Contrôlez la nourriture et vous contrôlerez le peuple. Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations. Contrôlez la monnaie et vous contrôlerez le monde.
Henry Kissinger
Ce cher Kissinger, mentor de Klaus Schwab, aurait pu ajouter une dernière phrase à cette triste vérité : contrôlez les systèmes d’information et vous contrôlerez absolument tout le reste.
Alors qu’on sort tous les deux d’un chapitre éprouvant, il nous reste encore un peu de laine à dénouer pour tenter d’arriver à bout de notre pelote. Je pensais, au début, que mon fil rouge nous conduirait vers les Georgia Guidestones, ces pierres énigmatiques érigées à 90 miles à l’est d’Atlanta et ornées de 10 commandements, dont le premier aurait pu nous faire trembler :
« Maintenir l’humanité sous les 500 000 000 en perpétuel équilibre avec la nature. »
500 millions de personnes sur Terre, contre 7,9 milliards d’individus est une finalité effrayante après le chapitre qu’on vient de conclure, surtout si on se penche sur le discours de David Rockefeller en 1994 aux Nations Unies :
« Ironiquement, cependant, ces innovations précises qui rendent possible de spectaculaires améliorations du bienêtre humain créent également de nouveaux problèmes qui font planer le spectre d’un désastre alarmant, voire catastrophique pour la biosphère dans laquelle nous vivons.
Et c’est là que réside le dilemme auquel nous sommes tous confrontés. Permettez-moi de vous donner un exemple : les améliorations de santé publique ont fait chuter le taux de mortalité infantile dans le monde de 60 % au cours des 40 dernières années.
Au cours de la même période, l’espérance de vie moyenne dans le monde a augmenté pour passer de 46 ans dans les années 1950 à 63 ans aujourd’hui. C’est une évolution que, en tant qu’individus, nous ne pouvons qu’applaudir. Cependant le résultat de ces mesures positives est que la population mondiale, qui a augmenté au cours de cette courte période, de manière géométrique pour atteindre près de 6 milliards d’humains et pourrait facilement dépasser 6 ou 8 milliards d’ici 2020.
L’impact négatif de la croissance démographique sur l’ensemble des écosystèmes planétaires devient effroyablement évident. »
Au World Economic Forum, Jane Goodall, la fondatrice de l’Institut du même nom et éthologue, tenait à peu près les mêmes propos en 2020 :
« Nous ne pouvons nier la croissance démographique humaine, car elle est sous-jacente à tant d’autres problèmes. Toutes ces choses dont nous avons parlé ne seraient pas un problème si la population avait la même taille qu’il y a 500 ans. »
Le 29 aout 2019, Sarkozy lors de la REF – Rencontre des entrepreneurs de France (MEDEF) avait aussi une vision similaire :
« Écoutez, je suis né en 1955, j’ai 64 ans, quand je suis né, il n’y a pas si longtemps quand même, il y avait 2 milliards et demi d’habitants.
2 milliards et demi d’habitants…
Sur moins de la vie d’un homme, la population mondiale a été multipliée par 3. C’est incroyable. Dans 30 ans, nous serons 9 milliards, à la fin du siècle, nous serons 11 milliards. Mais c’est fait, quoi que nous décidions, c’est fait.
[…]
Je vais vous dire une chose [référence à Lagos au Nigéria], 22 millions de gens qui consomment bien, ça fait plus de dégâts qu’un million qui consomme mal.
[…]
Si on n’agit pas très rapidement, on va au-devant d’une question extravagante. La question : combien d’êtres humains peuvent-ils vivre en même temps sur cette planète ? »
Mais je crois qu’il serait réducteur d’arrêter notre pensée à un simple monument et à l’explosion démographique décriée par les puissants. Parce que l’intérêt des mondialistes ne se réduit pas qu’à une volonté directe ou indirecte d’amorcer une dépopulation, l’objectif premier se cache en réalité sur un autre fil de laine. Et le fil rouge que je t’invite à présent à tirer nous emmène plutôt au Royaume-Uni, le 10 novembre 2020, lorsque Boris Johnson s’entretient par webcams interposées avec un certain Bill Gates.
