Dieu a dit : je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de l’appétit.
Coluche
Mine de rien, la taille de notre pelote diminue peu à peu. Et plus on tire sur ce fil rouge, plus tout ça devient simple et intéressant. Contrairement au groupe Bilderberg qui se réunit dans l’ombre depuis 1954, sans convier nos chers médias, pour parler tranquillement entre puissants des grands problèmes du monde (pour ne pas les résoudre, visiblement)… le Word Economic Forum de Davos, lui, ne se cache pas.
On a vu, toi et moi, que l’Élite mondiale regroupée derrière BlackRock et Vanguard, retranchée également derrière des fondations, domine absolument tout jusqu’à l’information et le traitement de l’actualité ! Si bien qu’on peut finir par se demander si ce que nous savons en règle générale est réellement vrai. Mais par-dessus tout, je trouverais normal que tu te demandes :
Comment font-ils pour accorder leur violon à l’échelle du globe ?
Chaque année en Suisse, à Davos, se tient le Forum Économique Mondial. Les P.-D.G des plus grandes entreprises rencontrent des dirigeants nationaux, des hommes politiques et des structures influentes comme l’UNICEF et Greenpeace. On compte 2 000 participants habituellement, cette année étant particulière, le forum se tient virtuellement avant un meeting exceptionnel qui aura lieu du 13 ou 16 mai à Singapour. C’est-à-dire, quand les conditions sanitaires seront favorables à ce que tout ce petit monde puisse se rencontrer sans susciter de polémique.
Singapour n’est pas choisie au hasard, c’est une ville pilote pour le WEF, un exemple de Smart City, où tout est connecté, notamment avec l’avènement de l’internet des objets (IoT). Sur la brochure en papier glacé, on te vend la vision de Klaus Schwab, à savoir, un monde plus beau composé d’espaces verts, de zones piétonnes, d’un système de santé revu et corrigé ainsi que des habitations plus humaines. En théorie, on met un pied dans le futur, mais en réalité, c’est un futur digne du livre 1984 de George Orwell. On y teste les véhicules autonomes à base d’intelligence artificielle, avec des robots de surveillance qui choquent les habitants, on y déploie une surveillance de masse de la population à la chinoise, une reconnaissance faciale qui franchit un nouveau stade et on musèle la liberté d’expression, des fois que les gens se rebifferaient pour dénoncer ce cauchemar.
Un bien beau programme que voilà, et si d’aventure, tu veux monter à bord du navire de Davos, il te faudra montrer patte blanche, ta société doit réaliser plus de 5 milliards de CA et l’adhésion au WEF se chiffre grosso modo à 50 000 € par tête. Mais c’est un bien modeste prix pour ton ticket d’entrée afin d’être à la table des grands qui façonnent ce monde, un Saint-Graal qui te permettrait de rencontrer le conseil d’administration.
Tu y retrouves par exemple Laurence D. Fink de chez BlackRock qui taille le bout de gras avec Christine Lagarde et Orit Gadiesh. Je vais m’arrêter sur cette dernière, car son profil est des plus éclairants. Classée à plusieurs reprises par Forbes parmi les femmes les plus puissantes du monde, Orit est la fille d’un colonel des Forces de Défense Israéliennes. Ce stratège d’entreprise israélo-américain est présidente de Bain & Company qui est un cabinet de conseil international comme McKinsey et qui a piloté la stratégie de dépistage pour la France durant la crise du Covid-19. Outre le fait qu’un autre cabinet de conseil américain murmure à l’oreille du gouvernement en pleine pandémie puisse te choquer, ce n’est rien comparé aux propos qu’a tenus Orit Gadiesh en 2019 à Davos dans son joli manteau de fourrure, je cite :
« En Chine, à l’heure actuelle, la façon dont l’IA est appliquée et l’apprentissage machine est appliquée est presque à couper le souffle.
La Chine compte près de 1,4 milliard de personnes. Ils sont presque tous, je veux dire beaucoup plus que l’étude sur place sur les mobiles, constamment sur leurs téléphones. Et le genre de super-applications dont j’ai parlé plus tôt, collectent, gèrent et rassemblent les données. C’est aussi près que ce que vous pouvez l’imaginer d’un “segment-of-one” (concept marketing).
