Sous les Gyrophares
Giulia
Ici et maintenant…
L’L’ambulance fend la nuit, ses gyrophares rouges et bleus éclatent sur les murs comme des coups de pinceau frénétiques sur une toile noire. Chaque clignotement marque l’écoulement du temps, serrant ma gorge d’urgence. Chaque flash est une gifle, chaque cri de sirène un coup de poignard qui déchire le silence. L’air vibre, lourd de culpabilité, et chaque battement de mon cœur résonne avec l’urgence qui s’empare de moi. Ce hurlement, c’est plus qu’une alarme. C’est un cri qui lacère mes pensées, effritant les quelques certitudes qui me restaient.
Mes pensées s’éparpillent, dévorées par la peur, emportées comme des grains de sable dans un vent furieux. « Ce que j’ai découvert est une bombe »… Les mots de Gianni tournent en boucle dans mon esprit, une bombe qui a explosé sans que je ne comprenne pourquoi. Je suis en chute libre, aspirée dans un gouffre où tout semble se briser.
Un secouriste me saisit par le bras, son geste sec me ramène à la réalité. Son poing ferme me rattache à la terre, mais rien n’efface ce doute qui me hante : est-ce que tout ça est de ma faute ? Mes jambes avancent mécaniquement, comme si elles ne m’appartenaient plus. Je monte dans l’ambulance sans comprendre comment, ni pourquoi. Le monde autour de moi s’est effondré.
Les événements s’enchaînent, brutaux, sans répit. Le métal froid de l’ambulance, les lumières crues, le hurlement strident des sirènes… Tout se mélange, tout m’écrase. Les voix des secouristes se brouillent en un murmure lointain, un bourdonnement qui s’accroche à mes pensées éparpillées. Chaque respiration devient une lutte contre cette peur qui me ronge, qui me serre la gorge jusqu’à m’étouffer.
La porte claque, me projetant contre la banquette. L’ambulance démarre en trombe, m’arrachant à mes pensées. Les vibrations du moteur me ramènent à la surface, mais chaque virage me rapproche de l’hôpital tout en m’éloignant de Gianni. Quelque chose de plus grand que moi est en marche, et je suis impuissante face à ce que je ne comprends pas.
Le secouriste assis en face de moi brise enfin le silence, sa voix grave perçant la bulle de terreur qui m’enferme.
— Vous savez ce qui s’est passé ? Vous étiez avec lui ?
Ses yeux cherchent des réponses que je n’ai pas. Je secoue la tête, les mains agrippées à la couverture de survie qui ne parvient pas à réchauffer ce froid glacial en moi. Un hiver intérieur qui s’installe et ne veut plus partir.
— Non… On était au téléphone…
Ces mots, si simples, pèsent comme du plomb. Et s’ils avaient tout déclenché ? Et si c’était ma voix, mes paroles, ou le simple fait de lui avoir téléphoné qui avaient provoqué l’accident ? L’idée me dévore, une vague glaciale qui me traverse, rendant chaque souffle plus difficile. Le secouriste scrute mon visage, ses yeux fouillant les miens, cherchant à comprendre.
— Il a dit quelque chose ? Quelque chose qui pourrait nous aider à comprendre ce qui s’est passé ? Il était cohérent quand il parlait ?
L’inquiétude dans ses yeux me renvoie à la mienne. Je prends une inspiration tremblante, mes pensées en vrac. Chaque mot semble impossible à prononcer.
— Il… Il tenait à s’assurer que je sois en sécurité.
Ma voix se brise sur ces mots. C’est comme une condamnation. Il voulait me protéger, et ça lui a coûté cher. La gravité de la situation s’abat sur moi comme une enclume. Tout est fini.
Les secouristes échangent un regard lourd de tension. L’un d’eux parle enfin, d’une voix mesurée :
— Des témoins disent que la voiture de Gianni a été percutée par un gros véhicule noir. De manière délibérée, apparemment.
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