Bien que Bill n’ait jamais eu un diplôme de médecin, ils ont tous les deux traité de l’épineuse question sanitaire. Notre Billou a déclaré que « Chaque chef d’État réfléchit actuellement à deux questions : comment pouvons-nous mettre fin à la pandémie actuelle ? Et comment pouvons-nous empêcher la prochaine ? »
Lors de cette réunion, il est question d’une approche « globale » en guise de solution visant à sauver le monde, et pour éclairer le Premier ministre anglais, d’autres pointures se sont connectées : le P.-D.G. de Johnson & Johnson, Alex Gorsky, et Albert Bourla de chez Pfizer. Pourquoi Boris Johnson a besoin des lumières de Gates ? Eh bien, parce que Billou avait tiré la sonnette d’alarme sur le fait que le monde n’était pas préparé à une crise sanitaire mondiale, bien avant le coronavirus. (tu m’étonnes)
D’ailleurs, avant la plandémie, le 16 avril 2018, Billou serrait la paluche d’Emmanuel 1er le tout-puissant sur le perron de l’Élysée. Là encore, ça discutait « santé » et Gates s’est dit ravi de la relation qu’il entretenait avec notre petit roi à ce sujet. (tu m’étonnes encore)
Le 23 mai 2018, notre Macron rencontre Alexandre Karp dans le cadre du sommet « Tech for Good » organisé à l’Élysée. Alexandre Karp est le P.-D.G. de Palantir. Je te demande de retenir ce nom, car je t’en reparle dans quelques lignes et ça va décoiffer.
On se rappelle qu’en juillet 2018, Macron reçoit les têtes pensantes du cartel pharmaceutique, le club Dolder, pour un diner fort instructif.
Tout est prêt, les pièces sont alignées.
Le 12 octobre 2018, Agnès Buzyn, la meilleure ministre de la Santé de toute l’Histoire remet son rapport, une feuille de route concernant la « Plateforme des données de santé », le fameux Health Data Hub.
Outre le fait que ce nouveau bébé est si fiable que le certificat SSL du site du gouvernement est hors service à l’heure où je t’écris, le « Health Data Hub » a pour objectif de favoriser l’utilisation et de multiplier les possibilités d’exploitation des données de santé, en particulier dans les domaines de la recherche, de l’appui au personnel de santé, du pilotage du système de santé, du suivi et de l’information des patients.
En gros, avant, avec ton dossier médical partagé, les professionnels pouvaient accéder à tes données de santé sans ton accord et à présent, on va plus loin. Toutes les infos de ton carnet médical et de ton dossier de santé sont accessibles et partagées via le cloud (page 20 du rapport), sans ton consentement, avec toutes les structures qui ne veulent que ton bien. En plus, la CNIL est censée surveiller tout ça, donc tout va bien. C’est sécurisé, on te dit !
Un an plus tard, le projet voit le jour et provoque déjà la polémique. Parce que cette collecte massive de données publiques de santé pose des questions de confidentialité et de souveraineté qui inquiètent de nombreux observateurs, à commencer par ton serviteur. Le choix du gouvernement français pour stocker les données d’actes médicaux de toute sa population s’est porté vers l’entreprise américaine… Microsoft.
Déjà, je peux te dire que nos champions de l’hébergement français ont les boules. Mais le pire, tu vois, c’est que Microsoft doit se soumettre à une règle américaine d’exception qui s’appelle le Cloud Act.
« Le Cloud Act octroie au gouvernement américain l’accès à l’ensemble des données personnelles de n’importe quel citoyen, peu importe sa nationalité, du moment que les données sont stockées chez des hébergeurs américains et peu importe la position géographique du Datacenter, et ce sans avoir à saisir un tribunal et, bien évidemment, sans avoir à le notifier aux personnes concernées. » Tu cernes le problème ?
En clair, en optant pour un Cloud américain, E. Macron a laissé délibérément toutes nos données de santé aux mains du gouvernement US. En même temps, ce n’est pas comme si notre armée n’avait pas déjà un contrat « open-bar » avec Bill Gates depuis 2008… Ou que notre service du renseignement français ne bossait pas avec Palantir.
Créée après les attentats du 11 septembre 2001 avec de l’argent de la CIA, cette société énigmatique basée à Denver (Colorado), et cofondée par le milliardaire Peter Thiel, a développé des outils extrêmement sophistiqués, sans équivalent, permettant de croiser toutes sortes de données pour les analyser. La promesse de Palantir, c’est de rendre visible ce qui est invisible à l’œil nu, en moulinant des données et en leur donnant du sens. Une sorte de prédiction à base d’intelligence artificielle qui déchire sa race et laisse tout le monde sur le cul.