Et cela prend des informations sur tous les aspects de votre vie, en Chine vous êtes autorisé à le faire.
En Occident, on ne peut pas tout à fait le faire de la même manière, cela prend des informations sur tous les aspects de votre vie, de tout ce que vous faites en ligne et hors ligne, leurs achats hors ligne sont capturés de la même manière.
Tout s’assemble et vous permet d’avoir des services intéressants, d’avoir une expérience d’achat différente, de payer vos factures au gouvernement sur WeChat et donc, ils avancent très vite.
A l’Ouest, deux choses se produisent. D’abord, il y a de vraies questions sur la vie privée, qui sont débattues mais pas encore résolues. Et je ne suis pas sûre que tout le monde accepte de partager cette quantité de données.
En fait, la Chine commence à exporter ces technologies, il y a donc des sociétés qui ont ces technologies, et ils commencent à exporter vers des pays qui vont les rendre abordables, ils peuvent se le permettre, et vous pouvez donc commencer à penser comment il pourrait y avoir – je crois que des personnes parlent de “splinternet” par opposition à Internet – donc “la manière chinoise” si vous voulez, dans certains pays, versus la manière, du moins pour le moment, Occidentale.
Il sera difficile de rattraper les capacités que la Chine est en train de développer sur cet aspect.
Parce que nous avons certains problèmes que nous n’avons pas résolus, ceux liés à la gouvernance de ces sociétés, et c’est notre mode de développement, ce serait donc difficile dans toute autre condition. Mais c’est matière à réflexion quand on pense à la mondialisation 4.0.»
Tu peux deviner une certaine fascination pour le crédit social à la chinoise qui commence à s’exporter un peu partout et pour lequel elle indique qu’il y a matière à réflexion. Aux côtés de cette charmante personne, siège également Peter Brabeck-Letmathe, l’ancien directeur de chez Nestlé qui a déclaré en 2005 :
« La question est de savoir s’il faut privatiser l’alimentation en eau. Deux points de vue s’affrontent à ce sujet. Le premier, que je qualifie d’extrême, est représenté par les ONG pour qui l’accès à l’eau devrait être nationalisé. Autrement dit, tout être humain doit avoir accès à l’eau. C’est une solution extrême. Et l’autre qui dit que l’eau est une denrée alimentaire, et que, comme toute denrée, elle a une valeur marchande. Il est préférable, selon moi, de donner une valeur à une denrée afin que nous soyons tous conscients qu’elle a un coût. »
Résultat des courses, l’eau est cotée en bourse. L’AFP Factuel tente d’éteindre l’incendie en nuançant l’interprétation de propos dont je te laisse tirer les conclusions (mais tu sais maintenant ce que vaut la parole du fact-checking).
En revanche, là où il n’y a aucun doute permis sur l’interprétation, c’est que ce même Peter a fréquenté Emmanuel Macron quand celui-ci était dans la commission Attali. Et il devait lui faire suffisamment confiance puisque par la suite E. Macron, alors banquier d’affaires chez Rothschild, a négocié le deal du géant agroalimentaire pour racheter à Pfizer sa branche de laits infantiles.
Toujours dans le conseil d’administration, il y a Al Gore, fervent défenseur du changement climatique et enfin, notre fameuse Christine Lagarde, ex-présidente du FMI, qui est à présent à la BCE (la Banque centrale européenne) pour plancher dur sur l’Euro numérique, d’ailleurs on veut bien la croire :
« Le but de nos travaux est de veiller à ce que, à l’ère numérique, les ménages et les entreprises aient toujours accès à la forme de monnaie la plus sûre : la monnaie de banque centrale. »
Bref tu l’auras compris, le conseil d’administration qui entoure Klaus Schwab regorge d’humanistes et de philanthropes débordant d’idées sympas pour nous rendre la vie plus belle. Un bel exemple de ce dont est capable ce merveilleux cercle de réflexion est le projet GAVI. Oui, le bébé de Billou est né au Word Economic Forum le 31 janvier 2000. Klaus en parle comme un modèle de corruption coopération entre les partenaires privés et publics. Et nous, on applaudit des deux mains, après tout, ils font tout ça pour notre bien.
