L’Envers du Silence
Giulia
Une bouffée d’air iodé m’agresse dès que je franchis la porte de l’appartement. Le souffle lourd et chargé de sel s’immisce, comme si la mer elle-même avait envahi les murs. L’odeur de la pêche colle à tout, des coussins jusqu’à mes poumons. Même mes rêves sont engloutis par cette eau qui refuse de me lâcher, chaque inspiration me ramenant vers des souvenirs que je lutte à étouffer.
Je l’aperçois enfin. Ezio, affalé sur le canapé, son visage aussi pâle que les jours d’hiver où la mer se retire, laissant la côte nue et désolée. Ses cernes profonds trahissent des nuits blanches, passées devant cet écran lumineux qui semble l’aspirer comme un courant irrésistible. Ses doigts bougent sur la manette, mais il n’est plus là. Une part de lui a dérivé dans un monde où je ne peux plus le rejoindre.
Je retire mes bottes, les gestes lents, mes doigts encore engourdis par l’humidité de la nuit en mer, de la matinée au marché et de la journée sur les docks. Ma colère monte, sourde, comme la marée. Elle prend son temps, mais je la sens, implacable. Pourtant, je l’interroge en contrôlant ma voix.
— T’as mangé ce que j’ai laissé ?
Ezio hausse à peine les épaules, comme un vent faible sur la surface de l’eau. Il murmure, sa voix avalée par le bruit du jeu.
— Non… pas faim.
Je m’avance, mes pieds glissant sur le vieux parquet comme sur le pont d’un bateau en pleine tempête. Ce fossé entre nous grandit, jour après jour, et je me sens impuissante face à ce courant qui l’emporte. Une pression constante pèse sous mes côtes, m’empêchant de respirer.
— Faut que tu manges, Ezio. Tu ne peux pas continuer comme ça…
J’ai droit à un silence aussi lourd que l’air d’une nuit sans vent. Il fronce les sourcils, mais ses yeux restent rivés à l’écran, comme s’il cherchait une réponse là où il n’y en a pas. Sa voix finit par tomber, froide et amère.
— Pourquoi tu t’inquiètes autant ? On s’en sort, non ? Laisse-moi tranquille.
Je me fige. C’est ça qu’il appelle s’en sortir ? Laisser les jours passer, perdu dans cet univers pixelisé, pendant que je me tue à la tâche pour maintenir notre bateau à flot ? Une vague de colère déferle en moi.
— S’en sortir ? Sérieusement ? Tu crois vraiment que c’est ça, s’en sortir ? Te laisser engloutir par ce foutu écran pendant que je me bats pour nous deux ?
Ma voix résonne contre les murs, comme le fracas des vagues contre les falaises. Ezio lâche la manette, ses yeux fatigués se posent enfin sur moi, mais je ne reconnais plus leur éclat. Ce n’est plus mon frère.
— Et tu crois que c’est facile pour moi ? Tu crois que je choisis ça ? La réalité est pourrie, alors oui, je préfère l’éviter.
Ses mots frappent comme une bourrasque inattendue. Il fuit. Mais cette fuite, il la vit si clairement, si ouvertement, que ça me coupe le souffle.
— Et ça changera quoi ? Tu ne peux pas te cacher derrière des jeux toute ta vie, Ezio. La réalité, c’est tout ce qu’on a, même si elle fait mal. Tu ne peux pas fuir éternellement.
Ma voix tremble, non de peur, mais d’une terreur sourde. Celle de le perdre pour de bon, de le voir sombrer dans cet océan numérique, sans pouvoir le sauver. Son regard devient dur, presque cruel.
— Toi, tu as peut-être accepté cette vie de merde, mais moi, je refuse. Pourquoi je devrais me battre pour une existence qui me bouffe jusqu’à la moelle ?
Je reste là, immobile, tandis que ses mots s’enfoncent en moi comme des lames. Il s’enfonce, et je ne sais plus comment le rattraper.
— Parce que t’es pas seul, Ezio. Papa disait qu’on ne traverse jamais une tempête sans matelot. Tant qu’on rame, on ne coule pas.