Le problème c’est que Palantir sent le soufre. Ses actionnaires principaux sont BlackRock et Vanguard, déjà ça pue. Cette boite est classée No 4 dans le top mondial des entreprises les plus inquiétantes, ce qui te donne un indice sur ces enfants de chœur.
Cette boîte travaille depuis longtemps avec le ministère de la Défense américain, qui a largement contribué à son développement. Elle s’est fait connaître en aidant l’armée américaine à retrouver Oussama Ben Laden. Elle a également développé un logiciel pour traquer les immigrants illégaux aux États-Unis. Les logiciels de Palantir intéressent beaucoup les services de renseignement du monde entier, y compris en France. Mais il faut savoir que Palantir collecte et analyse également des données pour de nombreuses agences gouvernementales, des fonds spéculatifs (comme BlackRock et Vanguard) et des géants pharmaceutiques.
Et tu imagines bien qu’en tant que leader de la Big Data aux mains sales, Palantir a profité du Covid pour apporter sa pierre à l’édifice. Aussi, la société s’est rapprochée de Google et Microsoft pour aider à suivre la progression du virus et de la vaccination.
Palantir a proposé de mettre ses technologies à disposition, pour analyser la propagation du virus et aider les hôpitaux à anticiper des pénuries de matériel médical, ou déterminer le nombre de masques requis par région, à date précise. Plusieurs pays tels que l’Autriche, le Canada, la Grèce ou l’Espagne auraient notamment recours à ces solutions clé en main pour savoir où et quand envoyer du personnel, des masques ou des ventilateurs. Donc sous couvert d’une urgence sanitaire et d’une crise sans précédent, les États se servent du prétexte Covid pour entrer dans une nouvelle ère de systèmes généralisés de surveillance numérique invasive.
L’Europe est peu à peu infiltrée, via le Centre de prévention et de contrôle des maladies de l’UE (ECDC), la Grèce et les Pays-Bas se sont laissé tenter par le diable. On sait que le P.-D.G. de Palantir a rencontré Ursula von der Leyen en marge du World Economic Forum de Davos. Que se sont-ils dit ? L’information suivra sans doute le même chemin que les SMS privés envoyés à Pfizer : c’est-à-dire qu’on ne saura rien.
L’eurodéputée néerlandaise Sophie in ‘t Veld a pourtant constaté cette proximité nocive entre l’entreprise et notre chère Ursula. En juin 2020, Sophie in ‘t Veld a questionné officiellement la commission, pour n’obtenir des réponses évasives que 8 mois plus tard. Voici ce qu’elle en pense :
« Il y a quelque chose qui ne colle pas ici entre le contournement des pratiques d’approvisionnement et les réunions au plus haut niveau du gouvernement… il y a bien plus sous la surface qu’une simple société de logiciels. »
Et je suis assez d’accord avec elle, surtout quand on sait que l’UE investit massivement dans la biométrie depuis quelques années, il y a de quoi s’inquiéter. Plus précisément 1,7 milliard dans le cadre du programme Horizon 2020 a été alloué au stockage des empreintes digitales et des images faciales sur une puce devenue obligatoire pour les cartes d’identité de l’UE depuis juin 2019.
On débloque 1,3 milliard de plus pour les 7 prochaines années, autant te dire que lorsque l’Europe nous vend la biométrie pour des questions telles que les paiements, l’entrée dans les lieux publics, les lieux de travail et les voyages comme le seul moyen de revenir à la normale dans le monde d’après… Tu peux commencer à flipper.
Surtout quand tu réalises que ces différents « volets » biométriques se lient pour ne former qu’un grand tout, un système d’identité beaucoup plus intrusif et centralisé qu’on veut bien nous le dire.
Le livre blanc du Forum économique mondial de janvier 2020 sur la « réimagination de l’identité numérique » peut te faire frissonner. On y souligne la nécessité d’une coopération entre les secteurs public et privé ainsi que d’une collaboration entre les industries sur ces identifiants, y compris les soins de santé, les voyages et les services financiers. En gros, tout sera lié, tu vois ce qui se profile ?
