sans pression.

Je souris, touchée par sa sincérité, et laisse échapper un petit rire.

— Alors, dans ce voilier pour parcourir le monde… tu continuerais à me masser les pieds après chaque aventure ?

Gianni secoue la tête, amusé.

— Seulement si tu me promets qu’on ne cassera plus de statues.

Nos rires résonnent à travers les arbres, et je sens que, même si on a peut-être quitté le sentier, ce n’est pas grave. Nos rêves, nos plaisanteries et cette complicité, voilà ce qui nous guide réellement, un pas après l’autre.

Il s’apprête à répondre, mais je remarque soudain que les marques sur les arbres se font plus rares. Le sentier semble moins entretenu.

— Attends… Tu crois qu’on est toujours sur le bon chemin ?

Gianni s’arrête et observe les alentours, visiblement aussi incertain que moi. Le silence de la forêt devient plus lourd, le chant des oiseaux remplacé par une sorte de tension.

— Bonne question… Je pensais suivre le sentier fléché, mais je ne vois plus de marques depuis un moment.

Je jette un coup d’œil en arrière, mais la végétation dense semble s’être refermée derrière nous, rendant notre orientation difficile. Un rire nerveux m’échappe.

— À force de parler de voiliers et de millions, on a peut-être raté un embranchement.

Gianni hausse les épaules, un sourire malicieux sur les lèvres.

— Peut-être qu’on est en train de découvrir un nouveau chemin, qui sait ? Ça pourrait être notre prochaine aventure.

Je secoue la tête, un sourire se dessinant sur mes lèvres également.

— Tant qu’on continue à se perdre ensemble… Allons-y, on verra bien où ça nous mène.

Soudain, une odeur enivrante me parvient, une délicieuse effluve de citron. Je lève le nez, intriguée, et découvre qu’on est arrivés devant une petite distillerie locale, accrochée à la falaise. L’endroit semble sorti d’un rêve : de petites bâtisses en pierre, des voiles d’ombre tendus ici et là pour protéger du soleil, et cette vue imprenable sur la mer. L’odeur de citron flotte tout autour de nous, fraîche et légèrement sucrée.

Mon enthousiasme grimpe d’un coup, et je ne peux m’empêcher de sourire en pointant l’enseigne du doigt.

— Regarde, Gianni, une distillerie ! Tu crois qu’ils ont de quoi nous aider à oublier nos pieds douloureux ?

Gianni sourit en coin, l’amusement pétillant dans son regard.

— Avec un peu de chance, ils auront un élixir qui m’aidera à te masser sans bousiller de statues. Qui sait ?

 

Gianni

Je ris doucement, imaginant déjà une soirée parfumée au citron, des verres de liqueur entre nos mains, et le ciel étoilé au-dessus de nous. En approchant de l’entrée de la distillerie, je ralentis, une question prête à franchir mes lèvres. Je tourne la tête vers Giulia, et la lumière qui illumine ses yeux me frappe. Cette intensité douce me désarme à chaque fois. Notre jeu de questions-réponses se poursuit, ce n’est plus un simple jeu, mais une exploration de l’autre.

— Ton souvenir préféré de nous deux jusqu’à maintenant ?

Ma question hésite à franchir mes lèvres, consciente qu’elle dévoile une part de moi. Giulia réfléchit un instant, ses yeux se perdent dans nos moments passés. Un sourire éclaire son visage, et je sens une douce chaleur se répandre en moi.

— La nuit dernière, sous les étoiles. C’était parfait. Simple. Vrai. C’était fort.
Je m’arrête un instant, touché par ses mots. Cette nuit était magique, un souvenir gravé en moi pour toujours. Je plonge dans son regard, laissant l’émotion m’envahir.

— Pour moi, c’était quand tu as accepté de venir ici, à Atrani. C’était une promesse de liberté. Depuis, chaque instant a été magique, bien au-delà de ce que j’aurais pu imaginer.

Ses yeux s’adoucissent, un sourire sincère se dessine sur ses lèvres. Ce que j’aime chez elle, c’est sa capacité à rendre chaque moment spécial, même les plus simples. Sa présence à mes côtés me fait sentir complet, comme si tout avait enfin trouvé son sens.

On entre dans la distillerie, et l’atmosphère change immédiatement. Le temps semble suspendu ici. Les effluves de citron mûr se mêlent aux senteurs boisées des vieux tonneaux, créant une alchimie de parfums qui évoque des étés passés et une chaleur familière. La lumière tamisée par l’après-midi caresse les surfaces, et les ombres s’étirent paresseusement sur les murs, conférant au lieu une magie particulière. Une brise légère fait frissonner les rideaux de lin, et une fraîcheur bienvenue traverse la pièce, porteuse d’une promesse de pluie.

Je saisis ce moment d’intimité, cette atmosphère qui nous isole du reste du monde, pour poser une nouvelle question à Giulia.

— Encore à moi de jouer… Comment tu te vois dans quelques années ?

— Hey ! C’était mon tour !

— Allez…

Elle observe les alambics, effleurant mes doigts du bout des siens.

— Je crois que… j’ai envie de continuer à explorer, à grandir. Peut-être reprendre l’affaire familiale de pêche différemment, ou créer autre chose. Avec toi, j’ai l’impression que tout est possible.