Je fais un pas vers lui, mais il secoue la tête, fermant la porte à tout espoir. Ses yeux se tournent de nouveau vers l’écran, cherchant refuge là où je ne peux le suivre.
Le silence retombe, lourd comme une mer d’huile avant la tempête. C’est alors que mes yeux se posent sur une enveloppe, négligemment posée sur la pile de factures. Pas de timbre, juste mon prénom, tracé d’une main que je reconnaîtrais entre mille. Mon cœur s’accélère, une vague d’appréhension me traverse.
— C’est quoi ça ?
Je sens ma gorge se nouer.
— J’sais pas. Je l’ai trouvée dans la boîte.
Mes doigts tremblent en prenant l’enveloppe. L’écriture… Je la connais trop bien. Mon cœur bat plus fort. J’ouvre doucement la lettre.
« Giulia,
Je ne sais pas par où commencer, tant je suis désolé. Depuis notre séparation, je réalise que j’ai tout gâché. Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour nous, mais aujourd’hui je m’en mords les doigts. Il y a tant de choses que j’aurais voulu te dire, mais que je n’ai jamais su exprimer. Chaque jour sans toi est un supplice. Je ne cherche pas d’excuse, mais j’ai besoin de te parler. Une dernière fois. Je ne sais pas si tu liras cette lettre, mais je ne pouvais plus garder le silence.
J’ai longtemps cru que ne rien dire te protégeait, mais je comprends maintenant que c’est ça qui a tout détruit. J’étais trop lâche pour affronter mes erreurs, et trop fier pour te demander de me pardonner. Le vide que je ressens depuis ton départ est insupportable, et je sais que c’est de ma faute.
J’aimerais te dire que je vais mieux, que j’ai trouvé la paix, mais ce serait te mentir. La vérité, c’est que je suis perdu sans toi. Je ne demande pas que tu reviennes, je ne le mérite pas. Je veux juste que tu saches que tu n’as jamais quitté mes pensées, que chaque jour sans toi est plus difficile que le précédent.
Je comprends si tu refuses de me voir, mais si tu me laisses une dernière chance de t’expliquer, je serai là, prêt à tout avouer. Je ne peux pas continuer à vivre dans ce mensonge, dans cette douleur.
Pardonne-moi, ou du moins essaie de comprendre pourquoi j’ai agi comme je l’ai fait.
Marco »
Je replie lentement la lettre, mes mains tremblent encore. Comme si ce simple geste pouvait refermer la plaie qu’elle vient de rouvrir mais je sais que c’est vain. La douleur est bien là, insidieuse, s’infiltrant en moi comme le ressac lent et inexorable qui érode les falaises. Chaque mot de Marco réveille des souvenirs que j’avais enterrés sous des couches de déni. Mais tout remonte à la surface, imprégné de regrets et de questions sans réponse.
Je laisse mon regard errer sur le bracelet en corde autour de mon poignet, ce souvenir de mon père, cet étrange héritage. Aujourd’hui, il pèse plus lourd que jamais, comme un rappel de mes choix, de mes erreurs, et de tout ce que j’ai sacrifié. Est-ce que Marco réalise vraiment ce qu’il a fait ? Peut-être. Peut-être pas. Mais ce qu’il ne sait sûrement pas, c’est à quel point j’ai changé. Et ce changement, je le ressens à chaque battement de mon cœur, comme un fardeau trop grand à porter. Alors pourquoi est-ce si dur de tourner la page ? Je serre la lettre dans ma main, cherchant des réponses dans ces mots qui ne font que raviver la souffrance.
— T’as une drôle de tête. Ça va ?
Sans lever les yeux de l’écran « game over », Ezio semble se souvenir qu’un autre être humain respire le même air que lui. Je secoue la tête, incapable de trouver les mots.
— Faut que je sorte un moment. Je reviens.
Je quitte l’appartement, la lettre serrée contre moi, comme un dernier espoir de comprendre ce qui m’échappe encore. Certains souvenirs sont comme des ancres : ils nous retiennent là où on a déjà sombré.