Pour mieux cerner les contours d’un futur sous contrôle, j’ouvre une toute petite parenthèse composée de quelques éléments fragmentés dans la réalité, mais qui convergent dans une même direction :
Aux États-Unis, la journaliste Sharyl Attkisson obtient dans le cadre de la FOIA (Freedom of Information Act dont on aurait bien besoin par chez nous) des documents internes aux CDC stipulant que les Center for Diseases Control collectent et stockent les messages relatifs aux vaccins dans une base de données. Les messages sont classés en fonction de leur affiliation politique.
En 2018, le géant pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) rachète la quasi-totalité des données génétiques de ses 5 millions de clients à la société 23andMe. En 2019, la base de données génétiques GEDmatch est rachetée par Verogen, un pro de la recherche policière.
Toujours outre-Atlantique, l’enquête pour un crime se trouve résolue par la généalogie génétique. La Chine, en août 2019, se préparait déjà à une gigantesque collecte d’ADN auprès de la population de tout le pays, l’une des sociétés ayant rapporté l’appel d’offres du gouvernement est une boîte américaine, Thermo Fisher Scientific. Oui, tu as déjà lu ce nom dans le chapitre concernant les tests PCR, car Thermo Fisher Scientific est un leader dans le domaine.
Ne fais absolument aucun lien avec le salon ASM Microbe 2016 sur lequel la société tenait un stand et animait des ateliers portant sur le PCR durant ce forum ouvert par une brillante allocution de notre cher Bill Gates. Non, ça serait vraiment comploter gratuitement que de croire à une petite discussion entre les deux parties dans les allées du salon.
En parlant de PCR, aux USA, les CDC admettent dans un message sur Twitter que 10 % des prélèvements de tests PCR peuvent être transférés en laboratoire pour subir un séquençage génomique. Ne va surtout pas penser à mal en imaginant qu’il y aurait là la possibilité de constituer une base de données phénoménale de nos ADN. Puisque le fact-checking te dit le contraire, nom d’un écouvillon !
On se demande alors pourquoi, à Honk-Kong, la population redoute le fichage qui se cache derrière la politique de dépistage massif pour le Covid. Peut-être parce que la police prélève déjà l’ADN sur les manifestants arrêtés ? En tout cas, ça commence à faire beaucoup de complotistes d’un coup, et que dire d’E. Macron ayant refusé de se soumettre à un test ADN lors de sa récente visite auprès de Vladimir Poutine ? Le motif invoqué par l’Élysée est « Nous ne pouvions accepter qu’ils mettent la main sur l’ADN du président ».
Pour finir, je t’emmène en Suisse où les assureurs veulent absolument mettre la main sur ton profil génétique. Tu l’auras compris, la collecte et le partage de notre ADN sont dans l’air du temps, les données génétiques sont aussi une mine d’or pour les labos. On comprend mieux pourquoi Laurent Alexandre, transhumaniste, fondateur de Doctissimo et de DNA Vision, clame haut et fort que Bill Gates est le héros de ce siècle.
Bien ceci, étant posé, je referme la parenthèse et reviens à notre fameuse identité numérique.
À la lueur de ce que je viens de t’exposer, on peut se dire que le Covid est une belle opportunité. Mastercard et Microsoft ont uni leurs forces en 2018 pour travailler sur un système mondial d’identité numérique, qui comprend l’accès aux services de santé, financiers et sociaux avec divers gouvernements. En bon élève de la fusion public-privé sur l’identité numérique, la macronie est devenue le premier pays européen à nouer un « Partenariat pour l’économie numérique » avec Mastercard en janvier 2020 pour quatre ans. Tu sens la douille arriver ?
Ce partenariat repose sur plusieurs piliers stratégiques qui correspondent aux politiques publiques stratégiques du gouvernement français en matière de numérisation et de croissance économique, notamment pour le tourisme, la FinTech, l’IA, l’identité numérique, la cybersécurité et l’avenir du travail. Mais ça se précise un peu partout, la Macédoine du Nord a également conclu un accord similaire avec Mastercard.
En Inde, Mastercard a développé une solution de paiement pour les transactions sur Aadhaar, le système national d’identification biométrique (UID), couplée aux empreintes digitales et l’iris. À la base Aadhaar n’a rien d’obligatoire, mais vu qu’il couvre à peu près toutes les facettes de la vie quotidienne, si tu refuses de t’en servir, tu te retrouves vite bloqué dans l’accès aux services de base. Résultat, 90 % des Indiens l’utilisent. Et c’est exactement ce qui nous pend au nez dans un futur très proche.