Pour que la fête soit totale à Davos, tu trouveras également la présence de l’ONU comme partenaire historique afin de faciliter l’accomplissement des objectifs du Forum Économique Mondial. Et donc au milieu de ce beau petit monde, Klaus Schwab est là pour favoriser l’interaction entre les parties prenantes, la société civile et la société privée, que notre Klaus appelle pudiquement partenaires :
Adobe, Amazon, Apple, AstraZeneca, Moderna, Johnson & Johnson, Pfizer, Google, Facebook, BlackRock, Bain & Company, Goldmann Sachs, JPMorgan, Coca-Cola et Pepsi (pas de jaloux), Microsoft, l’Open Society Foundations, la fondation Bill-&-Melinda-Gates, McKinsey & Company…
Il y en a tellement qu’ils sont classés par lettre sur le site officiel, c’est très instructif d’y jeter un coup d’œil. Alors, toute cette élite se fait belle devant sa webcam cette année pour le DA22 (Davos 2022) qui se déroule donc en visioconférence. Sont connectés et de passage le président chinois Xi Jinping, Olaf Scholz ou encore Emmanuel Macron pour aborder le thème des 3 « c », Covid, Climat, Coopération. Et à propos de la coopération, Klaus nous prévient :
« Nous assistons à des défis croissants, des perturbations de la chaine d’approvisionnement aux changements tectoniques des marchés du travail, en passant par les chiffres de l’inflation qui préoccupent tant les décideurs politiques que les particuliers. L’année à venir est cruciale pour travailler ensemble, rétablir la confiance et façonner un avenir meilleur et plus inclusif pour tous. »
Rétablir la confiance est un objectif qui me fait tiquer, et je fais le lien avec ses livres « La grande réinitialisation », ainsi que « Stakeholder Capitalism » traitant de la 4e révolution industrielle et qui aborde notamment l’internet des corps. Oui, tu as bien lu l’internet des corps. Je t’ai glissé le lien du PDF qui s’intitule « Shaping the Future of the Internet of Bodies : New challenges of technology governance » où tout est expliqué. On y cause d’organes implantés, de puces dans le cerveau, décidément, quel programme merveilleux cette 4e révolution industrielle.
D’ailleurs, Klaus nous en touche deux mots le 13 mai 2019 durant The Chicago Council en disant texto « Ce vers quoi la 4e révolution mènera est la fusion de nos identités physique, digitale et biologique ». Avec au programme, nanotechnologie, impression en 3D d’organes artificiels, drones, Intelligence Artificielle, transhumanisme, Smart Cities, réalité augmentée, et une fusion des technologies qui gomme les frontières entre la sphère biologique et la sphère numérique.
Et pour terminer de t’exposer le profil de ce charmant monsieur, je te laisse quelques citations qui laissent songeur.
« L’endiguement de la pandémie de coronavirus nécessitera un réseau de surveillance mondial » (Dans son livre The Great Reset, 2020)
« Aucune industrie ou entreprise ne sera épargnée » (The Great Reset, 2020)
« Beaucoup d’entre nous se demandent quand les choses reviendront à la normale. La réponse est courte : jamais. » (The Great Reset, 2020)
« Ce que nous voulons faire […], c’est appuyer sur le bouton de réinitialisation » (Davos 2014)
« Vous ne possèderez rien et vous serez heureux » (WEF 2022)
Cette vision de ne rien posséder et de vivre heureux est largement développée sur un article publié par Forbes. On serait en droit de prier pour que la petite réunion de Davos par webcams interposées connaisse un bug de dernière minute, mais pas de chance pour nous, tout s’est déroulé à merveille, et Klaus a même pu entendre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Une femme qui n’a pas été élue, une femme centrale dans ce monde décidément tout petit, une femme dont tu n’imagines pas la quantité de laine qu’elle représente dans notre pelote qui diminue.
Sache que tu peux te procurer ou offrir La Pelote de Laine au format Broché accompagné d’une jolie dédicace et de goodies. 📕🔥