Gianni
Depuis l’appel de mon père hier, un malaise grandit en moi, comme une ombre qui s’étend sur des ruines oubliées. Revenir à Positano, c’est comme déterrer des cendres que le vent avait pourtant dispersées. On ne revient jamais indemne là où le passé a marqué sa chair.
À peine la porte de mon bureau franchie, la voix de Claudia me fauche dans mes pensées. Elle est là, adossée à l’embrasure, effleurant le bois avec cette nonchalance qui lui colle à la peau. Dans ses bras, un bouquet de lys blancs, éclatants sous les néons blafards. Leurs pétales semblent palpiter, presque irréels dans l’air lourd, diffusant une pureté glacée. Un parfum de mort, qui étouffe. Chaque effluve remue des souvenirs que j’aurais voulu enterrer. Oubliés. Pour de bon.
Elle avance, tendant le bouquet comme un trophée, un sourire tiré, trop parfait.
— Le livreur vient de passer. Elles sont splendides, je suis touchée, Gianni.
Sa voix serpente, caresse l’air avec cette insistance qui me ronge. Elle attend. Que je cède. Ses cheveux dévalent son épaule, sa tête penche dans une malice étudiée. Chaque sourire étire un peu plus l’inconfort dans mon ventre. Un nœud se forme, implacable. Sans un mot, je saisis presque violemment les fleurs. Nos doigts se frôlent. Une seconde. Elle lâche enfin les tiges, et son regard s’éteint, ébranlé. Elle pensait vraiment que ces fleurs étaient pour elle ? L’idée me lacère.
Ces lys sont bien trop lourds. Pour elle.
— Ce n’est pas pour toi, Claudia.
Ma voix fend son sourire. Elle soupire, n’insiste pas. Un silence s’installe, chargé. Elle le sait. Ces tiges glacées dans mes mains, cette perfection trop lisse… C’est mon passé qui me dévore un peu plus chaque jour. Claudia ne comprendra jamais.
Je détourne le regard, la laissant là, figée. Son parfum sucré flotte encore, écœurant. L’ascenseur gronde en s’ouvrant, métallique. Le métal froid renvoie un reflet brisé. Déformé. Comme moi. Chaque fragment de moi reflété me rappelle ce que je suis devenu. Le parfum des lys plane encore, impossible à fuir.
Je jette le bouquet sur le siège passager de la Maserati. Leur blancheur tranche violemment avec le cuir noir, agressive. Mon regard s’accroche à ce contraste. Ces lys… Ils sont pour Chiara. Pas pour n’importe qui. Un soupir s’échappe, une douleur sourde me tord les entrailles. Un poids invisible écrase ma poitrine. Ces fleurs sont tout ce qu’il me reste d’elle.
Je tourne la clé, le moteur rugit comme une bête blessée. Naples se dissout sous l’accélérateur. Chaque virage est une fuite, une évasion impossible. Mais la route tortueuse vers Positano n’efface rien. L’éclat azur de la Méditerranée ne change rien. Je dévale les courbes, aussi vite que le vent, mais à l’intérieur… tout s’effondre. Les vagues s’écrasent sur les rochers, indifférentes à mon chaos. Comme si rien n’avait d’importance.
Arrivé au cimetière, je m’avance, le bouquet en main. Chaque pas pèse lourd, chaque respiration s’étire dans la douleur. Chiara… Ce vide, cette absence. Je dépose les lys sur sa tombe. Mon passé tout entier repose là, entre ces pierres froides. Ma sœur. Ma moitié. Tout ce qu’il me reste, c’est l’absence. Elle me ronge, chaque jour un peu plus.
Le temps s’effiloche, je me redresse enfin. Le soleil décline, perce à travers les arbres et se laisse bouffer par d’épais nuages. Je sais que c’est l’heure. Une dernière fois, je touche la pierre glacée. Je reste là, longtemps. Immobile. Le vent murmure dans les branches des pins à quel point elle me manque. Les souvenirs frappent, brutalement. Sa voix. Son rire. Son aura. Tout revient, avec la même violence. Le regret me submerge, amer. Il m’étouffe. Trop fort.