On va nous le vendre comme un joli petit processus d’identification simplifié et plus sécurisé, mais qu’arrive-t-il si les aspects les plus cruciaux de ta vie conditionnent alors l’accès aux installations et aux services ? Que se passera-t-il si par malheur tu dévies de la ligne de conduite édictée par le gouvernement ? Parce qu’il faut être lucide, Mastercard et Microsoft, entre autres, s’entrainent déjà à ce genre de choses en Afrique de l’Ouest. Grâce à Gavi (l’Alliance des Vaccins financée par Gates) et à Trust Stamp, on combine dans une plateforme unique : une « authentification d’identité » alimentée par l’IA avec un système d’identité numérique biométrique + des dossiers de vaccination + un système de paiement biométrique. Sympathique, non ?
D’autant que depuis la lecture des chapitres précédents, je ne te sens pas particulièrement enjoué à l’idée de montrer ton bras pour recevoir ta 4e, 5e ou 6e dose (la 7e est en promo).
Dans un autre chapitre, je t’avais déjà parlé de la feuille de route pour la vaccination de l’Europe (un document qui a vu le jour bien avant le Covid). Ce document détaille également un plan s’étendant de 2018 à 2022 pour « examiner la faisabilité de développer une carte/un passeport de vaccination commun pour les citoyens de l’UE » et « élaborer des orientations de l’UE pour la mise en place de systèmes d’information électroniques complets sur la vaccination ».
Depuis, le certificat numérique Covid de l’UE est né, cette sorte de passe vaccinal prolongé jusqu’au 30 juin 2023 était la crainte des « complotistes » au début de la crise. C’est vrai qu’il fallait être sacrément taré pour imaginer qu’on puisse un jour avoir besoin d’une vaccination vérifiée par une application afin d’aller au cinéma et au restaurant, ou pour voyager en avion. Et puis c’est arrivé…
L’association du transport aérien international (IATA) a mis sur pied son application Travel Pass pour que tu montres patte blanche avant de poser tes fesses dans un avion. Accenture, Microsoft, Mastercard, IDEMIA, IBM et Google sont tous des partenaires stratégiques de l’IATA. Je dis ça, je dis rien. De même qu’un partenariat entre les compagnies aériennes, le Common Trust Network et le World Economic Forum a donné lieu à l’application CommonPass.
On nous a sorti « TousAntiCovid », le Royaume-Uni a eu son V-Health Passport, le Canada, son VaxiCode, les autres pays ont eu droit aux variantes du GreenPass, et si on en croit la doxa médiatique il ne faudrait surtout pas qu’il te vienne l’idée de comploter. D’ailleurs, j’imagine que ce sera bientôt un délit de remettre la pensée unique en cause, car l’Union européenne s’active dans la guerre contre la désinformation, ils pondent même un joli petit flyer pour terrasser les lanceurs d’alerte. Tôt ou tard, viendra le temps où ce livre sera brulé, et je terminerai sur un bûcher vite fait bien fait, à ce rythme-là. Tu penses que j’exagère ? L’UE veut analyser tous les messages des conversations instantanées, même celles cryptées de bout en bout. Ok, sous couvert de la noble cause de la lutte contre la pédocriminalité, je te l’accorde. Mais n’y a-t-il pas là un prétexte en or pour récolter un maximum de données et refermer le piège d’une surveillance généralisée en temps réel ? Bref, je m’égare, revenons à l’information, concentrons-nous sur les faits.
En mars 2022, le gouvernement français déploie Mon Espace Santé, un nouvel outil qui propose entre autres un coffre-fort stockant des documents de santé (ordonnances, analyses biologiques, dossier d’hospitalisation, etc.). Pour ne pas reproduire le monumental échec du Dossier Médical Partagé (DMP) qui nécessitait une démarche active (seulement 10 millions de dossiers ouverts en 15 ans), cette fois la Macronie filoute : on t’inscrit d’office à « Mon Espace Santé ». En théorie tu avais 6 semaines pour t’y opposer, en réalité, de nombreux internautes rapportent que la démarche était difficile par téléphone, et souvent chaotique sur internet, ce qui explique peut-être le taux de refus de 0,7 %.