Je serre doucement sa main, me laissant submerger par cette tendresse. Je veux être là pour chaque pas, chaque détour.

— J’ai des rêves aussi. Et je veux les réaliser avec toi.

Ces mots sont une promesse, une certitude née de tout ce qu’on a partagé. Elle me sourit, et une vague de chaleur me traverse, emplie de gratitude.

Un employé de la distillerie nous accueille avec un sourire chaleureux, nous invitant à le suivre pour une visite. Giulia et moi avançons côte à côte, prêts à découvrir ce lieu ensemble, à vivre chaque instant à venir, un peu plus liés à chaque pas.

La visite nous plonge dans l’authenticité de la production locale : des citrons cueillis à la main, des méthodes traditionnelles. On goûte la liqueur, son goût sucré et vif éclate sur ma langue. Je me tourne vers Giulia, nos regards se croisent, et on éclate de rire. C’est simple. Parfait.

Plus tard, on est assis face à face, dégustant lentement le limoncello. Le liquide doré scintille dans nos verres, chaque goutte semble renfermer une vérité prête à être révélée. À chaque gorgée, une vivacité s’empare de mes papilles, mêlée à une légère amertume qui rappelle que rien n’est jamais entièrement simple. C’est cette complexité qui rend tout précieux.

La conversation devient plus personnelle, franchissant les frontières des banalités. Giulia parle, et je capte les nuances de ses mots, ses non-dits. Son regard m’interroge, cherche à aller plus loin, à découvrir ce qui se cache derrière mes silences.

— Tiens… Si tu pouvais parler à n’importe quel animal, lequel choisirais-tu ? Son sourire espiègle cherche à atteindre une part plus profonde de moi.

Mes doigts glissent sur le bord du verre, je prends un moment pour réfléchir.

— Peut-être un faucon. Ils volent seuls, haut. Ils voient tout. Quand ils agissent, c’est avec précision, sans hésitation.

Giulia saisit ce que je ne dis pas. Le mot “seul” semble résonner en elle, éveillant une compréhension silencieuse. Elle me regarde, scrutant ce que mes mots laissent en suspens.

— Un faucon… Ça te va bien, toujours à observer, à attendre le bon moment. Mais n’est-ce pas un peu dur… de voler en solitaire là-haut ?

Son sourire est doux, mais je sais que derrière, il y a une véritable question. Je souris en retour, acceptant cette vérité.

— Les faucons volent peut-être seuls, mais ils savent où ils vont. Et toi, Giulia, tu es peut-être la seule à vraiment les comprendre.

Elle se penche légèrement, ses yeux accrochés aux miens.

— Il y a des endroits où même un faucon a besoin de quelqu’un à ses côtés.
Le silence complice entre nous en dit plus que tous les mots. Elle comprend, même si je n’ai pas besoin de l’exprimer. Je décide de briser cette intimité avec un peu d’humour, pour alléger l’atmosphère.

— Quel est le truc le plus bizarre que tu aies mangé ?

Son sourire s’élargit, une lueur malicieuse dans ses yeux.

— Du fugu, le poisson-globe. Quand tu penses que chaque bouchée pourrait être la dernière… Ça met la vie en perspective.

J’acquiesce, impressionné.

— Moi, c’étaient les escargots. Moins risqué, mais ça m’a appris à dépasser mes préjugés.

Nos regards se croisent à nouveau, et je sens que la conversation prend un tour plus intime.
— Quelle qualité tu admires le plus chez moi ? Mon cœur s’accélère, ses mots marqueront un tournant.

Elle prend une respiration, réfléchit.

— Je découvre que tu as cette manière de réparer ce qui est brisé…

— Tu parles des bustes romains ?

Son petit rire précède un regard plus sérieux, plus tendre.

— Pas seulement des objets, mais des situations, des relations. Et tu transformes les moments difficiles en quelque chose de beau. C’est un don, tu sais.

Je ne réponds pas, mais mes yeux disent tout. On est à l’aube de quelque chose de précieux. Dehors, la pluie commence à tomber doucement, comme un applaudissement silencieux. Les gouttes crépitent sur le sol tandis qu’on sort de la distillerie. Giulia trottine vers les arbres pour s’abriter, et je la suis, un peu plus lentement. Elle tourne la tête vers moi, un sourire amusé aux lèvres.

— Tu as renoncé à te mettre à l’abri ?

Je ris doucement, sentant la pluie couler sur mon visage sans m’en soucier. Je la regarde, un sourire joueur se dessinant sur mes lèvres.

— De toute façon, je compte bien me mouiller. Une petite sortie en mer pour explorer la zone que le promeneur nous a indiquée. Ça te tente ?

Giulia sourit, ses yeux pétillant de malice.

— Quelle femme n’a jamais rêvé d’une plongée au cœur de barils toxiques ?

Si cette histoire te plaît, partage-la avec ceux que tu aimes ! Ensemble, faisons voyager ce roman.

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A propos de l'auteur

Matthieu Biasotto

Auteur indépendant toulousain, rêveur compulsif et accro au café. J'écris du thriller, du suspense avec une touche existentielle.

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