C’est comme si le temps, ici, n’avait jamais avancé. Chaque seconde loin d’elle est une blessure qui ne se referme pas. Si elle pouvait me parler, elle me dirait que le passé ne meurt jamais, il change seulement de forme. Chiara savait. Chiara était brillante. Plus douée que je ne le serai jamais. Elle savait que tout ce que je tente de fuir me suivrait, me hanterait, jusqu’à ce que je sois trop épuisé pour courir encore.
— Décidément… Je ne t’arriverai jamais à la cheville…
Ma voix se brise, portée par le vent. Un murmure, trop faible pour être entendu.
Je retourne à ma voiture, le cœur en miettes, mais animé par une flamme dévorante. La douleur, celle qui s’insinue partout, devient un moteur silencieux. Elle pulse, sourde, constante. Mais elle me guide. Échouer n’est plus une option. Pas maintenant. Pas après tout ce que j’ai traversé. Ce n’est plus une question de réussite ou d’échec. C’est une promesse. Une promesse à Chiara. Une promesse pour prouver à mon père que je peux y arriver, malgré ce hurlement intérieur qui me supplie de fuir.
Le moteur gronde, régulier, implacable, comme un second cœur battant. À chaque kilomètre, le crépuscule avale la côte, teintant l’horizon de pourpre et d’or. Mais la beauté du paysage n’adoucit pas le brasier qui me consume. Le ciel, lui aussi, commence à changer. À l’horizon, des nuages sombres s’amoncellent, étouffant la lumière du soleil couchant. La douceur de l’instant se fait plus rare, remplacée par une tension palpable dans l’air. Quelque chose d’invisible mais puissant se prépare.
En arrivant à Positano, je ralentis. Le chantier de l’hôtel se dresse dans l’ombre, immense, inachevé. Il aspire la lumière, comme un monstre gisant dans l’obscurité. Une fine pluie commence à tomber, légère au début, presque imperceptible, mais suffisamment pour ternir l’éclat de la mer et noircir l’asphalte. Ce bâtiment n’est pas juste un projet. C’est le miroir de mes peurs. Solide dehors, mais fragile dedans. Comme moi.
Je reste là, à l’observer. Mes doigts crispés sur le volant. Je dois tout reprendre en main. Mais pourquoi ? Pour qui ? Le vide en moi grandit, s’étend face à ce mastodonte. À quoi bon prouver quelque chose si, au fond, tout me ramène à ce gouffre d’absence ? La pluie s’intensifie, créant des gouttes bruyantes sur le toit de la Maserati, ajoutant à l’atmosphère oppressante.
Je prends une inspiration brûlante, avalant l’angoisse qui s’enroule autour de ma gorge. Le chantier est désert. Machines mortes, échafaudages projetant des ombres comme des spectres. Le vent, qui s’est levé, porte des rafales plus fortes, faisant danser les branches d’arbres en silhouettes sinistres. Je m’apprête à redémarrer quand une silhouette émerge des ténèbres. Tommaso.
Il discute avec un type en gilet fluorescent, sûrement le chef de chantier. Quand il m’aperçoit, il se fige. Son casque bascule dans sa main, son sourire s’étire, trop large, trop faux. Un sourire qui ne monte jamais jusqu’à ses yeux.
— Gianni, quelle surprise !
Sa voix claque dans l’air, légère, fausse. Et mon irritation monte. Ce sourire, cette fausse légèreté. Tout en lui est calculé. Même son regard qui esquive le mien.
— Qu’est-ce que tu fais là, Tommaso ?
Il fait un geste flou en direction des échafaudages.
— Ton père m’a demandé de passer. Tu le connais, il aime bien vérifier que tout roule en ton absence.
Méfiance. Une vague glacée me submerge, mais je la ravale. Tommaso et moi, c’est une guerre froide. Une compétition silencieuse, tacite. Chacun attend que l’autre trébuche. Mais ce soir, je n’ai pas l’énergie pour ce jeu. Je lui rends son sourire, tout aussi faux.