Ce petit tour de force qui vise à centraliser toutes les données sans réellement te laisser le choix n’est pas tombé du ciel, ce n’est pas le fruit d’une fulgurance 100 % macronienne, non, ce forcing suit un plan. En 2014, l’Union européenne édite un nouveau règlement concernant « l’identification électronique et les services de confiance au sein du marché intérieur ». L’idée est de trouver le moyen pour faire accepter au public cette identification numérique imposée par l’Europe. En France, ce moyen s’est cristallisé dans FranceConnect.
Derrière FranceConnect se cache une identité numérique totale qui regroupe déjà de nombreux services publics et privés, FranceConnect gère aujourd’hui 900 services et devrait en gérer 1 300 à la fin de l’année 2022 avec environ 30 millions d’utilisateurs. Les impôts, La Poste, les démarches administratives, Pôle emploi, la CAF, l’énergie… Tout sera bientôt centralisé derrière cette identification unique, il ne manquera que ton statut vaccinal, tes réseaux sociaux, ta consommation de C0² et ta banque avant que la boucle soit définitivement bouclée autour de ton cou.
Après la tristement prévisible réélection de notre monarque — dont je m’abstiens de tout commentaire tant j’en pense du bien (mais je m’occuperai probablement de lui dans un autre livre), les choses s’accélèrent. Le gouvernement autorise le 26 avril 2022 par décret la création d’un nouveau système nommé Service de garantie de l’identité numérique[1] (SGIN). Le texte prévoit ainsi la création d’une application mobile qui pourra scanner les informations de la nouvelle carte d’identité biométrique (CNI) et faciliter la connexion à des services publics ou privés.
Cette nouvelle CNI qui voit le jour le 2 août 2022 va également faire office de clé d’accès à des services en ligne de l’État (comme remplir sa déclaration d’imposition, valider et signer un document officiel, payer une contravention en ligne, accéder à son compte ameli, et bientôt se connecter à ses réseaux sociaux, etc.). Car derrière cette nouvelle carte d’identité tout innocente, l’État a l’objectif de déployer massivement une solution d’identité numérique régalienne s’appuyant notamment sur FranceConnect. Charmant.
Cette mise en place à la française coïncide avec l’émergence de l’Identité Numérique Européenne, je t’avais déjà dit dans le chapitre consacré à notre Ursula qu’elle voulait nous refourguer un portefeuille numérique. Son Digital Wallet sera couplé avec le programme européen Destination Earth (DestinE) financé à hauteur de 150 millions d’€, pour une planète plus résiliente, une meilleure gestion des catastrophes naturelles, etc. = On va greffer une sorte de passe carbone à ton identité numérique, j’en mets ma main à couper (et Dieu sait que j’ai besoin de mes mains). Et la nouvelle solution Mastercard « Doconomy » me donne raison, le système de paiement favorise les transactions durables, calcule ta part de carbone et propose des solutions de compensation carbone. Mais revenons au Wallet, ce fameux « portefeuille » européen…
Pour que ce Wallet fonctionne dans toute l’Europe, il faut que chaque pays harmonise sa solution (son « FranceConnect » à lui) afin de pouvoir s’interfacer et le soumettre à la Commission européenne. La France passe l’examen haut la main, tout comme l’Autriche, la Norvège, la Tchéquie, l’Allemagne, Malte, la Suède, le Portugal, le Danemark, la Belgique et tant d’autres. Tout est prêt, je te dis.
Mais comment ça va marcher ?
Pour le fonctionnement, inutile de réinventer la roue, ou la poudre à canon. Ce qui tombe bien puisque cette dernière nous vient de Chine, probablement durant la dynastie Han (206 ans avant J.-C.). En 2022, nous allons encore nous inspirer de Pékin et de son fameux crédit social à la chinoise.
Cette fabuleuse idée consiste à distribuer des points en fonction des bons et des mauvais citoyens. Exemples : des points en plus pour un don du sang, mais des points en moins pour un chien promené sans sa laisse… George Orwell en aurait rêvé pour son roman « 1984 », les créateurs de la série Black Mirror l’ont conceptualisé, la Chine l’a tout simplement fait.
Au moindre faux pas, le citoyen chinois bascule sur liste noire et se voit refuser ses titres de transport, par exemple. Un véritable paradis composé de millions de caméras qui traquent 1,4 milliard de suspects. Le site officiel du crédit social affiche déjà les noms et numéros d’identification de personnes interdites de prendre le train ou l’avion. Plusieurs listes d’entreprises accusées de violer la loi pour des motifs divers et donc « indignes de confiance » sont régulièrement publiées.
Si tu ne restes pas dans les clous à Shanghai, l’application « Honest Shanghai » te rappelle à l’ordre entre deux reconnaissances faciales. Elle te permet à partir de plusieurs critères d’attribuer une note de comportement social entre « excellent », « bon » ou « médiocre » à tous ceux que tu croises, puis de rassurer ton employeur ou ton créancier potentiel ou encore sa future belle-famille si tu as un joli score. Comme j’ai hâte…
Imagine-toi une seconde avec des policiers munis de lunettes noires à reconnaissance faciale capables de scanner immédiatement tous les visages des passagers dans un train bondé. Ce n’est pas de la fiction, c’était déjà le cas lors du dernier Nouvel An chinois, dans la gare de Zhengzhou.
Ça fait rêver.
Du coup le modèle chinois t’offre une existence oscillant entre 350 et 900 points, une fourchette de comportements acceptables et de privilèges accordés pour t’être soumis docilement à ce que l’État attend de toi. Le tout est défini par des algorithmes qui jugent sans hésitation la qualité de la vie que tu mènes : « Quelqu’un qui joue à des jeux vidéo pendant dix heures par jour sera considéré comme une personne oisive tandis que quelqu’un qui achète fréquemment des couches sera considéré comme probablement un parent, qui, dans l’ensemble, est plus susceptible d’avoir un sentiment de responsabilité. »
C’est tout un paradigme qui s’effondre, une liberté sous caution, un droit d’aller et venir conditionné par une politique totalitaire perfusée à une intelligence artificielle qui analyse tes faits et gestes. Mais notre cher Xi Jinping l’affirme : « Le sentiment de sécurité est le meilleur cadeau qu’un pays puisse offrir à son peuple. »
Ce n’est pas faux, mais dans cette inversion des valeurs visant à augmenter le niveau de vertu des Chinois, le « crédit social » des citoyens fait passer les devoirs avant les droits. Jamais je n’aurais cru une seule seconde que cette vision de la société puisse un jour ramper jusqu’à nos portes, mais E. Macron salive devant l’arbitraire qui pointe du côté du soleil levant, il l’affirme sans trembler : « Vous avez des devoirs avant d’avoir des droits », une redéfinition du contrat social français qui laisse songeur. Après tout, un irresponsable n’est plus un citoyen…
Notre président réélu amorce une révision du contrat social occidental qui colle drôlement bien avec l’agenda de la ville de Bologne en Italie, qui se lance cet été à son tour dans un test grandeur nature de crédit social. Grâce au Smart citizen wallet, dans cette version européenne de la carte à point numérique, on privilégie la récompense à la sanction, une entrée en matière édulcorée, histoire que la pilule passe mieux — j’ai écrit « pilule », mais je voyais plutôt un « suppositoire ».
Dans l’hexagone, le projet arrive à grands pas, Thales nous l’annonce avec une belle petite vidéo qui fait la promotion de son Digital ID Wallet reposant sur les briques logicielles du très robuste Gemalto Mobile Security Core. Aucun risque de pouvoir y échapper de perdre tes précieuses informations.
Le Maroc est dans notre sillage, l’Agence de Développement du Digital (ADD) a lancé, le lundi 25 avril 2022, le service d’identification et d’authentification des usagers des services numériques, basé sur la Carte Nationale d’Identité Électronique (CNIE).
Le dispositif s’installe partout, discrètement, dans le monde, notamment en Ukraine. Même sous les bombes, les citoyens peuvent encore télécharger Diia et y stocker tout un tas d’informations officielles afin de goûter aux joies du crédit social. Quitte à ce que le gouvernement les soudoie un peu pour les motiver. Et je ne pouvais pas mieux terminer ce chapitre qu’en déroulant le fil rouge venu de Kiev, car tu l’auras compris, le conflit en Ukraine mérite à lui seul un petit chapitre, un petit mètre de laine comportant quelques nœuds, beaucoup d’enjeux et un bel écran de fumée que nous allons traverser tous les deux…
[1] Page étrangement supprimée depuis, mais retrouvée sur la way back machine par ton serviteur.
Pour plus de confort, tu peux poursuivre ta lecture sur ta liseuse d’une traite. Les formats PDF, epub (Kobo et autres marques) et mobi (Kindle) sont disponibles à petits prix. 🤏💕