— Merci.
Il est apaisé. Je le vois dans ses yeux qui brillent d’un soulagement presque palpable. Comme si la tempête avait frôlé sa peau sans éclater. Mais on le sait tous les deux : ce n’est que partie remise.
Je redémarre sans rien ajouter. Le ronron du moteur comble le silence entre nous. Un silence lourd. À l’extérieur, la pluie martèle maintenant violemment le pare-brise. Le vent se lève encore plus, et je sens la Maserati se balancer légèrement à chaque rafale. Combien de temps avant que tout ça explose ?
La Villa Rossi se dessine enfin devant moi, perchée sur sa colline. Ses murs blancs éclatent sous les derniers éclairs du jour, qui peinent à percer les nuages sombres. Un symbole de ma famille, du triomphe Rossi. Mais pour moi, c’est juste une prison. Chaque pierre, chaque ombre me murmure ce que j’ai perdu. Ce que je ne retrouverai jamais.
Je coupe le moteur. Le silence n’est pas vraiment là, car la pluie continue de battre, insistante. Dans ce silence de tempête, une note m’attend sur la table de l’entrée. L’écriture fine de ma mère. Ils sont partis déjeuner sur la côte, comme si tout allait bien. Comme si la famille ne s’effondrait pas. Je glisse la note dans ma poche, traverse le jardin où les citronniers embaument l’air, mais même leur parfum est noyé par l’humidité croissante et les bourrasques.
Salvatore, le jardinier, me salue en silence. Un hochement de tête suffit. Il paraît que mes parents sont en mer, sur leur bateau. Je m’en fous. Le vide en moi grandit. Lourd. Implacable. Je m’enfonce dans le salon, l’ombre m’engloutit. Mais la pièce à vivre n’est pas vide.
Angelo est là, fidèle à son poste, une ombre vivante dans le salon. Sa présence est palpable, tendue, comme celle d’un prédateur en attente. Ses yeux, deux braises dissimulées derrière des années de secrets et de silences, captent mon entrée sans effort. Aucun mot n’est nécessaire. Il sait. Je sais. Je suis un putain de Rossi.
Il n’a jamais eu besoin de détours, et aujourd’hui ne fait pas exception. Ses doigts tremblants, vieillis par l’habitude, allument une cigarette. La flamme éclaire brièvement son visage marqué par des cicatrices invisibles, ces rides profondes creusées par le temps, les trahisons et la vigilance constante. Une vie à observer, protéger, déjouer les pièges.
— Notre Marco, tu sais…
La fumée s’élève lentement, se mêlant à l’air lourd du salon, ajoutant à la tension étouffante. Angelo tire une longue bouffée, ses yeux toujours fixés sur moi.
— Il parle beaucoup, ces derniers temps…
Une nouvelle bouffée, plus profonde. Sa voix est lente, presque détachée, mais ses mots frappent avec précision.
— Elle revient toujours sur ses lèvres… Giulia, la fille Esposito.
Le nom tombe comme une sentence. Giulia. C’est un coup en plein ventre, mon estomac se noue, ma mâchoire se crispe. Tous mes muscles se tendent. Je retiens mon souffle, essayant de contrôler la tempête. À l’extérieur, un coup de tonnerre éclate, comme un écho de l’ouragan qui fait rage en moi.
Angelo, impassible, ne réagit pas à l’onde de choc qu’il vient de déclencher.
— Il n’arrive pas à tourner la page.
Sa voix rauque résonne avec la sagesse de ceux qui ont tout vu.
— D’après ce que je sais… Ils doivent se retrouver ce soir à La Zagara.
Chaque mot s’enroule comme une fumée épaisse, étouffante, une tension glaciale me traverse. Il est temps de se salir les mains. Mes doigts se crispent sur les accoudoirs, cherchant un ancrage alors que mon esprit vacille. Angelo esquisse une moue qui masque mal sa compréhension de la situation.
— Je comptais y aller…
Mon cœur bat fort, froid. Je lève une main, interrompant son discours. Il n’a pas besoin de continuer. C’est à moi d’agir désormais.
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